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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 19.1893 (Teil 2)

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Dunoyer de Segonzac, Jacques: Les faïences mortes: Ligron
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https://doi.org/10.11588/diglit.22769#0244

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igo L'ART.

hangars. Selon une tradition persistante, les Vierges de Ligron protégeaient contre le feu
humain, tandis que les Vierges de Quimper, fort répandues aussi dans toute la région de l'Ouest,
protégeaient contre le feu du ciel.

A quelle époque remontent les premières Vierges sorties de Ligron ? Le catalogue d'une
Exposition d'art rétrospectif qui eut lieu au Mans en 1880 mentionne, dans une collection particu-
lière, l'existence d'une Vierge en Ligron attribuée au xve siècle. Plus tard, cette
collection, qui appartenait à M. Dugasseau, est entrée, en vertu d'un testament,
au Musée du Mans. J'y ai vainement recherché la Vierge du xvc siècle. Je dois
donc me borner à en faire mention et prendre pour exemplaire initial de la fabri-
cation une autre Vierge, provenant aussi de M. Dugasseau, et dont on peut fixer
la date vers le milieu du xvi° siècle. Elle allaite l'Enfant Jésus, détail caractéristique,
si l'on se rappelle que cette représentation de la Vierge fut formellement interdite
par un canon du concile de Trente.

En même temps que les Vierges, on dut, sans doute, fabriquer à Ligron
d'autres objets. Une soupière à décors en relief (collection Dugasseau) remonte
peut-être aussi au milieu du xvie siècle. Un peu plus tard, on fit des
retables, des bénitiers, des épis, des porte-bouquets pour églises, des

Vierge

allaitant.

gourdes de chasse, des buires, tout en continuant la série clos ustensiles

Probablement du milieu

du xvi» siècle. grossiers, moules à fromages, bains de pieds. On peut assigner pour

(Musée du Mans.) dates approximatives à cette époque de la fabrication la fin du xvie siècle,

Dessin de H. Courselles- ,

Dumont. lcs règnes de Louis XIII et Louis XIV.

Au xviii0 siècle, la fantaisie des potiers se donne
libre carrière. Ils fabriquent des vases de formes multiples, à décors en relief,
des pots à surprise, des fontaines, toujours des bénitiers et des Vierges. Avec
le commencement du xix° siècle, ils inaugurent un genre nouveau et très carac-
téristique du Ligron : les soupières à treillis ou à double enveloppe.

Néanmoins, la poterie de Ligron, depuis le premier Empire, ne cesse de
décliner. En 182g, elle occupait douze fourneaux; en i85o, elle n'en occupe plus Soupière

. . , c 11 m " tt-cîllîs ou à double

que huit; en i8g2, une seule poterie, réduite a la fabrication de vases d office et enveloppe.

de cuisine, Subsiste à Ligron. Dessin de H. Cour-

selles-Dumont.

Dans ce bref aperçu sur l'histoire de la faïence cle Ligron, les seuls carac-
tères des pièces fabriquées servent de guide et d'indication. Jamais en effet, si ce n'est pour
quelques œuvres de la fin du xvme siècle, les potiers de Ligron n'ont signé leurs pièces ni fait
usage de marques et monogrammes. Il n'en est pas moins très facile, soit au genre du travail,
soit aux couleurs employées, qui sont toujours restées peu nombreuses et invariables, de recon-
naître une pièce sortie de Ligron.

Bien que cette absence de marques donne un moindre intérêt à l'histoire des familles de
potiers, il m'a paru curieux de relever sur les anciens registres paroissiaux, conservés aux archives
municipales cle Ligron, la liste et les noms des familles qui exerçaient l'art de terre. Malheureu-
sement, ces registres ne commencent à indiquer la qualité des personnes que vers le milieu du
xvne siècle. Néanmoins, tout incomplets qu'ils soient, ils • permettent d'établir que la poterie de
terre reste florissante à Ligron pendant les xvnc et xvme siècles. A cette époque, les potiers for-
maient sans doute une sorte de corporation bien distincte du reste des habitants, de ceux qui se
livraient à la culture. L'industrie se perpétuait entre les mains des mêmes familles; nous trouvons
ainsi :

La famille Aubry : 1686-1834;
La famille Gallet : i6g2-i787;
La famille Hautreux : 1688-1836;
La famille Jaunay : 1687-1780;
La famille Jubault : 1686-1832;
La famille Leroy : i6g2-i73g;
 
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