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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 19.1893 (Teil 2)

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Valabrègue, Antony: Quelques documents à propos des frères Le Nain: leur famille, leur père, leur maison, leurs terres etc.
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https://doi.org/10.11588/diglit.22769#0249

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QUELQUES DOCUMENTS A PROPOS DES FRÈRES LE NAIN

LEUR FAMILLE, LEUR PERE, LEUR MAISON, LEURS TERRES, ETC.

Avant d'entreprendre une étude d'ensemble, il est utile
aujourd'hui, pour tout critique, de se livrer à une sorte
d'enquête, et de réunir des matériaux qui trouveront plus
tard leur place dans une reconstitution biographique.
Quand il s'agit d'examiner à nouveau des physionomies
demeurées obscures, c'est surtout un devoir de procéder
à des investigations minutieuses. L'histoire de l'art, on le
sait, est devenue documentaire; elle se fait souvent détail
par détail et comme par fragments.Tout renseignement a sa
valeur ; de menus faits offrent plus d'intérêt que des inci-
dents importants, quand ils comblent une lacune, et c'est
à l'aide de particularités intimes, qui paraissaient d'abord
secondaires, qu'on parvient à
donner plus de vie et de relief
à une figure.

Les frères Le Nain — aux-
quels nous nous proposons de
consacrer une notice, dans la
collection des Artistes célèbres,
— ont été l'objet, dans ces der-
nières années, de quelques révé-
lations, incomplètes si l'on veut,
mais qui n'en sont pas moins
précieuses. Les lecteurs de l'Art
n'ont pas oublié les « Billets
mortuaires» publiés par Etienne
Arago, qui nous ont fait con-
naître la date exacte du décès
des trois frères — Antoine, Louis
et Mathieu. En même temps,
on a trouvé, dans ces pièces, la
confirmation du titre, qui appartenait aux Le Nain, de
membres de l'Académie de Peinture1. M. Guiffrey nous a
donné, d'autre pan. dans les A rchives de l'Art français,
de 1876, toute une série de textes, parmi lesquels, il faut
citer, tout d'abord, la lettre de réception d'Antoine Le
Nain comme maître peintre, et ensuite des actes notariés,
dressés pour Mathieu Le Nain, le troisième frère, qui sur-
vécut près de trente ans à ses aînés, et mourut en 1677.

C'est à Laon, alors capitale du bailliage de Verman-
dois, que sont nés les frères Le Nain. Nous renvoyons,
pour les dates de leur naissance, aux diverses publications
que Champfleury leur a consacrées; il est inutile de rappeler
ici avec quelle ardeur celui-ci s'est occupé de ces artistes.
Après avoir lu les documents que nous venons de signaler,
il nous semblait bien évident qu'on devait trouver à Laon
d'autres éléments d'information. Champfleury, né lui
aussi dans cette ville, compatriote, comme il disait lui-

1. Voir l'Art, tome Ier, 5e année, page 3o5.

même, des frères Le Nain, — à travers [deux siècles, bien
entendu, — avait réuni quelques textes isolés, qui lui ap-
portaient des indications assez mal coordonnées et assez
incertaines. Mais Champfleury, qui a commis dès le début
de nombreuses erreurs, en traçant la biographie des
Le Nain, se renseignait insuffisamment et d'une façon
indirecte; il devait chaque acquisition nouvelle comme à
un hasard. Il ne s'était point soucié de se livrer à des
recherches logiques, si bien qu'un certain nombre de
pièces, conservées dans les différents dépôts de sa ville
natale, devaient fatalement lui échapper.

Nous sommes allé à Laon nous-même dès que nous
avons eu l'intention d'élucider
la vie des auteurs de la Forge.
Nous voulions étudier le milieu,
retrouver le pays auquel les Le
Nain ont emprunté leurs types
rustiques, en plein xvne siècle,
chercher l'image des mœurs
provinciales, et évoquer, à côté
des sites du Laonnois, quelques
aspects de l'ancienne France.

Nous nous proposions, en
même temps, de consulter les
relevés et les inventaires som-
maires des Archives départe-
mentales et communales. Dans
beaucoup de villes, depuis quel-
que temps, ce travail délicat est
accompli, grâce à la patience et
au zèle de laborieux archivistes.
Le classement des archives de l'Aisne s'est opéré lente-
ment, à cause de leur richesse elle-même. Elles renfer-
ment, en effet, d'innombrables pièces, qui ont trait à
l'histoire de la province de Picardie. Nous devons à
M. Auguste Manon la publication d'un remarquable
travail en plusieurs volumes, où aucun document impor-
tant n'a été omis. MM. Auguste Matton et Victor Dessein
ont fait paraître, en collaboration, un autre inventaire,
celui des Archives communales. Cet ouvrage abonde aussi
en renseignements d'un vif intérêt.

Une autre publication que nous devons aussi signaler,
un autre inventaire, d'un ordre spécial, a paru sous ce
titre : Étude sur le Bailliage de Vermandois et Siège
présidial de Laon, par M.Ernest Combier, président du
tribunal civil et président de la Société académique. C'est
le relevé des archives de la justice, interrogatoires, témoi-
gnages, sentences, pièces ayant trait aux différends et
procès. Le Greffe a conservé en même temps les minutes
 
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