L'EXPOSITION DE L'ART MUSULMAN. 277
envahit jusqu'à l'extérieur de la mosquée et où la tradition
du grand art arabe se perpétue encore sous l'ancien empire
des khalifes. Aussi, toutes les faïences purement arabes
exposées dans la collection de Mmede Lalandeme semblent
à ce point de vue fort intéressantes. La collection de
M. Jules Maciet a réuni aussi des faïences de Damas. A
remarquer encore les faïences persanes et arabes de
M. Mouley, les vases de M. Stanislas Baron, les plaques
de revêtement de MM. Charles Mannheim et Vever, et
les grands panneaux de M. Woog. Ces derniers appar-
tiennent à l'école tunisienne, et donnent en général le
grand décor habituel du mirhab de la mosquée, l'arceau
dans lequel est suspendue la lampe; la tonalité en est
bleue, d'un bleu dur, presque indigo, rehaussé seulement
de quelques accents jaune orangé. Pour terminer, je note
au passage le pendentif en faïence bleue de M. le vicomte
de Vogué, les plats de Madame Hartmann, — presque
tous sont à reflets métalliques et blasonnés d'écus mau-
resques; — et les carreaux de M. Albert Aublet.
Les bronzes damasquinés, quoique assez rares, com-
prennent cependant quelques beaux spécimens. Dans la
collection Hakky-bey, c'est d'abord un flambeau per-
san couvert de médaillons octogones, reliés entre eux
par un petit hexagone; le tout broché d'un délicat feuillage
d'argent; puis, un flambeau de mosquée incrusté d'ara-
besques d'argent et d'or. Dans la collection Gérôme, un
beau chandelier damasquiné; dans la collection de
M. Camille Rogier, une gourde de bronze couverte de
fleurettes d'argent, deux chandeliers d'époque ommiade et
plusieurs bassins blasonnés; enfin, dans la collection de
M. Leroux, ses flambeaux et un encrier du meilleur style,
des chauffe-mains et des brûle-parfums. Une mention
Kiosque au bord d'une rivière.
Lithographie originale de Decamps (18J4I.
toute spéciale à cette collection pour l'ensemble de ses
cuivres repoussés et de ses cuivres dorés.
Me faut-il maintenant parler des armes? Je ne saurais
les énumérer toutes. Ce sont d'abord les casques de la
collection Gérôme, l'un au timbre bulbeux, semé de mar-
guerites d'argent et entouré au bandeau et au cimier d'une
inscription en beaux caractères du xnG siècle, les autres
brodés d'arabesques d'or. Puis, les casques de la collection
Jacquet, ceux de M. Van den Bosche, les uns au timbre
bulbeux, noir et incrusté d'or, les autres au timbre ovoïde,
recouvert de velours cramoisi pris sous une armature de
cuivre doré; le casque persan (xvie siècle), de M. Jacquet,
dont le timbre rappelle le masque de l'un de ces êtres
fantastiques des légendes orientales. Des cornes aiguës le
couronnent; une autre tète grimaçante se dresse sur le
cimier. Dans ce coin de l'exposition, l'ensemble des
armures réunies faisait revivre l'épopée des croisades : il
ne manquait aux casques que les panaches qui les ombra-
geaient jadis. Nombreuses étaient d'ailleurs les pièces
d'armures. La collection de M. Quasnika a un bouclier
perse orné de godrons et bordé d'inscriptions; celle de
M. Henri Chevalier, une armure complète; celle de
M. Gianuzzi, un bouclier couvert d'inscriptions; celle de
M. Gérôme, un plastron de cuirasse. J'en passe pour
arriver de suite aux armes offensives. C'est le carquois
turc du xme siècle, de la collection Jacquet; les trois
Syavïra de la collection Gérôme; les fusils et les pistolets
de la collection Van den Bosche; la collection de M. Ca-
mille Rogier (je nomme cette dernière en bloc, car chaque
pièce est un vrai bijou), les armes de MM. Edouard Blanc,
Henri Chevalier et Duseigneur.
La place me manque pour parler des étoffes, des
jades, des pierres gravées, des monnaies, des cuirs peints
et des laques, des équipements et harnachements, des
bijoux, des broderies et des ivoires exposés. Je ne puis
cependant me dispenser de rappeler les étoffes de
Tome LV. 3 y
envahit jusqu'à l'extérieur de la mosquée et où la tradition
du grand art arabe se perpétue encore sous l'ancien empire
des khalifes. Aussi, toutes les faïences purement arabes
exposées dans la collection de Mmede Lalandeme semblent
à ce point de vue fort intéressantes. La collection de
M. Jules Maciet a réuni aussi des faïences de Damas. A
remarquer encore les faïences persanes et arabes de
M. Mouley, les vases de M. Stanislas Baron, les plaques
de revêtement de MM. Charles Mannheim et Vever, et
les grands panneaux de M. Woog. Ces derniers appar-
tiennent à l'école tunisienne, et donnent en général le
grand décor habituel du mirhab de la mosquée, l'arceau
dans lequel est suspendue la lampe; la tonalité en est
bleue, d'un bleu dur, presque indigo, rehaussé seulement
de quelques accents jaune orangé. Pour terminer, je note
au passage le pendentif en faïence bleue de M. le vicomte
de Vogué, les plats de Madame Hartmann, — presque
tous sont à reflets métalliques et blasonnés d'écus mau-
resques; — et les carreaux de M. Albert Aublet.
Les bronzes damasquinés, quoique assez rares, com-
prennent cependant quelques beaux spécimens. Dans la
collection Hakky-bey, c'est d'abord un flambeau per-
san couvert de médaillons octogones, reliés entre eux
par un petit hexagone; le tout broché d'un délicat feuillage
d'argent; puis, un flambeau de mosquée incrusté d'ara-
besques d'argent et d'or. Dans la collection Gérôme, un
beau chandelier damasquiné; dans la collection de
M. Camille Rogier, une gourde de bronze couverte de
fleurettes d'argent, deux chandeliers d'époque ommiade et
plusieurs bassins blasonnés; enfin, dans la collection de
M. Leroux, ses flambeaux et un encrier du meilleur style,
des chauffe-mains et des brûle-parfums. Une mention
Kiosque au bord d'une rivière.
Lithographie originale de Decamps (18J4I.
toute spéciale à cette collection pour l'ensemble de ses
cuivres repoussés et de ses cuivres dorés.
Me faut-il maintenant parler des armes? Je ne saurais
les énumérer toutes. Ce sont d'abord les casques de la
collection Gérôme, l'un au timbre bulbeux, semé de mar-
guerites d'argent et entouré au bandeau et au cimier d'une
inscription en beaux caractères du xnG siècle, les autres
brodés d'arabesques d'or. Puis, les casques de la collection
Jacquet, ceux de M. Van den Bosche, les uns au timbre
bulbeux, noir et incrusté d'or, les autres au timbre ovoïde,
recouvert de velours cramoisi pris sous une armature de
cuivre doré; le casque persan (xvie siècle), de M. Jacquet,
dont le timbre rappelle le masque de l'un de ces êtres
fantastiques des légendes orientales. Des cornes aiguës le
couronnent; une autre tète grimaçante se dresse sur le
cimier. Dans ce coin de l'exposition, l'ensemble des
armures réunies faisait revivre l'épopée des croisades : il
ne manquait aux casques que les panaches qui les ombra-
geaient jadis. Nombreuses étaient d'ailleurs les pièces
d'armures. La collection de M. Quasnika a un bouclier
perse orné de godrons et bordé d'inscriptions; celle de
M. Henri Chevalier, une armure complète; celle de
M. Gianuzzi, un bouclier couvert d'inscriptions; celle de
M. Gérôme, un plastron de cuirasse. J'en passe pour
arriver de suite aux armes offensives. C'est le carquois
turc du xme siècle, de la collection Jacquet; les trois
Syavïra de la collection Gérôme; les fusils et les pistolets
de la collection Van den Bosche; la collection de M. Ca-
mille Rogier (je nomme cette dernière en bloc, car chaque
pièce est un vrai bijou), les armes de MM. Edouard Blanc,
Henri Chevalier et Duseigneur.
La place me manque pour parler des étoffes, des
jades, des pierres gravées, des monnaies, des cuirs peints
et des laques, des équipements et harnachements, des
bijoux, des broderies et des ivoires exposés. Je ne puis
cependant me dispenser de rappeler les étoffes de
Tome LV. 3 y