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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 19.1893 (Teil 2)

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Dunoyer de Segonzac, Jacques: Les faïences mortes: Ligron
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https://doi.org/10.11588/diglit.22769#0245

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LES FAÏENCES MORTES. — LIGRON. igi

La famille Orry : 1687-1777;
La famille Portier : 1687-1738.

En dehors de ces groupes principaux apparaissent au xviiic siècle les familles Allain (1738-
1776), Chaton (1778-1848), Lebled, Ledru, Briand, Bourné, Cosset, Furet, Davoine, Pasquier,
Pichonneau, Jouanneau, etc. En 1686, un Dudoigt est potier; un autre, curé de la paroisse de
Ligron. Il y a des alliances entre les familles : le 2 septembre 1778, Louis Chaton épouse Marie
Hautreux.

La couleur dominante, caractéristique, de la plupart des pièces fabriquées à Ligron est le
jaune chamois, ordinairement jaspé de vert ou de bleu violâtre. Le brun est aussi très souvent
employé, quelquefois le vert ou le bleu. Dans tous les cas, la nuance est grise, terne; les jaspures
sont sèches, mal fondues, d'un effet antiharmonieux. Sauf à son extrême origine et à sa fin, le
vernis du Ligron n'est jamais pur, égal, nuancé d'une façon juste, satisfaisante à l'œil. En France,
les poteries du Beauvaisis, de Manerbe, de La Chapelle des Pots ; à l'étranger, celles de Nurem-
berg, et certaines faïences espagnoles, offrent des affinités avec les ouvrages de Ligron.

Par un phénomène rare, l'examen des faïences de Ligron atteste dès le début de la fabrication
une décadence rapide et, en même temps, un attachement étroit et exclusif aux types primitifs,
au genre et aux couleurs créées par les potiers du xvie siècle et des premières années du xvnc.
Les ouvriers de Ligron s'en sont tenus toujours à la poterie vernissée; on ne remarque chez
eux aucune tentative, aucun effort pour élargir ce cadre restreint (de sorte qu'à la rigueur le
terme « faïence de Ligron », qui est habituellement employé, est un terme impropre). Ce qui se
faisait autour d'eux, la découverte et les progrès de la faïence émaillée, semble les avoir laissés
indifférents. Ils ne se sont jamais piqués d'émulation, et n'ont pris aucun souci non seulement
d'imiter les autres fabriques, mais même de leur emprunter de quoi enrichir un peu un fonds
très pauvre de formes et de couleurs.

Parmi les pièces venues à ma connaissance, on ne peut attribuer au milieu du xvie siècle,
avec une quasi certitude, que la Vierge allaitant et une soupière à décors en relief (ancienne
collection Dugasseau). Ces deux pièces sont belles et ne manquent pas de valeur artistique.

A l'exception de la tête et du sein, tout le corps de la Vierge est orné d'un vernis vert assez
heureux. Le visage, la gorge et l'Enfant Jésus n'ont reçu aucun vernis, sont restés à l'état de
biscuit. L'ensemble est simple et gracieux. Fréquent dans le Beauvaisis, l'emploi de ce vernis
vert uni est extrêmement rare à Ligron.

La soupière est vernissée en brun, également tout uni. Sans être habituel, l'emploi de ce
vernis brun uni se rencontre dans des cache-pots, des baguiers,
des gourdes de chasse, des bénitiers. Le couvercle de la soupière
est décoré de petits animaux en bas-reliefs, d'un assez bon
travail. Sur l'une des parois se détache — est-ce importation
allemande ou simple motif d'ornement? — l'aigle impériale à deux
têtes.

En avançant dans le xviic siècle, les Vierges se multiplient,
tantôt bleues, tantôt vertes, tantôt d'une sorte de vert haché, le
plus souvent jaune chamois à jaspures. La pose ordinaire est Soupière a décors en relief.
debout; parfois assise, et toujours l'Enfant Jésus entre les bras. Probablement du milieu du xyi- siècle.

(Musée du Mans.)

Assez souvent, la draperie de la robe est semée de fleurs de lis Dessin dc H. courselies-Dumont.

ou d'arabesques. En même temps, on commence à coiffer la

Vierge d'une sorte de couronne fort disgracieuse, à grosses côtes, dont la hauteur ne cessera de
croître.

Tout naturellement, les retables accompagnent les Vierges. Ils sont de deux sortes. Les plus
anciens, époque Louis XIII, se composent d'une grotte de feuillage, peut-être inspirée par le
souvenir ou la réputation des grottes que Bernard Palissy construisit au château d'Écouen et aux
Tuileries. Trois niches sont creusées dans la grotte et chacune d'elles est occupée par une Vierge
tantôt mobile par sa base, tantôt adhérente à la grotte. Ici s'accuse l'infertilité d'invention des
 
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