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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 19.1893 (Teil 2)

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Gayet, Albert: L' exposition de l'art musulman
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https://doi.org/10.11588/diglit.22769#0335

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L'EXPOSITION DE L7ART MUSULMAN. 273

gariser les formes de l'art islamique est, à vrai dire, une
tâche ardue. A l'encontre des formes de l'art de l'Extrême-
Orient, elles parlent peu au regard. Toute une philosophie
flottante, enlacée dans les méandres de leurs ondoiements,
demande au spectateur une attention soutenue; la tonalité
des couleurs n'est pas une gamme harmonieuse qui chante
au regard, mais une gradation ou une dégradation d'un
rythme cherché; en un mot, elles s'adressent surtout, et
avant tout, à des esprits méditatifs; et, pour cette raison,

doivent se relever de l'oubli où, jusqu'ici, elles sont res-
tées, étant donnée la prédilection qui nous entraîne vers
l'analyse des sentiments complexes et nuancés. La place
me manque pour indiquer, même sommairement, les carac-
tères généraux des grandes écoles islamiques, et, tout au
plus, puis-jc rappeler en passant qu'avant tout l'art musul-
man se divise en trois grandes branches : art arabe (art
des khalifes, — Syrie et Egypte), art persan et art mau-
resque. Chacune de ces divisions se trouvait représentée à

Croquis pris en Turquie. — Lithographie originale de Decamps.

l'Exposition par nombre de pièces remarquables ; la briè-
veté de cette notice m'empêche même de tout désigner.

Armes et faïences se disputent la préférence des collec-
tionneurs et ne laissent que peu de place aux boiseries,
aux verreries et aux bronzes damasquinés. Dans la collec-
tion de M. Mouley figurent cependant deux fort belles
portes incrustées provenant d'Egypte. La polygonie en est
habilement enchevêtrée, et, sur le fond sombre des boise-
ries qui en décrivent les mailles, les ivoires se détachent

avec cet ajourement blanc que j'ai noté dans l'art arabe
comme ayant été le moyen adopté par l'artiste pour don-
ner au spectateur l'idée de l'entrevu. Les panneaux de
bordure sont bien compris et n'écrasent point le décor qui
prend place entre eux ; ils constituent un motif courant
d'une grande élégance. Je n'étudierai point le réseau cons-
tructif; cela m'entraînerait trop loin.

Les tapis persans sont, par contre, en grand nombre.
Dans la collection de M. Hakky-bey, je citerai tout d'abord

Cavalier turc suivi de deux coureurs.
Croquis du baron Gros.

un petit tapis du xme siècle, entièrement tissé en soie. Le
fond est bleu, d'un bleu pâle, encore pâli par le temps.
Des fauves y donnent la chasse à des antilopes. Une bor-
dure rouge ponceau, où serpente une arabesque, encadre
le tableau, et, par le contraste de ses tons, exalte la dou-
ceur et le velouté des coloris.

A côté de ce morceau hors pair, les deux grands tapis
de M. le baron Edmond de Rothschild doivent être placés
en première ligne. Tissés de soie, et de soie et argent, l'un
est à fond vert avec rosace rouge; l'autre, à fond bleu,
avec médaillon ondulé, rouge aussi. Sur le fond, des lions

et des léopards poursuivant des gazelles ; un branchage
souple et grêle s'enroule à travers le tout et, dans la bor-
dure, sont semés des motifs foliacés. Puis, encore, il me
faut revenir à la collection Hakky-bey et signaler un
grand tapis entièrement tissé de soie et d'or (xvie siècle),
un tapis du Diarbekir (xvie siècle) et un tapis perse
(xvi° siècle) tissé de soie et lamé. Enfin, un fragment de
velours perse, fond blanc, avec oiseau vert jaune et brun
violacé. Dans la collection de M. Stanislas Baron, un
tapis perse (xve siècle), en tissu cachemire ; d'autres encore
qu'il serait trop long d'énumérer.
 
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