ET DE LA CURIOSITÉ
209
1532 + 1533, depuis gouverneur de Monsieur
Charles de France, second fils d'iceluy Roy,
lequel Charl-s mourut a forest Moustier en
l'an 1545, et le dict Sr. d'Intevile en l'an 1555,
sépulture en l'église du dict Polizy. Est aussi
représenté au dict tableau Messire Georges
de Selve Evesque de Lavaur personnage de
grandes lettres et fort vertueux, qui fut Am-
bassadeur près de l'Empereur Charles cin-
quiesme, le dict Evesque Filz de Messire
Jean de Selve premier président au parle-
J ment de Paris, iceiuy Sr. Evesque décédé en
l'an 1541 ayant dès la uusdicte année 1532 ou
1533 pa^sé eu Angleterre par permission du
Roy pour visiter le susdict sieur de d'Inteville
son intime amy et de toute sa famille, et eux
deux ayantz rencontrey en Angleterre un ex-
cellent pe1 iitre holandois, l'employèrent pour
faire iceiuy tableau qui a esté soigneusement
conservé au mesme lieu de Polizy jusques en
l'an 1653.
« f Evesqus de Lavaur {sic) contenant leurs
emplois et lems de leur deceds ».
Le manuscrit se compose de la partie infé-
rieure d'une feuille de parchemin, sans doute
un inventaire qu'on a coupé à un certain mo-
ment. Le début et la fin sont d'une main un
peu postérieure à celle du milieu, mais
l'ensemble du do ument date environ de la
moitié du xvn° siècle.
Miss Hervey, dans le Times (7 décembre
189"i), écrit qu'une mention du manuscrit a été
faite (n° 624?) dans le catalogue d'avril lsW
par M. Saffroy, libraire antiquaire au Pré-
Saint-Gervais, auprès de qui l'original fut
acquis. Cette mention a été copiée dans la
« Revue de Champagne et de Brie » (vol. 24,
1888, p. 3IX). Elle a été aussi réimprimée dans
l'excellente préface de M. Germain Lefèvre-
Pontalis, dans la « Correspon lance politique
d'Odet de Selve » (1546-1549) publiée sous les
auspices de la Commission des Archives di-
plomatiques en 1888.
Les premières notions sur l'oeuvre de Hol-
bein connues avant cette découverte étaient
celles du catal- gue de Rouen de 1787, et de la
«. Galerie des Peinlres flamands », de Lebrun,
publiée en 1792; dans les deux, les Ambassa-
deurs sont désignés sous les noms de MM. de
Selve et d'Avaur On ne sait comment ce
dernier nom a été substitué à celui de d'Inte-
ville. En tous cas, il ne reste à éclaircir que
l'intervalle entre 1653 et 1787, pour compléter
l'historique de la peinture depuis Sun origine
jusqu'à nos jours.
Ajoutons que M. Sidney Coloin, il y a quel-
ques années, désigna d'Inteville comme le
modèle probable du portrait de gauche, et
cela par sa seule conviction intime. Celte bril-
lante conjecture est maintenant confirmée.
La môme autorité, dans une lettre au Times
(1U décembre 1*95), donne la véritable inter-
prétation de la note au bas du parchemin —
« contenant leurs emplois, et tems de leurs
déceds ». — Ces mots, dit-il, sont une sorte
d'étiquette résumant (très exactement) les
faits biographiques du parchemin lui-même,
qui, en effet, contient les dates de la mort
des personnages et la nature de leurs divers
emplois ou missions diplomatiques. H. C.
Académie des Inscriptions
Séance du 29 mai 1S96
M. Clermont-Ganneau communique le moulage
d'une inscription grecque que lui adresse M. l'abbé
Soulice et dont il avait récemmentenlrelenu l'Aca-
démie en lai présentant l'ouvrage où cetle ins-
cription était rapportée. Sur cetle inscription,
gravée sur le soubassement de la colonne dite
« de Pompée », à Alexandrie, on lit le nom de
Ptolémée Philadelphe, martelé, et une déd.cace
de Thestor, fils de Satyros.
M. E. Amelineau, maîlre de conférences à l'école
des hantes éludes, rend compte des fouille-; exé-
cutées par lui en Egypte, du mois de novembre
1895 au 19 mars 1896, aux frais de quelques per-
sonnes généreuses et éclairées.
Il s'est attaqué à la nécropole d'Abydos, à la'
partie que le célèbre Mariette n'avait pas explo-
rée dans ses fouilles, qui ont duré dix huit ans.
M. Amelineau a découvert le tombeau d'un grand
prèlre d'Aschour qui vivait sous Ramsès II, puis
celui que le fils aîné de Scheschong, le premier
roi de la dix-septième dynastie, s'était fait cons-
truire à Abyclos et qu'il n'occupa point. Il se
nommait Aououapla ; son tombeau, delOOmèlres
de long, consistait en un long couloir de 94 mè-
tres et en une salle entièrement revêtue de granit
rose et décorée de tableaux avec légendes racon-
tant la course noclurne du soleil.
Dans la direction de ce tombeau, mais plus près
de la montagne, il y avait six ou sept buttes recou-
vertes de fragments de poterie rouge qui n'avaient
jamais été. explorées. M- Amelineau espérait y
découvrir peut être des sépultures des deux pre-
mières dynaslies, et celles qu'il a trouvées sont,
s> Ion lui, plus anciennes encore; elles seraient
antérieures à la première dynastie. Il a pu réunir
une liste de seize rois ayant réyné à celte époque
reculée. Ils se servaient déjà de tous les titres
dont devaient se servir les pharaons des temps
historiques, sauf celui de Fils du Soleil. Leurs
noms ne peuvent rentrer dans aucune liste con-
nue.
Grâce aux objets découverts dans leurs tombes,
on voit que les hommes de cette époque savaient
déjà tailler les pi rres les plus dures, façonner
des vases de toutes sortes et les déc rer avec un
art admirable. Ils travaillaient l'albâtre, le por-
phyre, la diorite. les pierres volcaniques, le cris-
tal de roche et savaient faire des verres émaillés
et des verroteries; ils sculptaient le bois d'ébène,
l'incrustaient de verre êmaillé, faisaient de la
marqueterie et travaillaient habilement l'ivoire.
Ils connaissaient l'écriture, mais étaient peu ha-
biles à graver les caractères si compliqués des
Égyptiens. ■ ependant les stèles royales sont très
belles, notamment la stèle en calcaire du pharaon
qui se nommait simplement le Serpent. Dans les
vases qui remplissaient certaii os chambres acco-
lées aux tombeaux, on a trouvé des céréales,-des
fruits, des matières graisseuses, de l'encens, etc.,
qui témoignent des habitudes des rois de cette
époque. Viennent ensuite les outils, les armes,
les métaux dont ils se servaient.
Dans un seul tombeau ont a trouvé 324 pointes
de flèches en silex admirablement taillées et déjà
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1532 + 1533, depuis gouverneur de Monsieur
Charles de France, second fils d'iceluy Roy,
lequel Charl-s mourut a forest Moustier en
l'an 1545, et le dict Sr. d'Intevile en l'an 1555,
sépulture en l'église du dict Polizy. Est aussi
représenté au dict tableau Messire Georges
de Selve Evesque de Lavaur personnage de
grandes lettres et fort vertueux, qui fut Am-
bassadeur près de l'Empereur Charles cin-
quiesme, le dict Evesque Filz de Messire
Jean de Selve premier président au parle-
J ment de Paris, iceiuy Sr. Evesque décédé en
l'an 1541 ayant dès la uusdicte année 1532 ou
1533 pa^sé eu Angleterre par permission du
Roy pour visiter le susdict sieur de d'Inteville
son intime amy et de toute sa famille, et eux
deux ayantz rencontrey en Angleterre un ex-
cellent pe1 iitre holandois, l'employèrent pour
faire iceiuy tableau qui a esté soigneusement
conservé au mesme lieu de Polizy jusques en
l'an 1653.
« f Evesqus de Lavaur {sic) contenant leurs
emplois et lems de leur deceds ».
Le manuscrit se compose de la partie infé-
rieure d'une feuille de parchemin, sans doute
un inventaire qu'on a coupé à un certain mo-
ment. Le début et la fin sont d'une main un
peu postérieure à celle du milieu, mais
l'ensemble du do ument date environ de la
moitié du xvn° siècle.
Miss Hervey, dans le Times (7 décembre
189"i), écrit qu'une mention du manuscrit a été
faite (n° 624?) dans le catalogue d'avril lsW
par M. Saffroy, libraire antiquaire au Pré-
Saint-Gervais, auprès de qui l'original fut
acquis. Cette mention a été copiée dans la
« Revue de Champagne et de Brie » (vol. 24,
1888, p. 3IX). Elle a été aussi réimprimée dans
l'excellente préface de M. Germain Lefèvre-
Pontalis, dans la « Correspon lance politique
d'Odet de Selve » (1546-1549) publiée sous les
auspices de la Commission des Archives di-
plomatiques en 1888.
Les premières notions sur l'oeuvre de Hol-
bein connues avant cette découverte étaient
celles du catal- gue de Rouen de 1787, et de la
«. Galerie des Peinlres flamands », de Lebrun,
publiée en 1792; dans les deux, les Ambassa-
deurs sont désignés sous les noms de MM. de
Selve et d'Avaur On ne sait comment ce
dernier nom a été substitué à celui de d'Inte-
ville. En tous cas, il ne reste à éclaircir que
l'intervalle entre 1653 et 1787, pour compléter
l'historique de la peinture depuis Sun origine
jusqu'à nos jours.
Ajoutons que M. Sidney Coloin, il y a quel-
ques années, désigna d'Inteville comme le
modèle probable du portrait de gauche, et
cela par sa seule conviction intime. Celte bril-
lante conjecture est maintenant confirmée.
La môme autorité, dans une lettre au Times
(1U décembre 1*95), donne la véritable inter-
prétation de la note au bas du parchemin —
« contenant leurs emplois, et tems de leurs
déceds ». — Ces mots, dit-il, sont une sorte
d'étiquette résumant (très exactement) les
faits biographiques du parchemin lui-même,
qui, en effet, contient les dates de la mort
des personnages et la nature de leurs divers
emplois ou missions diplomatiques. H. C.
Académie des Inscriptions
Séance du 29 mai 1S96
M. Clermont-Ganneau communique le moulage
d'une inscription grecque que lui adresse M. l'abbé
Soulice et dont il avait récemmentenlrelenu l'Aca-
démie en lai présentant l'ouvrage où cetle ins-
cription était rapportée. Sur cetle inscription,
gravée sur le soubassement de la colonne dite
« de Pompée », à Alexandrie, on lit le nom de
Ptolémée Philadelphe, martelé, et une déd.cace
de Thestor, fils de Satyros.
M. E. Amelineau, maîlre de conférences à l'école
des hantes éludes, rend compte des fouille-; exé-
cutées par lui en Egypte, du mois de novembre
1895 au 19 mars 1896, aux frais de quelques per-
sonnes généreuses et éclairées.
Il s'est attaqué à la nécropole d'Abydos, à la'
partie que le célèbre Mariette n'avait pas explo-
rée dans ses fouilles, qui ont duré dix huit ans.
M. Amelineau a découvert le tombeau d'un grand
prèlre d'Aschour qui vivait sous Ramsès II, puis
celui que le fils aîné de Scheschong, le premier
roi de la dix-septième dynastie, s'était fait cons-
truire à Abyclos et qu'il n'occupa point. Il se
nommait Aououapla ; son tombeau, delOOmèlres
de long, consistait en un long couloir de 94 mè-
tres et en une salle entièrement revêtue de granit
rose et décorée de tableaux avec légendes racon-
tant la course noclurne du soleil.
Dans la direction de ce tombeau, mais plus près
de la montagne, il y avait six ou sept buttes recou-
vertes de fragments de poterie rouge qui n'avaient
jamais été. explorées. M- Amelineau espérait y
découvrir peut être des sépultures des deux pre-
mières dynaslies, et celles qu'il a trouvées sont,
s> Ion lui, plus anciennes encore; elles seraient
antérieures à la première dynastie. Il a pu réunir
une liste de seize rois ayant réyné à celte époque
reculée. Ils se servaient déjà de tous les titres
dont devaient se servir les pharaons des temps
historiques, sauf celui de Fils du Soleil. Leurs
noms ne peuvent rentrer dans aucune liste con-
nue.
Grâce aux objets découverts dans leurs tombes,
on voit que les hommes de cette époque savaient
déjà tailler les pi rres les plus dures, façonner
des vases de toutes sortes et les déc rer avec un
art admirable. Ils travaillaient l'albâtre, le por-
phyre, la diorite. les pierres volcaniques, le cris-
tal de roche et savaient faire des verres émaillés
et des verroteries; ils sculptaient le bois d'ébène,
l'incrustaient de verre êmaillé, faisaient de la
marqueterie et travaillaient habilement l'ivoire.
Ils connaissaient l'écriture, mais étaient peu ha-
biles à graver les caractères si compliqués des
Égyptiens. ■ ependant les stèles royales sont très
belles, notamment la stèle en calcaire du pharaon
qui se nommait simplement le Serpent. Dans les
vases qui remplissaient certaii os chambres acco-
lées aux tombeaux, on a trouvé des céréales,-des
fruits, des matières graisseuses, de l'encens, etc.,
qui témoignent des habitudes des rois de cette
époque. Viennent ensuite les outils, les armes,
les métaux dont ils se servaient.
Dans un seul tombeau ont a trouvé 324 pointes
de flèches en silex admirablement taillées et déjà