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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 19.1893 (Teil 2)

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Stoullig, Edmond: Charles Fechter
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https://doi.org/10.11588/diglit.22769#0309

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CHARLES FECHTER. 253

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Charles Fechter était né à Londres, en 1823, de
parents français. Il avait commencé par faire de la sculp-
ture; puis avait débuté à la salle Molière dans le Mari de
la veuve d'Alexandre Dumas père. Il passe ensuite quelques
semaines au Conservatoire et s'enrôle dans une troupe qui
part pour l'Italie. De retour en France, un an après, il
reprend la sculpture (que, d'ailleurs, il n'abandonna
jamais) et joue pendant dix-huit mois des bouts de rôle au
Théâtre-Français.

En 1846, il est engagé au théâtre de Berlin, où il
obtient des succès sérieux. En 1847, il entre au Vaude-
ville; puis il fait à Londres une première saison. De 1847
à r853, on le voit tour à tour à l'Ambigu, aux Variétés,
au Théâtre-Historique, à la Porte-Saint-Martin. Puis il
revient au Vaudeville où, dans la Dame aux camélias, de
M. Alexandre Dumas fils, il crée avec beaucoup de cha-
leur et de distinction le rôle d'Armand Duval qui le
classe parmi les meilleurs comédiens de ce temps, et fait
surtout de lui un « acteur à la mode ». Fechter était, en
effet, un artiste essentiellement élégant et d'une évidente
séduction, un « jeune premier » sympathique, doué d'une
voix superbe, charmeuse et enjôleuse, qui fut pour beau-
coup dans son succès.

On le vit reparaître ensuite à la Porte-Saint-Martin
d'abord dans le Fils de la Nuit, de Victor Séjour, où il
avait monté à ses frais et loué le fameux vaisseau (à lui
appartenant) qui fît la vogue de. la pièce; puis, c'était
en 1857, dans la Belle Gabrielle, d'Auguste Maquet, où,
en jouant le rôle à demi-acrobatique d'Espérance, il fit

une chute (dans le sens matériel du mot) qui faillit lui
coûter la vie.

La même année, il devient directeur-adjoint de l'Odéon
avec Charles de la Rounat. Notons, à l'actif de cette direc-
tion, une intéressante et artistique tentative à la repré-
sentation d'un Tartuffe réaliste, où, jouant lui-même le
rôle de Tartuffe, il entrait en scène tout crotté et se faisait
tirer ses bottes par une Donne qui n'était autre que
Mmc Thierret, la comique « mère Thierret » qui se fit
plus tard tant applaudir au théâtre du Palais-Royal.

A Londres, où il obtint de vifs succès, Fechter joua en
français, puis « en anglais ». Il y donna (on a pu le voir
par la lettre que nous publions) un des premiers exemples
de ces tournées à l'étranger qui inspirèrent à nos acteurs
le goût démesuré des grosses sommes. On sait si notre
comédien eut des imitateurs, et des imitatrices...

De Londres, Fechter était passé en Amérique, où il
mourut. Il avait en les derniers temps de sa vie acheté
une ferme et voulait y faire de l'agriculture sur une grande
échelle.

Fechter avait épousé — mariage d'amour— Mlle Rabut
(de la Comédie-Française) dont il eut deux enfants : un
fils qui, faisant de l'escrime avec un de ses amis, mourut
malheureusement, d'un coup de fleuret qui l'atteignit à
l'œil et lui transperça le cerveau, et une fille qui chanta à
l'Opéra, à l'Opéra-Comique, à la Gaité, où nous nous
souvenons de l'avoir applaudie, il y a quelques années,
dans le rôle de Marie de la Grâce de Dieu.

Edmond Stoullig.

Tome LV. 36
 
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