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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 19.1893 (Teil 2)

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Paris, Pierre: L' architecture religieuse en Égypte, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.22769#0323

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L'ARCHITECTURE RELIGIEUSE EN EGYPTE'

(suite et fin)

II

u'avons-nous vu jusqu'ici du temple égyptien, sinon la forme exté-
rieure. Il est un élément non plus constitutif de l'édifice, mais pour-
tant d'une importance beaucoup plus qu'accessoire, dont nous avons
à peine dit un mot, et qui veut une étude à part; c'est la décoration
sculpturale.

La sculpture apparaît de deux façons dans le temple égyptien,
à deux titres bien distincts : ou bien, sous forme de supports, comme
les piliers osiriaques et les chapiteaux hatoriques, elle s'unit intime-
ment aux lignes de l'architecture dont elle devient la servante ; ou
bien, ayant à part son utilité et comme sa vie propre, elle s'ajoute
au monument qu'elle complète, dont elle précise la destination et
l'idée, et qui, par conséquent, ne pourrait pas se passer d'elle.

Du premier de ces deux rôles nous n'avons à dire que peu de chose; c'est un rôle tout
simple et naturel, que la sculpture a toujours rempli, qu'elle remplira toujours. Partout, chez
les peuples où s'est développé l'art de construire, la forme des êtres animés ou des végétaux
souples a servi à rompre la raideur des lignes architecturales, égayer la monotonie des grandes
murailles plates, donner uri;; semblant de vie aux pierres froides et mortes. Les Égyptiens n'ont
point éludé cette heureuse nécessité, témoins ces piliers où sont adossées des statues colossales,
dont nous avons critiqué non le principe, mais les proportions, ces chapiteaux à têtes d'Hator,
dont la disposition, plus que l'idée, nous a semblé malheureuse ; témoins enfin ces statues colos-
sales de dieux ou de Pharaons qui, appuyés aux portants des pylônes, dans la lumière silen-
cieuse des vastes cours,., semblent les gardiens mystérieux des salles inaccessibles; ces sphinx
enfin et ces béliers aux poses hiératiques, dont les alignements rigides, en avenues interminables,
impriment dès l'abord du temple un effroi religieux au cœur du dévot pieusement ému.

Mais statues,..royales ou divines, chapiteaux hatoriques, sphinx et béliers, avouons-le, sont, en
général, les produits d'un art médiocre ; ce qui frappe en eux et excite l'admiration, c'est encore
et c'est toujours l'énormité des proportions, la vigueur de l'effort à faire sortir de la matière la
plus résistante, grès, granit ou basalte, à l'aide d'outils encore très primitifs, des corps aussi
grands^ des surfaces aussi polies. Mais les œuvres semblent au plus haut point impersonnelles
et anonymes. Quand des profondeurs des mastabas de Memphis sortent ces portraits de bois ou
de calcaire qui, après tant de siècles, brillent encore d'une si vivante jeunesse; quand paraissent
au jour les contemporains, les frères de Ramké, le Sheikh-el-Béled, ou du Scribe accroupi du
Louvre, nous nous extasions devant un art si libre et si franc, si juste observateur et si fidèle
interprète de la nature; nous éprouvons la même joie, ou peu s'en faut, qui nous saisit à contem-
pler les originales merveilles de la statuaire hellénique au siècle de Périclès. Mais la sculpture

i. Voir l'Art, 19/ année, tome II, page 65.

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