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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 19.1893 (Teil 2)

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Dunoyer de Segonzac, Jacques: Les faïences mortes: Ligron
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Methuen, Robert: Musées d' Alger
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https://doi.org/10.11588/diglit.22769#0248

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i94 L'ART.

Enfin, les potiers du xixe siècle ont inventé les soupières à treillis ou à double enveloppe, et
ils ont laissé quelques vases et cache-pots bien venus de forme, de couleur et de décor.

La part d'originalité du Ligron, du reste assez mince, consiste en ses retables et ses porte-
bouquets. Je ne crois pas que ces sortes d'ouvrages aient été fabriqués ailleurs. Le Musée de
Sèvres possède un porte-bouquet classé sous le numéro 5634 ; ^ serait à désirer que le Musée
fît également l'acquisition d'un retable, tant qu'il est encore possible d'en rencontrer chez des
particuliers.

En somme, la poterie de Ligron vaut, surtout à titre de curiosité, comme exemplaire intéres-
sant d'une fabrication toute locale, soustraite aux influences du dehors. Ces générations de potiers,
se transmettant de père en fils, pendant quatre siècles, des recettes et des modèles invariables,
constituent un fait bien rare, qui, selon toute probabilité, ne se renouvellera plus.

Peu à peu, leur industrie est tombée. Le courant d'émigration qui entraîne l'habitant de
campagnes vers la ville s'est fait sentir à Ligron. Les uns sont partis ; les autres, subissant un
découragement inexplicable, ont abandonné le métier. En 18gi est mort, à Ligron, le dernier des
maîtres potiers d'autrefois ; il s'appelait Jacques Pichonneau, et il était âgé de quatre-vingt-huit
ans. Une seule fabrique de poterie, assez importante il est vrai, subsiste à Ligron. On y débite
des casseroles, des terrines, des marmites, et il paraît que la qualité de ces ustensiles est supé-
rieure. — « Ecoutez-moi comme ça sonne », me disait le propriétaire en frappant une de ses
poteries, et je conviens, en effet, que sa terre est admirablement sonore.

Quant aux objets qui sortent de la poterie usuelle, M. Taffary n'en a cure. On trouve encore
chez lui des bénitiers et des retables, mais quels retables ! Ce serait leur décerner une louange
bien imméritée que de les appeler l'ombre de ceux d'autrefois.

Pourtant la faïence de Ligron n'est pas morte tout à fait. Il en survit une lueur, un reflet.
C'est à la poterie des Teillés, près de Neuvillette, qu'il faut chercher la tradition que Ligron n'a
pas su garder. C'est de là que M. Taffary fait venir ce que ses ouvriers ne savent plus fabri-
quer. Figure bizarre et curieuse que celle de Tony Chambre, le potier des Teillés. J'en parlerai
prochainement.

Jacques Dunoyer de Segonzac.

MUSEES D'ALGER

Par son testament,'M. Alphandéry, conseiller général, qui était un
bibliophile et un amateur intelligent, a légué à la ville d'Alger cinq tableaux
W dont un par Guillaumet.

Alger, bien qu'ayant la légitime prétention d'être la capitale intellectuelle de
l'Afrique, n'a pas encore de Musée, à vrai dire, ni pour la peinture, ni pour la
sculpture, ni pour les moulages.
*( Jj|V\ .>jyB 8?^1K|1|^8B^ ftJtj Toutefois on va faire aménager à Mustapha-Supérieur, près du Palais d'Été du

^K^mBÊmAl ÉpWBhJtJÊx Gouverneur, et sur un terrain qui appartient à l'État et vaut trois cent mille francs,

un local pour le Musée Archéologique. Trente-cinq mille francs sont affectés à la
réparation et à l'appropriation de l'immeuble, qui n'est autre que l'ancienne École
Normale primaire. Comme on n'aura guère à y mettre que quelques tronçons de
statues romaines, le contenant vaudra mieux que le contenu.
Il est vrai que le site est superbe — sur la hauteur, en face de la mer, au milieu des
villas, — et que l'inspecteur des Musées de l'Algérie, M. de la Blanchère, qui préside à ces
aménagements, y sera logé ainsi que Madame sa mère.

Avec la valeur de ce terrain, on aurait pu faire, en ville — et non à la campagne où va
être ce Mtisée — quelque chose de vaste et de simple, en fer et en verre, qui aurait comblé
tous les desiderata.

Du moment où on commettait l'erreur d'une installation en dehors d'Alger, on eût au
moins dù avoir le courage de faire tout d'un coup la dépense nécessaire pour installer à
Mustapha-Supérieur, non plus seulement quelques débris archéologiques, mais les Musées
de peinture, de-sculpture et de moulages qui manquent à Alger.

Robert Methdes.
 
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