LA CHRONIQUE DES ARTS
Kataloge des bayerischen Nationalmu-
seums. T. V et VI. Das Mittelalter il. Roma-
nische Alte.rthum.er — II. Gothische Alter-
thïcmer cler Buukunst und Bildne.reï). Von
Dr Hugo Graf.— Munich. M. Rieger, 1890 et
1896, in-4°.
Quiconque a traversé Munich connaît, pour les
avoir entrevues au moins, les riche-ses innombra-
hles du Musée nalional bavarois, qu'on apprécie-
rait mieux si elles étaient exposées, notamment
au rez-de-chaussée, dans des conditions meil-
leures. Espérons que le nouveau local de la rue
du Prince Rég.nt, actuellement presque terminé,
et où on doit transporter p' ochainement ces col-
lections précieuses, remédiera aux défauts de
l'ancien. Les conservateurs, en tout cas, avec un
esprit d'ordre, de méthode, de précision rigoureuse
qui sont un des traits du caractère allemand, tra-
vaillent activement depuis des années à la rédac-
tion de catalogues scientifiques, permettant de
s'oiienter dans cet ensemble un peu confus par
places, et en débrouillant dans la mesure du pos-
sible les obscurités.
Ces catalogues, parus sous forme de plaquettes
ou de volumes séparés qu'on peut acheter à part
suivant l'ordre d'études dont on s'occupe, sont des-
tinés à rendre de véritables services aux travail-
leurs Les trois premiers, publiés do 1887à 1890, con-
tenaient uniquement lalistedes ressources que la
bibliothèque du musée peut leur offrir, lomme
livres, reproductions, estampes ou dessins. Avec
le tome IV [Antiquités préhistoriques romai-
nes et mérovingiennes) ont été abordées les salles
d'exposition proprement dites, et en même temps
inauguré le système de joindre au catalogue, aussi
sérieusement établi que possible, avec détails
d'origine, d'époque et renvois bibliographiques
condensés sous forme brève, des reproductions
des principales pièces. Les tomes V et VI, qui
entament la série si riche et si abondamment
fournie du moyen âge, sont absolument dans le
même esprit et font le plus grend honneur au
Dr Hugo Graf, conservateur en chef des collec-
tions, qui s'en est occupé spécialement. Nous
sommes heureux de les rapprocher et de les
unir, malgré l'intervalle de publication qui les
sépare.
Le premier, concernant les antiquités romanes,
date de cinq ans déjà, et tous ceux qui ont eu
occasion de s'en servir ont puen apprécier l'utilité
et les mérites. Il ne serait pas difficile d'en déta-
cher bien des oeuvres d'un particulier intérêt,
comme La Vierge et les apôtres de Wessobrunn
parmi les sculptures en pierre, et combien de piè-
ces parmi les ivoires ouïes bronzesI Les 15 plan-
ches en héliogravure qui accompagnent le texte
si étudié du Dr Graf ne reproduisent, pas moins
de I la objets.
Le second volume, qui vient de paraître, est
consacré aux sculptures ou fragments d'areh tec-
ture de l'époque gothique. C'est une des sections
les plus importantes, si ce n'est même la plus
importante du musée, en dehors des séries pro-
prement industrielles. On y trouve sur l'histoire
de la sculpture allemande, et notamment de la
sculpture en bois, qui, à la fin du xv° siècle sur-
tout, a produit des chefs-d'œuvre d'art profondé-
ment germanique et d'une souplesse d'outil incom-
parable, des renseignements infiniment précieux.
Sans valoir le Musée germanique pour le choix et
la beauté des pièces, le Musée national bavarois
le dépasse peut-être en nombre, ou au moins peut
soutenir la comparaison. La sculpture locale de
Bavière y compte naturellement de nombreux
spécimens, assez lourds à toute époque, et qui,
au xivs siècle, même sous la main de Berthold,
le plus illustre sculpteur du duc Louis de Bavière,
est, comme presque partout alors en Allemagne,
et même encore plus qu'ailleurs, une sorte de cari-
cature pesante et appuyée de l'art français. Plus on
va, plus on peut se convain. re combien le rayonne-
ment de la France au xin» siècle fut énorme, et
combien l'influence s'en fit sentir longtemps.
C'est peu à peu, à travers une période d'imila ion
plus ou moins prolongée suivant la région, que
se dégagea l'esprit individuel allemand. i.aSouabe
et la Franconie tinrent bientôtla tête, et c'est de là
que sont tirées aussi —■ du moins autant qu'il
est possible d'en établir nettement l'origine — la
plupart des pièces qui t'ont la gloire du Musée
bavarois. Ce n'est pas un mince honneur pour un
musée que d'avoir pu réunir, par exemple, près
d'une vingtaine d'oeuvres de Tilmann Riemen-
schnrider ou de son école (car, à cet égard, on ne
saurait être absolument approximatif), mais qui
sentent au plus haut point la manière incisive,
légèrement apprêtée parfois, mais si élégante et
souple en sa complication du maître de Wûrz-
bourg.
Même à distance, on peut prendre des pièces
principales du musée une connaissance suffisante,
en apprécier l'intérêt historique ou la beauté :
car sur les 29 planches qu'on nous donne sont
reproduits, cette fois, 349 objets, c'est à-dire un
quart environ do la collection de sculptures, qui
nous conduisent jusqu a l'aurore de la Renaissance.
On nous promet un troisième volume consacré
aux peintures du moyen âge, dont le musée con-
tient, comme on sait, bon nombre. Viendront
ensuite les œuvres allant du début de la Renais-
sance aux temps modernes ; puis les séries indus-
trielles, qui sont des plus considérâmes comme
importance et étendue. L'ensemble pourra bien
atteindre une vingtaine de volumes. C'est toute
une mine précieuse ouverte aux ér dits, et que les
publications d'Hefner-Alteneck n'avaient j usqu'ici
qu'incomplètement explorée. On est donc en droit
de se réjouir, non seulement des résultats acquis,
mais de l'avenir en réserve.
Paul Luprieur.
MOUVEMENT DES ARTS
Collection du Dr Le Roy d'Etiolles
A celte vente (27 et 28 janvier), dont le produit
a été de 28.4U1 francs, nous relevons les prix sui-
vants :
Tableaux. — Plazer (Jean-Victor) 2-3. Ariane
consol :e par Bacchus. Le Festin des Centaures
et des Lapithes : 6.500. — 5. Bol h (attribué à
Jean). Paysage d'Italie : 370. — 8. Dyck (attri-
bué à Van). Portrait d'une religieuse : 1.000. —
21. Weenyx. Animaux: 740.
Objets d'art et Meubles. — 23. Joli bureau du
Kataloge des bayerischen Nationalmu-
seums. T. V et VI. Das Mittelalter il. Roma-
nische Alte.rthum.er — II. Gothische Alter-
thïcmer cler Buukunst und Bildne.reï). Von
Dr Hugo Graf.— Munich. M. Rieger, 1890 et
1896, in-4°.
Quiconque a traversé Munich connaît, pour les
avoir entrevues au moins, les riche-ses innombra-
hles du Musée nalional bavarois, qu'on apprécie-
rait mieux si elles étaient exposées, notamment
au rez-de-chaussée, dans des conditions meil-
leures. Espérons que le nouveau local de la rue
du Prince Rég.nt, actuellement presque terminé,
et où on doit transporter p' ochainement ces col-
lections précieuses, remédiera aux défauts de
l'ancien. Les conservateurs, en tout cas, avec un
esprit d'ordre, de méthode, de précision rigoureuse
qui sont un des traits du caractère allemand, tra-
vaillent activement depuis des années à la rédac-
tion de catalogues scientifiques, permettant de
s'oiienter dans cet ensemble un peu confus par
places, et en débrouillant dans la mesure du pos-
sible les obscurités.
Ces catalogues, parus sous forme de plaquettes
ou de volumes séparés qu'on peut acheter à part
suivant l'ordre d'études dont on s'occupe, sont des-
tinés à rendre de véritables services aux travail-
leurs Les trois premiers, publiés do 1887à 1890, con-
tenaient uniquement lalistedes ressources que la
bibliothèque du musée peut leur offrir, lomme
livres, reproductions, estampes ou dessins. Avec
le tome IV [Antiquités préhistoriques romai-
nes et mérovingiennes) ont été abordées les salles
d'exposition proprement dites, et en même temps
inauguré le système de joindre au catalogue, aussi
sérieusement établi que possible, avec détails
d'origine, d'époque et renvois bibliographiques
condensés sous forme brève, des reproductions
des principales pièces. Les tomes V et VI, qui
entament la série si riche et si abondamment
fournie du moyen âge, sont absolument dans le
même esprit et font le plus grend honneur au
Dr Hugo Graf, conservateur en chef des collec-
tions, qui s'en est occupé spécialement. Nous
sommes heureux de les rapprocher et de les
unir, malgré l'intervalle de publication qui les
sépare.
Le premier, concernant les antiquités romanes,
date de cinq ans déjà, et tous ceux qui ont eu
occasion de s'en servir ont puen apprécier l'utilité
et les mérites. Il ne serait pas difficile d'en déta-
cher bien des oeuvres d'un particulier intérêt,
comme La Vierge et les apôtres de Wessobrunn
parmi les sculptures en pierre, et combien de piè-
ces parmi les ivoires ouïes bronzesI Les 15 plan-
ches en héliogravure qui accompagnent le texte
si étudié du Dr Graf ne reproduisent, pas moins
de I la objets.
Le second volume, qui vient de paraître, est
consacré aux sculptures ou fragments d'areh tec-
ture de l'époque gothique. C'est une des sections
les plus importantes, si ce n'est même la plus
importante du musée, en dehors des séries pro-
prement industrielles. On y trouve sur l'histoire
de la sculpture allemande, et notamment de la
sculpture en bois, qui, à la fin du xv° siècle sur-
tout, a produit des chefs-d'œuvre d'art profondé-
ment germanique et d'une souplesse d'outil incom-
parable, des renseignements infiniment précieux.
Sans valoir le Musée germanique pour le choix et
la beauté des pièces, le Musée national bavarois
le dépasse peut-être en nombre, ou au moins peut
soutenir la comparaison. La sculpture locale de
Bavière y compte naturellement de nombreux
spécimens, assez lourds à toute époque, et qui,
au xivs siècle, même sous la main de Berthold,
le plus illustre sculpteur du duc Louis de Bavière,
est, comme presque partout alors en Allemagne,
et même encore plus qu'ailleurs, une sorte de cari-
cature pesante et appuyée de l'art français. Plus on
va, plus on peut se convain. re combien le rayonne-
ment de la France au xin» siècle fut énorme, et
combien l'influence s'en fit sentir longtemps.
C'est peu à peu, à travers une période d'imila ion
plus ou moins prolongée suivant la région, que
se dégagea l'esprit individuel allemand. i.aSouabe
et la Franconie tinrent bientôtla tête, et c'est de là
que sont tirées aussi —■ du moins autant qu'il
est possible d'en établir nettement l'origine — la
plupart des pièces qui t'ont la gloire du Musée
bavarois. Ce n'est pas un mince honneur pour un
musée que d'avoir pu réunir, par exemple, près
d'une vingtaine d'oeuvres de Tilmann Riemen-
schnrider ou de son école (car, à cet égard, on ne
saurait être absolument approximatif), mais qui
sentent au plus haut point la manière incisive,
légèrement apprêtée parfois, mais si élégante et
souple en sa complication du maître de Wûrz-
bourg.
Même à distance, on peut prendre des pièces
principales du musée une connaissance suffisante,
en apprécier l'intérêt historique ou la beauté :
car sur les 29 planches qu'on nous donne sont
reproduits, cette fois, 349 objets, c'est à-dire un
quart environ do la collection de sculptures, qui
nous conduisent jusqu a l'aurore de la Renaissance.
On nous promet un troisième volume consacré
aux peintures du moyen âge, dont le musée con-
tient, comme on sait, bon nombre. Viendront
ensuite les œuvres allant du début de la Renais-
sance aux temps modernes ; puis les séries indus-
trielles, qui sont des plus considérâmes comme
importance et étendue. L'ensemble pourra bien
atteindre une vingtaine de volumes. C'est toute
une mine précieuse ouverte aux ér dits, et que les
publications d'Hefner-Alteneck n'avaient j usqu'ici
qu'incomplètement explorée. On est donc en droit
de se réjouir, non seulement des résultats acquis,
mais de l'avenir en réserve.
Paul Luprieur.
MOUVEMENT DES ARTS
Collection du Dr Le Roy d'Etiolles
A celte vente (27 et 28 janvier), dont le produit
a été de 28.4U1 francs, nous relevons les prix sui-
vants :
Tableaux. — Plazer (Jean-Victor) 2-3. Ariane
consol :e par Bacchus. Le Festin des Centaures
et des Lapithes : 6.500. — 5. Bol h (attribué à
Jean). Paysage d'Italie : 370. — 8. Dyck (attri-
bué à Van). Portrait d'une religieuse : 1.000. —
21. Weenyx. Animaux: 740.
Objets d'art et Meubles. — 23. Joli bureau du