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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 19.1893 (Teil 2)

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Valabrègue, Antony: Quelques documents à propos des frères Le Nain: leur famille, leur père, leur maison, leurs terres etc.
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https://doi.org/10.11588/diglit.22769#0253

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QUELQUES DOCUMENTS A P

ROPOS DES FRÈRES LE NAIN.

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apporter, vers le même temps, à leur maison de Bourgui-
gnon, un « pâté de poulet, une tarte et deux flans ».

A la mort d'Antoine et de Louis Le Nain, Mathieu
devint seul possesseur de ce bien de campagne ; il prit
même le titre de sieur de la Jumelle. N'oublions pas qu'il
avait des prétentions aristocratiques et qu'il avait été
nommé chevalier, sans doute à la suite de ses portraits de
cour. Les documents, retrouvés par M. Guiffrey, nous
apprennent que sa fortune s'était augmentée. Les frères
Le Nain avaient, d'ailleurs, tous plus ou moins tiré parti
de leur pinceau. Mathieu possédait une maison à Paris,
rue du Grenier-Saint-Lazare, et même des rentes à prendre
sur les rentrées du clergé.

Il vit aussi mourir son frère Nicolas ; son neveu
Etienne, qui était alors, lui aussi, praticien, devint son
représentant à Laon. C'est lui qui s'occupait de renouveler
les baux et de faire rentrer les fermages.

Les archives du Greffe renferment quelques pièces rela-
tives à des contestations survenues entre Mathieu Le Nain
et un des habitants de Laon, à propos de sa maison. On
y retrouve également les duplicatas des contrats de dona-
tion, reproduits par M. Guiffrey, et par lesquels Mathieu
avantageait un autre de ses neveux, Antoine, qui habitait
Paris avec lui. Ce sont des pièces toutes privées, et aux-
quelles nous n'avons pas à nous arrêter longuement.

Disons seulement que l'héritage de nos trois peintres

Les Accords de mariage.
Réduction de la gravure de J. Ph. Le Bas, d'après le tableau des frères Le Nain. — (Musée de Laon.)

devait aller, à la mort de Mathieu Le Nain, aux enfants
de Nicolas. Celui-ci avait eu, de Françoise Ramonet, trois
filles et trois garçons. Nous perdons la trace d'Antoine et
d'Etienne, que nous avons déjà cités, les trouvant en rela-
tions avec leur oncle. En 1678, l'acte de partage des biens
de Mathieu Le Nain nous donne quatre cohéritiers,
Claude, Pierrette, Marie et Magdeleine. Les enfants de
Nicolas ne voulurent pas conserver la maison de Paris ;
ils la vendirent, en 1680, pour 3,220 livres. Pierrette et
Marie demeurèrent filles ; nous constaterons, ce qui nous
paraît fort surprenant, pour la fille d'un sergent-royal, que
Pierrette Le Nain ne savait pas écrire. On croirait volon-
tiers que l'intelligence ne s'était pas beaucoup développée
chez cette personne qui n'avait point trouvé de mari.

Madeleine Le Nain, quant à elle, devint la femme d'un
notaire, Nicolas Carlier ; Claude Le Nain devint aussi

notaire. La famille d'Ysaac suivait une marche ascendante;
elle compta encore, au xvmc siècle, deux autres notaires,
dont l'un était en même temps greffier en chef du chapitre
cathédral. Cette famille avait eu une assez belle destinée ;
ses membres prenaient une place des plus honorables dans
la bourgeoisie et parmi les notables de la ville de Laon.
Si les descendants de nos peintres devaient se tenir à un
rang social aussi élevé, le talent de nos artistes, leur for-
tune et leur héritage avaient quelque peu contribué à ce
résultat. Les toiles rustiques dAntoine et de Louis Le
Nain, les portraits et les tableaux religieux des trois frères
avaient eu leur influence sur le développement et l'ascen-
sion de leurs neveux et petits-neveux, sur ces progrès qui
devaient se réaliser sans peine et logiquement, à travers
les changements de générations.

Antony Valabrègue.
 
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