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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 19.1893 (Teil 2)

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Molinier, Émile: Une reliure du trésor de la basilique royale de Monza
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https://doi.org/10.11588/diglit.22769#0224

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i72 L'ART.

abritant des figures d'animaux. Il y aurait de longues remarques à faire sur le style de cette
décoration, d'origine complexe, et qui résume assez bien ce que l'on a nommé l'art carolingien,
mélange bizarre et à doses diverses d'art oriental, d'art byzantin et d'art romain; inutile de faire
entrer en ligne de compte l'art barbare, qui n'est que de l'art oriental dégénéré, pratiqué par
des ouvriers maladroits.

L'un et l'autre des plats sont sertis de larges bandeaux d'argent doré sur lesquels sont
rapportés des filigranes dessinant des croix et des imbrications ; de petits clous d'argent non
dorés forment une ornementation régulière et produisent l'effet d'un semis de perles.

L'opinion émise au commencement de cette courte notice, à savoir que le sacramentaire du
roi Bérenger date du ixe siècle, est aussi celle en faveur de laquelle semble pencher M. Barbier
de Montault dans son livre intitulé : Inventaire de la basilique royale de Mon^a. Certaines
plaques de marbre sculpté, à Saint-Marc de Venise, dont Cattaneo reporte l'exécution à
l'année 82g, rappellent beaucoup, au point de vue de la distribution et de la disposition des
entrelacs, l'un des côtés de notre évangéliaire ; quant au plat qui est décoré de feuillages, il est
proche parent d'un des plus célèbres ivoires de l'époque carolingienne : je veux parler de la
reliure conservée clans la bibliothèque de Saint-Gall et que l'on considère comme l'œuvre du
moine Tutilo.

Le moine de Saint-Gall est un des artistes carolingiens dont la vie nous est le mieux connue,
ce qui, à 'coup sûr, n'est pas beaucoup dire ; son habileté comme architecte, comme orfèvre,
comme musicien était proverbiale : il travailla, dit-on, à Mayence, à Metz, où la Vierge elle-
même, si l'on en croit la légende, collabora à la confection de sa propre image, à Constance et
enfin dans son monastère ; une longue tradition lui attribue la sculpture des ivoires de Saint-
Gall où sont représentés le Christ, la Vierge et des épisodes de la vie du patron de l'abbaye -, le
style des figures n'est pas des meilleurs assurément, mais tout ce qui est feuillage et décoration
est digne d'éloge et rend presque vraisemblable l'exclamation de l'empereur en songeant au talent
universel de Tutilo : « Quel malheur que cet homme- soit moine ! » Parole moins étrange et à
coup sûr moins naïve que cette phrase échappée à Emeric David : « On voit que Tutilo avait
été richement doté par la nature; il paraît ne lui avoir manqué que de naître dans un meilleur
temps. y> Tutilo s'éteignit vers la fin du ix° siècle et il fut vénéré comme un saint. On ne peut
certainement lui attribuer les ivoires de Monza, mais les uns et les autres procèdent du même
courant artistique.

Emile Molinier.
 
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