L'EXPOSITION DE L'ART MUSULMAN. 275
chevauchant de nuit à travers un paysage sans lumière,
fort bien observé. Dans la collection de M. Giannuzzi,
une galère (étude, marine) ; un paysage, dans lequel se
détache une figure d'anachorète ; une fête, dans une salle
de palais ; une femme accroupie sur un tabouret et une
scène de chasse; ce dernier morceau est singulier; il
trahit un sentiment vrai de la poésie nocturne. L'éduca-
tion artistique du peintre, trop peu développée, ne lui a
pas permis de se donner libre carrière, mais il s'abandon-
nait à son intuition.
Parmi les miniatures, il convient de ranger les pages
du Koran, de la collection Hakkv-bey. Un examen rapide
me porte à croire qu'elles appartiennent au xvc siècle; le
dessin des arabesques, les cartouches qui renferment les
titres, la frange qui borde les pages et jusqu'à la façon
dont les fonds sont traités.
Enfin, à l'art du livre, il faut rattacher encore les
reliures en cuir repoussé que couvrent des arabesques
dorées, des collections Hakky-bey et Edouard Blanc.
Les verreries sont dignement représentées par les trois
lampes de mosquée, de la collection de M. Charles Man-
nheim, et la gourde de verre, de la collection Hakky-bey.
Chef a r a b k .
Eau-forte originale de Théodore Cliasseriau.
Les trois lampes de M. Charles Mannheim doivent certai-
nement provenir d'Egvpte ; l'une porte les armoiries d'un
émir connu. Les fonds ne sont pas recouverts; l'émail
forme la décoration; une inscription en caractères bleu
turquoise s'enroule autour de la panse. Sur le col, sont
des médail- Ions alternant avec l'écu dont, par trois fois,
il est blasonné.
La gourde de M. Hakky-bey a droit à une mention
toute spéciale : sur son écu apparaît l'aigle aux ailes
éployées et au vol abaissé. Or, cette armoirie fut celle de
Saleh-eh-dîn (Saladin) : on la voit gravée sur les murs de
la citadelle du Caire; et je serais fort tenté d'attribuer la
gourde aujourd'hui exposée, au règne du célèbre vain-
queur des croisés. Vers la même époque, il est vrai, les
Ortokîdes avaient adopté l'aigle à deux têtes. On le trouve,
en 1190, sur l'écu de Vattabeck (gouverneur), Imad-ed-
dîn-Zangi. En tous cas, la pièce est précieuse ; sur le
rebord de la gourde, un petit décor représente le mirhab
de mosquée, avec la lampe suspendue à son arceau.
Passons aux faïences maintenant; c'est toujours à la
collection Hakkv-bey qu'il faut revenir, pour avoir un
ensemble complet de céramique musulmane. La faïence
a-t-elle, ainsi qu'on le croit généralement, une origine
persane? Qu'il me soit permis seulement de rappeler que
l'un des hommes les plus compétents en la matière,
M. Th. Deck, émet k ce sujet plus d'un doute; et fait
chevauchant de nuit à travers un paysage sans lumière,
fort bien observé. Dans la collection de M. Giannuzzi,
une galère (étude, marine) ; un paysage, dans lequel se
détache une figure d'anachorète ; une fête, dans une salle
de palais ; une femme accroupie sur un tabouret et une
scène de chasse; ce dernier morceau est singulier; il
trahit un sentiment vrai de la poésie nocturne. L'éduca-
tion artistique du peintre, trop peu développée, ne lui a
pas permis de se donner libre carrière, mais il s'abandon-
nait à son intuition.
Parmi les miniatures, il convient de ranger les pages
du Koran, de la collection Hakkv-bey. Un examen rapide
me porte à croire qu'elles appartiennent au xvc siècle; le
dessin des arabesques, les cartouches qui renferment les
titres, la frange qui borde les pages et jusqu'à la façon
dont les fonds sont traités.
Enfin, à l'art du livre, il faut rattacher encore les
reliures en cuir repoussé que couvrent des arabesques
dorées, des collections Hakky-bey et Edouard Blanc.
Les verreries sont dignement représentées par les trois
lampes de mosquée, de la collection de M. Charles Man-
nheim, et la gourde de verre, de la collection Hakky-bey.
Chef a r a b k .
Eau-forte originale de Théodore Cliasseriau.
Les trois lampes de M. Charles Mannheim doivent certai-
nement provenir d'Egvpte ; l'une porte les armoiries d'un
émir connu. Les fonds ne sont pas recouverts; l'émail
forme la décoration; une inscription en caractères bleu
turquoise s'enroule autour de la panse. Sur le col, sont
des médail- Ions alternant avec l'écu dont, par trois fois,
il est blasonné.
La gourde de M. Hakky-bey a droit à une mention
toute spéciale : sur son écu apparaît l'aigle aux ailes
éployées et au vol abaissé. Or, cette armoirie fut celle de
Saleh-eh-dîn (Saladin) : on la voit gravée sur les murs de
la citadelle du Caire; et je serais fort tenté d'attribuer la
gourde aujourd'hui exposée, au règne du célèbre vain-
queur des croisés. Vers la même époque, il est vrai, les
Ortokîdes avaient adopté l'aigle à deux têtes. On le trouve,
en 1190, sur l'écu de Vattabeck (gouverneur), Imad-ed-
dîn-Zangi. En tous cas, la pièce est précieuse ; sur le
rebord de la gourde, un petit décor représente le mirhab
de mosquée, avec la lampe suspendue à son arceau.
Passons aux faïences maintenant; c'est toujours à la
collection Hakkv-bey qu'il faut revenir, pour avoir un
ensemble complet de céramique musulmane. La faïence
a-t-elle, ainsi qu'on le croit généralement, une origine
persane? Qu'il me soit permis seulement de rappeler que
l'un des hommes les plus compétents en la matière,
M. Th. Deck, émet k ce sujet plus d'un doute; et fait