QUELQUES DOCUMENTS A PROPOS DES FRÈRES LE NAIN.
Greffe, le document suivant, au sujet de'l'achat de cet
office :
« Notre cher et bien aimé Ysaac Le Nain a de sa per-
sonne suffisante loyaulté, prudhommye, expérience et
bonne dilligence. A icelluy, pour ces causes et aultres,
Nous avons donné, octroyé, donnons octroyons par ces
présentes, l'Office de sergent-royal au Grenier à Sel de
Laon, avecq [l'ampliation de pouvoir exploicter partout
notre royaulme de France, que naguère souloit tenir et
exercer Gabriel Rouen, dernier paisible possesseur, etc..
« Donné à Lyon le xxe jour de septembre, l'an de grâce
mil cinq cens mi et xv (i 5g5) et de notre règne le sep-
tiesme. Signé par le Roy, Duportal. »
Ysaac achetait sa charge, moyennant deux cents livres
tournois ; il était assisté, en qualité de témoin, par Antoine
Prévost, marchand, demeurant à Laon. Nous savons que
le sergent-royal avait pour femme Jehanne Prévost1. Lors-
qu'il fut investi de sa fonction, Antoine et Louis Le Nain,
deux de nos futurs peintres, — étaient déjà nés, l'un
en 1588, l'autre en i5g3,ànous en rapporter aux dates
acceptées jusqu'à présent. L'honnête Ysaac avait, en outre,
deux autres fils, l'un, l'aîné, qui portait son nom, et qui
disparut; l'autre, Nicolas, que nous retrouverons commis
à Paris chez un président et qui succéda ensuite à son père
comme sergent-royal.
Ysaac Le Nain exerçait depuis plus de quinze ans, ins-
f&Sm
mm'
^Wt I ' . . ;
«ÉVÏt H ' *
■.'u'sis--"- ;, - ■ ; - - •
m&'^j' .........
Le Voleur pris.
Réduction de la gravure d'EHuin, d'après le tableau des frères Le Nain.
trumentant contre les débiteurs du roi et élevant paisible-
ment sa famille, lorsqu'il se trouva exposé à une sorte de
revendication assez fâcheuse, de la part du procureur
auprès du bailliage de Vermandois. Il fut appelé à compa-
roir devant le siège présidial. Voilà qui prouve qu'il est
bon de consulter les archives des Greffes. On peut y ren-
contrer, nous le savons, des pièces concernant certaines
peccadilles des artistes ; un sergent-royal, lui non plus,
n'est pas infaillible. Quoi qu'il en soit, Ysaac Le Nain
était accusé d'avoir dépassé, dans l'exercice de ses fonc-
tions, les limites de la région où avait été créé son office.
Nous venons de voir, cependant, qu'il avait le droit « d'ex-
ploiter dans tout le royaume de France ». N'importe, il
était l'objet d'une poursuite pour abus commis dans sa
charge. Il répondit, dans son interrogatoire, qu'il croyait
jouir d'un droit qui lui avait été conféré par ses lettres de
provision. « Il ne se rappelait pas, disait-il, la date d'icel-
les, mais on pouvait voir par les pièces. » Rien n'y fit; la
cause était entendue ; Ysaac fut condamné à une amende
de quatre-vingts livres.
Ysaac Le Nain devint veuf; il se remaria en 1628. Il
épousait Jehanne Dautart, veuve d'un orfèvre. Il faisait là
un bon mariage ; celle qu'il prenait pour femme lui recon-
naissait même douze cents livres à prendre sur ce qu'elle
possédait et qui, en cas de dissolution de cette union,
1. Champfleury, Documents positifs sur la vie des frères Le Nain.
Tome LV. 29
Greffe, le document suivant, au sujet de'l'achat de cet
office :
« Notre cher et bien aimé Ysaac Le Nain a de sa per-
sonne suffisante loyaulté, prudhommye, expérience et
bonne dilligence. A icelluy, pour ces causes et aultres,
Nous avons donné, octroyé, donnons octroyons par ces
présentes, l'Office de sergent-royal au Grenier à Sel de
Laon, avecq [l'ampliation de pouvoir exploicter partout
notre royaulme de France, que naguère souloit tenir et
exercer Gabriel Rouen, dernier paisible possesseur, etc..
« Donné à Lyon le xxe jour de septembre, l'an de grâce
mil cinq cens mi et xv (i 5g5) et de notre règne le sep-
tiesme. Signé par le Roy, Duportal. »
Ysaac achetait sa charge, moyennant deux cents livres
tournois ; il était assisté, en qualité de témoin, par Antoine
Prévost, marchand, demeurant à Laon. Nous savons que
le sergent-royal avait pour femme Jehanne Prévost1. Lors-
qu'il fut investi de sa fonction, Antoine et Louis Le Nain,
deux de nos futurs peintres, — étaient déjà nés, l'un
en 1588, l'autre en i5g3,ànous en rapporter aux dates
acceptées jusqu'à présent. L'honnête Ysaac avait, en outre,
deux autres fils, l'un, l'aîné, qui portait son nom, et qui
disparut; l'autre, Nicolas, que nous retrouverons commis
à Paris chez un président et qui succéda ensuite à son père
comme sergent-royal.
Ysaac Le Nain exerçait depuis plus de quinze ans, ins-
f&Sm
mm'
^Wt I ' . . ;
«ÉVÏt H ' *
■.'u'sis--"- ;, - ■ ; - - •
m&'^j' .........
Le Voleur pris.
Réduction de la gravure d'EHuin, d'après le tableau des frères Le Nain.
trumentant contre les débiteurs du roi et élevant paisible-
ment sa famille, lorsqu'il se trouva exposé à une sorte de
revendication assez fâcheuse, de la part du procureur
auprès du bailliage de Vermandois. Il fut appelé à compa-
roir devant le siège présidial. Voilà qui prouve qu'il est
bon de consulter les archives des Greffes. On peut y ren-
contrer, nous le savons, des pièces concernant certaines
peccadilles des artistes ; un sergent-royal, lui non plus,
n'est pas infaillible. Quoi qu'il en soit, Ysaac Le Nain
était accusé d'avoir dépassé, dans l'exercice de ses fonc-
tions, les limites de la région où avait été créé son office.
Nous venons de voir, cependant, qu'il avait le droit « d'ex-
ploiter dans tout le royaume de France ». N'importe, il
était l'objet d'une poursuite pour abus commis dans sa
charge. Il répondit, dans son interrogatoire, qu'il croyait
jouir d'un droit qui lui avait été conféré par ses lettres de
provision. « Il ne se rappelait pas, disait-il, la date d'icel-
les, mais on pouvait voir par les pièces. » Rien n'y fit; la
cause était entendue ; Ysaac fut condamné à une amende
de quatre-vingts livres.
Ysaac Le Nain devint veuf; il se remaria en 1628. Il
épousait Jehanne Dautart, veuve d'un orfèvre. Il faisait là
un bon mariage ; celle qu'il prenait pour femme lui recon-
naissait même douze cents livres à prendre sur ce qu'elle
possédait et qui, en cas de dissolution de cette union,
1. Champfleury, Documents positifs sur la vie des frères Le Nain.
Tome LV. 29