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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 19.1893 (Teil 2)

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Momméja, Jules: Vandalisme: Les musées lapidaires du Midi
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https://doi.org/10.11588/diglit.22769#0295

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VANDALISME : LES MUSEES LAPIDAIRES DU MIDI. 23g

noms des artistes de l'époque romane, ainsi que le fait cette figure de saint Jacques, qui
s'enorgueillit d'avoir été taillée par « le célèbre Gilabert » :

« VIll NON INCERTUS ME CELAVIT GILABERTTJS1. »

Le mal n'est pas sans remède. Il gît dans l'ignorance pour une grande part, et
l'ignorance disparaît progressivement. Le nouveau Cours d'histoire de l'Art, désormais
obligatoire dans les lycées, finira certainement par mettre en honneur les frustes mais
nobles débris du passé. Les Sociétés savantes de la province agissent avec ardeur dans
ce sens et leurs efforts ne sont pas entièrement infructueux. Déjà, certaines municipa-
lités montrent des dispositions favorables ; celle de Toulouse est absolument revenue,
aujourd'hui, des lamentables errements qui, de la « Nuremberg du Midi », comme
l'appelait Viollet-le-Duc, ont fait la « capitale du vandalisme », selon la trop juste
expression de Montalembert.

Ces municipalités, toutefois, sont encore en bien petit nombre, et avant que l'ins-
truction, cette panacée souveraine, ait pu produire tous ses effets, le mal sera sans
remède si l'on ne trouve pas promptement le moyen de l'arrêter. Une intervention
puissante nous paraît indispensable ; voici, du moins, un fait qui démontre son
efficacité.

La cathédrale de Cahors a possédé, jusqu'à la Révolution, deux sarcophages chré-
tiens antiques pour lesquels le respect aurait dû être d'autant plus grand que l'un d'eux
passait pour avoir contenu les restes dïun saint évêque, Désidérius, l'ancien trésorier
du roi Clotaire. Or, d'après un auteur du siècle dernier, Besombes de Saint-Géniés,
« on avait porté le mépris jusqu'à les reléguer dans une arrière-sacristie, convertie en
lieux de commodités pour les officiants, où ils étaient en même temps exposés à l'hu-
midité naturelle du lieu et souvent à un dissolvant encore plus acide et plus pénétrant.
C'est là qu'il fallut avoir le courage de les reconnaître2. » Les choses seraient restées
longtemps en pareil état si notre auteur, qui était quelque peu antiquaire, n'avait eu la
pensée de montrer ces marbres à Lefranc de Pompignan, dont la gloire locale se dou-
blait du prestige attaché au titre de premier président de la Cour des Aides. Ses
observations convertirent les chanoines, qui s'empressèrent d'installer ces monuments
funéraires dans un lieu plus décent.

Ce fait, très historique, prouve qu'auprès des ignorants la sollicitude d'un person-
nage officiel pour des œuvres d'art dédaignées est plus efficace que les efforts com-
binés de toutes les personnes compétentes du pays. Si MM. les inspecteurs des Beaux-
Arts , témoignaient de quelque sollicitude pour les collections archéologiques et les
recommandaient chaleureusement aux autorités locales, celles-ci se hâteraient de mettre
fin aux actes de vandalisme que nous venons de signaler et que nous regrettons de ne
pouvoir flétrir avec plus d'éloquence.

J U L F. S MO M M É J A .

1. Marbre du Musée de Toulouse provenant de la salle capitulaire du cloître de la cathédrale.
Roschach : Catalogue du Musée arcliéologique de Toulouse (édition de 1892), n° 65o, c, page 226.

2. Recherches sur deux tombeaux antiques, par Pierre Louis de Besombes de Saint-Géniés,
conseiller à la Cour des Aides de Montauban, manuscrit publié par M. Paul de Fontenilles dans le
Bulletin Monumental (1879, n° 7), tirage à part, pages 9 et 10.
 
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