aurait appelé des « Temples de la consommation », et que
nous appelons, nous, restaurants, brasseries, mastroquets,
terrasse des Tuileries, voici les fontaines Wallace, voici la
vacherie du Pré-Catelan et le bar des grands magasins
cafés, dégustations, distilla- de nouveautés. En face de ces
tions, bars, caboulots, beu-
glants, débits : tout pour le
service de l'estomac. Il est des
rues de Paris où, sur cent <x/' W$v)v,>~*«Tr7 yV>
commerces, quatre-vingt-dix
ont trait à la boustifaille ou à
la boisson. »
Hélas ! voilà un tableau ab-
solument juste, et, bien certai-
nement, la consommation sous
toutes ses formes, poussée à
l'excès, est une des qualités
ou un des vices de notre temps.
Mais, avec les individus, la
consommation diffère; la même
drogue affreuse absorbée par
deux individus pris dans diffé-
rentes classes de la société n'est
plus la même, et c'est à expri-
mer ces nuances, ces carac-
tères divers de la consomma-
tion qu'excelle Pierre Vidal.
En des compositions très sim-
ples, mais remplies de saveur
et de caractère, il nous fait
assister à toutes les consom-
consommations inoffensives se
dressent les assommoirs, le
cabaret du Père Lunette ou les
boîtes où l'on n'a'pas toujours
de l'esprit, comme certain
cabaret très connu des hauteurs
de Montmartre. Tout cela n'est
pas toujours très plaisant, mais
c'est très parisien. A côté des
consommations gaies, à côté
du Café chinois, du restaurant
des Ambassadeurs, du dîner
travesti, voici le côté triste : le
repas très modeste de Saint-
Lazare ou du Dépôt, la soupe
à la porte des casernes ou pis
encore : le repas de celui qui
dîne mal, sur un banc, d'un
croûton de pain et de pas
grand'chose ou de rien avec.
Toute la gamme y est dans cet
album de Pierre Vidal, où je
cite les compositionsau hasard,
car il les faudrait indiquer ou
les décrire presque toutes. Je
ne veux point lui faire trop de
mations, il nous fait passer * compliments; il sait tout le
par tous les établissements. Souper âmes le bal. bien que je pense de son talent
connus OU inconnus qui Ont Dessin de Pierre Vidal. et J[ n'est p0;nt de ceux qU;
chacun une clientèle spéciale. aiment la banalité dans les
Voici d'abord l'affreux mastroquet chez lequel les cochers éloges : je ne lui adresserai donc qu'une félicitation : à
ou même les simples maraudeurs vont « tuer le ver » l'encontre de beaucoup de dessinateurs humoristiques de
avant d'affronter une longue notre temps, qui font vraiment
journée de pluie ou les ardeurs '£53' Une numanité plus laide qu'elle
de la canicule : remède infail- n'est, Vidal a su tenir un juste
Jibleàla fois contre l'humidité-----___________f-___ milieu ; il ne nous représente
ou la poussière torréfiée. Plus ------------------------------- .' (-- pas tous comme des Adonis,
loin, voici l'ouvrière ou le trot-_______________' ■;. |_ _ _ mais encore ses types sont-ils
tin qui consomme une tasse -~ •-----' ~ — ~——3 ~\---~ pourvus de tous les organes
de lait en lisant le feuilleton à ..... .-•. -...... m , ,,., j..;jL-~«^»--;'. ______-J ^^tS^" nécessaires à la vie ; c'est un
sensation du Petit Journal; ^ | .; " T '<^^s"'' • r éloge que je n'aurais pas songé
plus loin encore, 1'« homme », • •• • . ' V " ■ iT" '^jgmr" a lui faire s'il n'était devenu
car ce n'est ni un monsieur ni y S .: L—fS^S^ ,;: Pp trop souvent de règle aujour-
un ouvrier, moitié joueur, )„j|8^ {■' Bj jf if* d'hui d'oublier que le dessin,
moitié escroc, bookmaker, c'est vil j . iîJy- ! t. hÈ"- uL#in* même en caricature, est une
tout dire, genre anglais, qui J&&k j jjffi. j i'- jjfjj, "Jjrfr^ chose fort nécessaire. Je crois,
prend une boisson américaine §Êb ■ $3$$ wÊL'. \ !ôws)*k- W // cl '>'crrc Vidal en est la meil-
dans un bar, tout en vendant ISBBB^^^^^* v , * ^^9^£a^^—— leure preuve, qu'il n'est pas
des « tuyaux » ou en cherchant ^r^^LiWvMj^ u^^^^m^è^^^M^V^Kt a'-xso'umcnl obligatoire de faire
à surprendre le nom de la ros- |m»AIV laid pour l'air.- une chose ori-
sinante qui gagnera le Grand "'^^B^^mHL Wf^^' ~—^-^'J ginale et expressive ; même si
Prix. Le pendant obligé de ce ^^^H^^H^RWJ ' 1 i1 »| p -> l'on représente des individus
dernier type, loin a (ail angln- ~i l I vicieux, cela ne nie parait pas
mane, bien qu'il soit parfois né Ï^T / "S^a • // — indispensable: le vice est sou-
à Montmartre, est celui du fl^';/ 'i \ ' ".v^v. 4 II vent aimable, et c'est pour cela
buveur de bière, hôte assidu . ~~ qu'il y a tant de vices. Nos
de ces brasseries où se pour- v;--■■ \. caricaturistes l'oublient trop et
suit, sous forme de bocks de
Vij)Ai-. cherchent plutôt leur type dans
toutes les couleurs, la conquête le palais des singes que dans
des pays du vin par le pays de la rue. C'est une erreur, et
la bière. Il est des consomma- Le Souper a Saint-Lazare. c'est beaucoup de n'y point
tions à encourager comme il Dessin de Pierre Vidal. tomber. Il est, à ce point de
en est de vicieuses et de mal- vue, des caricaturistes illustres
saines ; et, fort heureusement pour l'humanité, elles se | dont Vidal pourrait se réclamer : Gavarni, qui a créé le
balancent à peu près également : voici les nourrices de la | type de la Lorette, n'a point songé à la faire laide ; il lui a
nous appelons, nous, restaurants, brasseries, mastroquets,
terrasse des Tuileries, voici les fontaines Wallace, voici la
vacherie du Pré-Catelan et le bar des grands magasins
cafés, dégustations, distilla- de nouveautés. En face de ces
tions, bars, caboulots, beu-
glants, débits : tout pour le
service de l'estomac. Il est des
rues de Paris où, sur cent <x/' W$v)v,>~*«Tr7 yV>
commerces, quatre-vingt-dix
ont trait à la boustifaille ou à
la boisson. »
Hélas ! voilà un tableau ab-
solument juste, et, bien certai-
nement, la consommation sous
toutes ses formes, poussée à
l'excès, est une des qualités
ou un des vices de notre temps.
Mais, avec les individus, la
consommation diffère; la même
drogue affreuse absorbée par
deux individus pris dans diffé-
rentes classes de la société n'est
plus la même, et c'est à expri-
mer ces nuances, ces carac-
tères divers de la consomma-
tion qu'excelle Pierre Vidal.
En des compositions très sim-
ples, mais remplies de saveur
et de caractère, il nous fait
assister à toutes les consom-
consommations inoffensives se
dressent les assommoirs, le
cabaret du Père Lunette ou les
boîtes où l'on n'a'pas toujours
de l'esprit, comme certain
cabaret très connu des hauteurs
de Montmartre. Tout cela n'est
pas toujours très plaisant, mais
c'est très parisien. A côté des
consommations gaies, à côté
du Café chinois, du restaurant
des Ambassadeurs, du dîner
travesti, voici le côté triste : le
repas très modeste de Saint-
Lazare ou du Dépôt, la soupe
à la porte des casernes ou pis
encore : le repas de celui qui
dîne mal, sur un banc, d'un
croûton de pain et de pas
grand'chose ou de rien avec.
Toute la gamme y est dans cet
album de Pierre Vidal, où je
cite les compositionsau hasard,
car il les faudrait indiquer ou
les décrire presque toutes. Je
ne veux point lui faire trop de
mations, il nous fait passer * compliments; il sait tout le
par tous les établissements. Souper âmes le bal. bien que je pense de son talent
connus OU inconnus qui Ont Dessin de Pierre Vidal. et J[ n'est p0;nt de ceux qU;
chacun une clientèle spéciale. aiment la banalité dans les
Voici d'abord l'affreux mastroquet chez lequel les cochers éloges : je ne lui adresserai donc qu'une félicitation : à
ou même les simples maraudeurs vont « tuer le ver » l'encontre de beaucoup de dessinateurs humoristiques de
avant d'affronter une longue notre temps, qui font vraiment
journée de pluie ou les ardeurs '£53' Une numanité plus laide qu'elle
de la canicule : remède infail- n'est, Vidal a su tenir un juste
Jibleàla fois contre l'humidité-----___________f-___ milieu ; il ne nous représente
ou la poussière torréfiée. Plus ------------------------------- .' (-- pas tous comme des Adonis,
loin, voici l'ouvrière ou le trot-_______________' ■;. |_ _ _ mais encore ses types sont-ils
tin qui consomme une tasse -~ •-----' ~ — ~——3 ~\---~ pourvus de tous les organes
de lait en lisant le feuilleton à ..... .-•. -...... m , ,,., j..;jL-~«^»--;'. ______-J ^^tS^" nécessaires à la vie ; c'est un
sensation du Petit Journal; ^ | .; " T '<^^s"'' • r éloge que je n'aurais pas songé
plus loin encore, 1'« homme », • •• • . ' V " ■ iT" '^jgmr" a lui faire s'il n'était devenu
car ce n'est ni un monsieur ni y S .: L—fS^S^ ,;: Pp trop souvent de règle aujour-
un ouvrier, moitié joueur, )„j|8^ {■' Bj jf if* d'hui d'oublier que le dessin,
moitié escroc, bookmaker, c'est vil j . iîJy- ! t. hÈ"- uL#in* même en caricature, est une
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dans un bar, tout en vendant ISBBB^^^^^* v , * ^^9^£a^^—— leure preuve, qu'il n'est pas
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à surprendre le nom de la ros- |m»AIV laid pour l'air.- une chose ori-
sinante qui gagnera le Grand "'^^B^^mHL Wf^^' ~—^-^'J ginale et expressive ; même si
Prix. Le pendant obligé de ce ^^^H^^H^RWJ ' 1 i1 »| p -> l'on représente des individus
dernier type, loin a (ail angln- ~i l I vicieux, cela ne nie parait pas
mane, bien qu'il soit parfois né Ï^T / "S^a • // — indispensable: le vice est sou-
à Montmartre, est celui du fl^';/ 'i \ ' ".v^v. 4 II vent aimable, et c'est pour cela
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de ces brasseries où se pour- v;--■■ \. caricaturistes l'oublient trop et
suit, sous forme de bocks de
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des pays du vin par le pays de la rue. C'est une erreur, et
la bière. Il est des consomma- Le Souper a Saint-Lazare. c'est beaucoup de n'y point
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en est de vicieuses et de mal- vue, des caricaturistes illustres
saines ; et, fort heureusement pour l'humanité, elles se | dont Vidal pourrait se réclamer : Gavarni, qui a créé le
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