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Valabrègue, Antony: Quelques documents à propos des frères Le Nain: leur famille, leur père, leur maison, leurs terres etc.
DOI Page / Citation link:https://doi.org/10.11588/diglit.22769#0250
ig6
L'ART.
« d'insinuations » se rapportant aux héritages et aux dona-
tions des particuliers, qui se trouvaient enregistrés à
à nouveau. Il y a là d'importants dossiers concernant des
affaires d'intérêt général et d'intérêt privé.
Telles sont les sources de renseignements auxquelles
il nous était possible de recourir. Le nom des Le Nain —
de nos peintres ou de membres de leur famille, — était
mentionné dans chacun de ces volumes. Il y avait donc
des documents à consulter ou à retrouver. Enfin, à la
suite d'un récent voyage à Laon, nous avons vu M. G. Gran-
din, le très dévoué conservateur du Musée de Peinture,
s'associer à nos recherches. M. Grandin s'est misa fouiller
les études des notaires, où il était assuré de découvrir,
tout au moins, des baux de maison et de terres, Champ-
fleury ayant publié un acte de partage par lequel nous
connaissions les propriétés de la famille des Le Nain.
Poursuivant son travail plus loin que nous-même, à un
point de vue régional, très détaillé et très circonstancié,
M. Grandin a réuni de nombreux extraits de pièces ; les
unes relatives aux Le Nain, les autres ayant rapport à
d'autres artistes, qui ont vécu à Laon et en Picardie. II a
constitué un dossier, déjà volumineux et qui se complé-
tera de jour en jour, dossier qui a son importance incon-
testable et qui forme les archives anciennes de son
Musée.
A l'aide des documents différents que nous venons
d'énumérer, nous pouvons insister à nouveau sur quelques
points de la biographie des frères Le Nain ; il nous est
Cinq-Mars.
Réduction de la lithographie de Maurin, d'après le tableau des frères Le Nain. — (Ancienne Galerie du Duc d'Oiléans, au Palais-Royal.)
(Collection de M. le baron Seillière.)
permis de remonter à leurs origines, d'établir la situation
de leur famille, de compter même leur avoir et de les
suivre dans leurs relations avec leurs fermiers.
Les Le Nain sont surtout pour nous des peintres de
paysans. Les trois frères ont exécuté des tableaux d'église
et des portraits, mais nous nous intéressons essentielle-
ment aux deux aînés, à Antoine et à Louis, qui, sous le
règne de Louis XIII, ont représenté la vie rurale et les
humbles villageois d'antan.
On se demande comment nos peintres ont vécu. Champ-
fleury les a crus, dans son premier livre, presque paysans
eux-mêmes. 11 a même supposé que Mathieu Le Nain,
qui était plus spécialement peintre de portraits et qui avait
pris le titre de chevalier, s'était retiré aux champs, lassé
des intrigues de la cour et de l'Académie de peinture.
Plus tard, se trouvant mieux renseigné, Champfleury nous
a fait savoir que les Le Nain étaient presque d'extraction
bourgeoise, fils d'un huissier, d'un « sergent-royal au
Greniel à Sel ».
Telle était, en effet, la fonction d'Ysaac Le Nain, père
de nos peintres. Il était établi à Laon et chargé de faire
rentrer les sommes dues à la Gabelle. La famille des Le
Nain était peut-être de souche paysanne, originaire d'un
des villages du canton de Mons-en-Laonnois, Vauxcelles,
Bourguignon ou Saint-Julien de Royaucourt, où ses biens
étaient situés. Nous avons parcouru cette région et nous
avons consulté les anciens registres de plusieurs com-
munes, qui ne remontent pas au début du xvmc siècle ou
offrent certaines lacunes. Nous avons constaté que des Le
Nain, parents sans doute d'Ysaac, étaient vignerons et
laboureurs.
Ysaac Le Nain avait voulu habiter la ville ; il avait
acquis sa charge en 1595, sous le règne de Henri IV.
M. Grandin nous a communiqué, d'après les Archives du
L'ART.
« d'insinuations » se rapportant aux héritages et aux dona-
tions des particuliers, qui se trouvaient enregistrés à
à nouveau. Il y a là d'importants dossiers concernant des
affaires d'intérêt général et d'intérêt privé.
Telles sont les sources de renseignements auxquelles
il nous était possible de recourir. Le nom des Le Nain —
de nos peintres ou de membres de leur famille, — était
mentionné dans chacun de ces volumes. Il y avait donc
des documents à consulter ou à retrouver. Enfin, à la
suite d'un récent voyage à Laon, nous avons vu M. G. Gran-
din, le très dévoué conservateur du Musée de Peinture,
s'associer à nos recherches. M. Grandin s'est misa fouiller
les études des notaires, où il était assuré de découvrir,
tout au moins, des baux de maison et de terres, Champ-
fleury ayant publié un acte de partage par lequel nous
connaissions les propriétés de la famille des Le Nain.
Poursuivant son travail plus loin que nous-même, à un
point de vue régional, très détaillé et très circonstancié,
M. Grandin a réuni de nombreux extraits de pièces ; les
unes relatives aux Le Nain, les autres ayant rapport à
d'autres artistes, qui ont vécu à Laon et en Picardie. II a
constitué un dossier, déjà volumineux et qui se complé-
tera de jour en jour, dossier qui a son importance incon-
testable et qui forme les archives anciennes de son
Musée.
A l'aide des documents différents que nous venons
d'énumérer, nous pouvons insister à nouveau sur quelques
points de la biographie des frères Le Nain ; il nous est
Cinq-Mars.
Réduction de la lithographie de Maurin, d'après le tableau des frères Le Nain. — (Ancienne Galerie du Duc d'Oiléans, au Palais-Royal.)
(Collection de M. le baron Seillière.)
permis de remonter à leurs origines, d'établir la situation
de leur famille, de compter même leur avoir et de les
suivre dans leurs relations avec leurs fermiers.
Les Le Nain sont surtout pour nous des peintres de
paysans. Les trois frères ont exécuté des tableaux d'église
et des portraits, mais nous nous intéressons essentielle-
ment aux deux aînés, à Antoine et à Louis, qui, sous le
règne de Louis XIII, ont représenté la vie rurale et les
humbles villageois d'antan.
On se demande comment nos peintres ont vécu. Champ-
fleury les a crus, dans son premier livre, presque paysans
eux-mêmes. 11 a même supposé que Mathieu Le Nain,
qui était plus spécialement peintre de portraits et qui avait
pris le titre de chevalier, s'était retiré aux champs, lassé
des intrigues de la cour et de l'Académie de peinture.
Plus tard, se trouvant mieux renseigné, Champfleury nous
a fait savoir que les Le Nain étaient presque d'extraction
bourgeoise, fils d'un huissier, d'un « sergent-royal au
Greniel à Sel ».
Telle était, en effet, la fonction d'Ysaac Le Nain, père
de nos peintres. Il était établi à Laon et chargé de faire
rentrer les sommes dues à la Gabelle. La famille des Le
Nain était peut-être de souche paysanne, originaire d'un
des villages du canton de Mons-en-Laonnois, Vauxcelles,
Bourguignon ou Saint-Julien de Royaucourt, où ses biens
étaient situés. Nous avons parcouru cette région et nous
avons consulté les anciens registres de plusieurs com-
munes, qui ne remontent pas au début du xvmc siècle ou
offrent certaines lacunes. Nous avons constaté que des Le
Nain, parents sans doute d'Ysaac, étaient vignerons et
laboureurs.
Ysaac Le Nain avait voulu habiter la ville ; il avait
acquis sa charge en 1595, sous le règne de Henri IV.
M. Grandin nous a communiqué, d'après les Archives du