PEINTRES FRANęAIS DU XVIle S. EN POLOGNE
9. Henri Gascar, Portrait collectif de la familie Sobieski, Cracovie, Collections du Chateau de Wawel
du roi”. Dans les collections de Wawel se trouve
notamment un portrait collectif de la familie So-
bieski reunie autouir d’un medaillon a 1’effigie de
Jean III (fig. 9). Ce tableau est double et comporte
au dos une legende detaillee datant du XIXe siecle.
L’inscription cite en latin les norns de toutes les per-
scnnes figurant sur le tableau et precise: „H. Gascar
pinxit Vandio Anno 1691”. Elle nous aipprend aussi
que le tableau est la propriete de Sarnecki de Var-
sovie et qu’il a ete restaure (donc certainement dou-
ble a 1’oecasion) par le peintre Kaniewski, en 1854.
Liinscription a ete repetee sans doute par le conser-
vateur et reportee de la toile originale.
On voit qu’on n’a pas affaire ici a une fantaisie ni
a une mystification, du fait qu’en 1693 Benoit Fariat
executa a Romę une estampe d’apres ce tableau en
precisan.t que la grayure etait inspiree d’un dessin
de Henri Gascar16. Ainsi, il est hors de doute que
Gascar est reellement l’auteur du tableau et que la
datę 1691 est tout a fait probable.
Cependant, la question qui se pose c’esit de sayoir
si ce portrait collectif a ete reellement execute en
Pologne, d’apre.s des modeles vivants. A ce point de
18 Un exemplaire de cette gravure se trouve au Musśe
National & Varsovle, un autre etait avant la guerre a la
Blbllotheąue Polonalse a Paris,
vue, on peut' avoir certains doutes. Dans 1’inscription
se trouyant au dos, a cóte de la datę figurę le mot
„Vandio”. II s’agit certainement du nom de la loca-
lite ou le portrait a ete execute, mais c’est un nom
incomprehensible, en tout cas inconnu en Pologne.
Certes, en 1681, Henri Gascar obtint du roi Louis
1’autorisation „pour un grand voyage”17, cependant,
jusqu’a present, aucun document d’ardhive ne parle
de son sejour en Pologne.
Autre chose qui eveille des doutes: la physio-
nomie des personnes representees qui paraissent
beaucoup trop jeunes: en 1691 la-reine Marie-Casi-
mire avait deja 52 ans, or sur le tableau elle semble
beaucoup plus jeune et rappelle ses anciens por-
traits. Meme en admettanit que le peintre ait voulu
rajeunir la reine qui etait assez pretentieuse sur le
point de la beaute, il n’en reste pas moins que le
prince Jacq,ues ne porte pas les vingt-quatre ans
qu’il avait alors. De meme, le prince Alexandre ne
ressemble pas a un garęon de quatorze ans et le roi
Jean III parait lui aussi beaucoup trop jeune si on
le compare aux portraits de l’epoque.
n L. V i t e t, L’Academie Royale de peinture et de scul-
pture, Paris 1861, s. 344.
181
9. Henri Gascar, Portrait collectif de la familie Sobieski, Cracovie, Collections du Chateau de Wawel
du roi”. Dans les collections de Wawel se trouve
notamment un portrait collectif de la familie So-
bieski reunie autouir d’un medaillon a 1’effigie de
Jean III (fig. 9). Ce tableau est double et comporte
au dos une legende detaillee datant du XIXe siecle.
L’inscription cite en latin les norns de toutes les per-
scnnes figurant sur le tableau et precise: „H. Gascar
pinxit Vandio Anno 1691”. Elle nous aipprend aussi
que le tableau est la propriete de Sarnecki de Var-
sovie et qu’il a ete restaure (donc certainement dou-
ble a 1’oecasion) par le peintre Kaniewski, en 1854.
Liinscription a ete repetee sans doute par le conser-
vateur et reportee de la toile originale.
On voit qu’on n’a pas affaire ici a une fantaisie ni
a une mystification, du fait qu’en 1693 Benoit Fariat
executa a Romę une estampe d’apres ce tableau en
precisan.t que la grayure etait inspiree d’un dessin
de Henri Gascar16. Ainsi, il est hors de doute que
Gascar est reellement l’auteur du tableau et que la
datę 1691 est tout a fait probable.
Cependant, la question qui se pose c’esit de sayoir
si ce portrait collectif a ete reellement execute en
Pologne, d’apre.s des modeles vivants. A ce point de
18 Un exemplaire de cette gravure se trouve au Musśe
National & Varsovle, un autre etait avant la guerre a la
Blbllotheąue Polonalse a Paris,
vue, on peut' avoir certains doutes. Dans 1’inscription
se trouyant au dos, a cóte de la datę figurę le mot
„Vandio”. II s’agit certainement du nom de la loca-
lite ou le portrait a ete execute, mais c’est un nom
incomprehensible, en tout cas inconnu en Pologne.
Certes, en 1681, Henri Gascar obtint du roi Louis
1’autorisation „pour un grand voyage”17, cependant,
jusqu’a present, aucun document d’ardhive ne parle
de son sejour en Pologne.
Autre chose qui eveille des doutes: la physio-
nomie des personnes representees qui paraissent
beaucoup trop jeunes: en 1691 la-reine Marie-Casi-
mire avait deja 52 ans, or sur le tableau elle semble
beaucoup plus jeune et rappelle ses anciens por-
traits. Meme en admettanit que le peintre ait voulu
rajeunir la reine qui etait assez pretentieuse sur le
point de la beaute, il n’en reste pas moins que le
prince Jacq,ues ne porte pas les vingt-quatre ans
qu’il avait alors. De meme, le prince Alexandre ne
ressemble pas a un garęon de quatorze ans et le roi
Jean III parait lui aussi beaucoup trop jeune si on
le compare aux portraits de l’epoque.
n L. V i t e t, L’Academie Royale de peinture et de scul-
pture, Paris 1861, s. 344.
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