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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 19.1893 (Teil 2)

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Gayet, Albert: L' exposition de l'art musulman
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https://doi.org/10.11588/diglit.22769#0336

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L'ART.

Aucune miniature ne me paraît être antérieure au
xviie siècle. Toutes appartiennent à l'école indo-persane,
qui, par maints traits, se rapproche de l'école japonaise de
Tosa. En Perse, son grand chef fut un Indien nommé
Mani, dont il nous est resté des albums d'une valeur ines-
timable. L'un, conservé à la bibliothèque khédiviale du
Caire, renferme toute une collection de petits chefs-
d'œuvre où le paysage est traité avec un amour de la
nature que, seuls, les vieux maîtres primitifs ont eu.

Chef arabe agitant une étoffe en signe d'appel.
Lithographie du baron Gros.

bans doute, cette peinture est un peu maniérée et n a
plus la vigueur magistrale des compositions de Behzade,
de Djchanghyr, de Bokhary, de Ahmed Fébryzy et de
Chems-ed-dîn-Mohamed-el-Karamany. Mais cette diver-
gence entre ces œuvres purement persanes des grands
maîtres du xve siècle et celles des peintres indo-persans
du xviie siècle indiquée, je m'empresse de reconnaître que
certaines des miniatures exposées ont été exécutées par
d'habiles imitateurs de Mani. Dans la collection de

M. Louis Gonse se détache une étude de femme assise, le
faucon au poing, vêtue d'une jupe rouge brochée d'or ; le-
torse est nu, au large collier qui couvre la poitrine près.
Le dessin a une grande fermeté et le maniement de la
couleur dénote un artiste de race. Une autre étude montre
une femme en robe rose lilacé, debout sous un saule, dans
un paysage pâle et malingre. Une gazelle est à ses pieds.
Le dessin du visage est souple,- mais la facture est plus
d'un miniaturiste que d'un peintre. Je préfère de beaucoup
trois femmes vêtues de robes rouges et agenouillées sous
un arbre touffu. Le paysage nocturne qui sert de cadre à
cette scène a une mélancolie douce ; les trois femmes sont

éclairées par une lampe ; les physionomies sont fines, les
attitudes gracieuses. L'œuvre est d'un maître, et d'un
maître sûr de lui. A remarquer encore, dans cette riche
collection, une étude de cheval ; la bête est efflanquée et
son modelé observé.

La collection de M. Bing a, elle aussi, plusieurs com-
positions remarquables. Je citerai, sans entrer dans la des-
cription des tableaux, un éléphant entravé très vrai d'al-
lures ; une femme vêtue d'une robe verte, effet de nuit ; un
vieux guerrier, la lance au poing (fond d'or) ; une fête sur
une terrasse ; un vieillard lisant une lettre ; une femme
respirant une fleur, et, enfin, un cavalier et une amazone
 
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