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LA CHRONIQUE DES ARTS
clans le supplément la liste de l’œuvre de ce dernier
graveur,
+ Notice nécrologique sur le directeur de cette
revue et de la Société des Arts graphiques de
Vienne, M. Richard Paulesson (1).
+ M. E. Waldmann étudie un beau dessin d’Her-
cules Segers, Vue du Rhin, conserve au Cabinet des
estampes de l’Université de GœttiDgue et reproduit
dans son article.
(1907, fasc. i). — Fascicule entièrement rempli
par une étude de M. Ferdinand Laban sur les des-
sins à l’Exposition centennale de l’art allemand à
Berlin, l’an dernier (30 intéressantes reproductions,
dont 3 hors texte).
-f Dans les Mitteilungen, (importante étude de
M. P. Kristeller sur la gravure au burin à Venise
au xve siècle (Oreprod.); — et supplément, par le
comte S. Pückler, au catalogue dressé autrefois
par Andersen de l’œuvre gravé du peintre mnni-
ohois du xix° siècle, Wilhelm von Kobell.
(Album annuel.) — Gomme chaque année, la
Société des Arts graphiques a publié, en même
temps que ce dernier fascicule, l’album d’estampes
qu’elle offre à ses souscripteurs et qui continue
la galerie de gravure commencée par elle il y a
dix ans. Ce nouveau recueil se compose, comme
les précédents, de six belles planches, dignes du
portefeuille des amateurs les plus délicats : trois
eaux-fortes originales, dont deux sont dues à nos
compatriotes MM. Eugène Béjot {Le Pont Saint-
Louis) et G. Leheutre (Le Canal d'Eu), et la
troisième (une impressionnante Gorge dans les
rochers) à M. Rudolf Jettmar ; puis trois litho-
graphies originales tirées en couleuis: Briquete-
ries à Heiligenstadt, par M. G. Daniiowatz ;
Femme d'ouvrier, par Mme Kæte Kollwitz ; La
Tour de l'église Notre-Dame, à Cracovie, par M. J.
von Piepacki.
Enfin, comme prime aux souscripteurs de cet
album, la Société offre une planche encore plus
importante : la vibrante eau-forte dont nous par-
lons plus haut, gravée par M. William Unger
d’après le Portrait de Rembrandt do la Galerie
impériale de Vienne.
O The New-York Herald (supplément d’art)
(9 décembre 1906). — Notice sur un curieux musée
d’antiquités parisiennes installé en plein air, rue
Lacépède, par un collectionneur, M. Godefroy (4 ill.).
O Note sur le tombeau de l’évêque de Chartres,
Jean de Salisbury, récemment découvert à Char-
tres par le chanoine Métais (reprod.).
(23 décembre 1908 et 7 janvier 1907). —» Suite des
Promenades raisonnées au musée du Louvre
(5 fig. d’après Lenain, H. Rigaud, Le Brun et
Mignard).
O Dans le dernier de ces numéros, notices sur
Ingres (3 reprod.) et sur le musée Carnavalet
(4 fig-)-
(20 janvier). — Notices sur Callot, Brouwer,
l’œuvre du peintre Gérard à Versailles, les figu-
rines de Tanagra (21 fig.). 1
(1) V. Chronique des Arts du 16 juin 1906,
p. 190.
BIBLIOGRAPHIE
Paul Gaultier. — Le Rire et la Caricature.
Préface par M. Sully-Prudhomme, de l’Académie
française. Paris, Hachette, 1906. Un vol. in-16,
de xxiv-249 p. avec 16 planches (3 fr. 50).
Paul Gaultier. — Le Sens de l'Art, ! a nature,
son rôle, sa valeur Préface par M. Émile
Boutroux, de l'Institut. Paris, Hachette, 1907.
Un vol. in-16, de xxxn-271 p. avec 16 planches
(3 fr. 50).
La caricature n’est pas un divertissement sans
importance bon uniquement à amuser le public :
M. Paul Gaultier a entrepris de nous montrer
combien, au contraire, sous son apparence de fri-
volité, elle contient d'art, d’observation, de sens
profond, et il nous en trace en quelque sorte la
philosophie. Par de nombreux exemples empruntés
à son histoire et à l’évolution même de ce genre,
il démontre que la caricature est un art et un art
qui ne fait pas toujours rire : satirique par défini-
tion — protestation de ce qui devrait être contre la
réalité vulgaire ou méchante, —■ la caricature est
bien plutôt triste d’inspiration, pessimiste, peut-on
dire. L’auteur va jusqu’à établir que, le plus sou-
vent, quand les caricatures déterminent notre hila-
rité, c’est contre les intentions de l’auteur. Trois
artistes ont été choisis par lui comme représen-
tants typiques de cet art à trois époques diverses
du xix° siècle : Daumier, Gavarni, Forain. La défor-
mation physique chère au premier, la vérité exacte
cherchée par le deuxième, l'amer pessimisme du
dernier lui semblent bien marquer l’évolution de
l’art satirique à notre époque.
De forme agréable et alerte, mordant parfois et
humoristique — notamment à l’endroit des mœurs
contemporaines, — ce livre d’esthétique et de psy-
chologie est illustré, à la façon dont Ruskin pro-
cédait pour ses ouvrages, d’exemples caractéris-
tiques empruntés aux maîtres du genre satirique,
depuis Breughel jusqu’à Sleinlen, qui mettent en
relief les démonstrations de l’auteur. Une impor-
tante préface de M. Sully-Prudhomme commente
avec la force de pensée ordinaire de l’illustre poète
les idées principales de ce livre que l’Académie
française a honoré d’un de ses prix.
L’autre volume pose des questions d'esthétique
plus générales: Qu’est-ce que l’art? Quelle est sa
nature? Quelle rôle joue-t-il dans lavie individuelle
et dans lavie sociale? Comment peut-on en juger?
M. Paul Gaultier démontre que l’art ne consiste
ni dans l’imitation de la nature, ni dans la copie
d’un idéal transcendant, mais bien dans l’incarna-
tion qu’il réalise, à l’aide de sons, de lignes, de
couleurs ou de reliefs, de l’émotion esthétique
ressentie par l’artiste en face delà réalité. M. Paul
Gaultier montre tout ce que l’art, émotif par essence,
peut avoir d’influence sur nos sentiments et, par
eux, sur notre moralité, sur notre intelligence
même et enfin sur la société. De ce point de vue
nouveau, les rapports de l’art et de la morale, de
l’art et de la connaissance, de l'art et de la so-
ciété apparaissent, en effet, sous un jour tout autre
que celui sous lequel on a eu l'habitude de les con-
sidérer jusqu’ici. Il n’est pas jusqu’à la critique
d’art qui n’y prenne plus de sens et d’autorité.
Celivre vivant, plein d’agrément, de clarté, d'aper-
çus originaux, débute par une magistrale et irn-
LA CHRONIQUE DES ARTS
clans le supplément la liste de l’œuvre de ce dernier
graveur,
+ Notice nécrologique sur le directeur de cette
revue et de la Société des Arts graphiques de
Vienne, M. Richard Paulesson (1).
+ M. E. Waldmann étudie un beau dessin d’Her-
cules Segers, Vue du Rhin, conserve au Cabinet des
estampes de l’Université de GœttiDgue et reproduit
dans son article.
(1907, fasc. i). — Fascicule entièrement rempli
par une étude de M. Ferdinand Laban sur les des-
sins à l’Exposition centennale de l’art allemand à
Berlin, l’an dernier (30 intéressantes reproductions,
dont 3 hors texte).
-f Dans les Mitteilungen, (importante étude de
M. P. Kristeller sur la gravure au burin à Venise
au xve siècle (Oreprod.); — et supplément, par le
comte S. Pückler, au catalogue dressé autrefois
par Andersen de l’œuvre gravé du peintre mnni-
ohois du xix° siècle, Wilhelm von Kobell.
(Album annuel.) — Gomme chaque année, la
Société des Arts graphiques a publié, en même
temps que ce dernier fascicule, l’album d’estampes
qu’elle offre à ses souscripteurs et qui continue
la galerie de gravure commencée par elle il y a
dix ans. Ce nouveau recueil se compose, comme
les précédents, de six belles planches, dignes du
portefeuille des amateurs les plus délicats : trois
eaux-fortes originales, dont deux sont dues à nos
compatriotes MM. Eugène Béjot {Le Pont Saint-
Louis) et G. Leheutre (Le Canal d'Eu), et la
troisième (une impressionnante Gorge dans les
rochers) à M. Rudolf Jettmar ; puis trois litho-
graphies originales tirées en couleuis: Briquete-
ries à Heiligenstadt, par M. G. Daniiowatz ;
Femme d'ouvrier, par Mme Kæte Kollwitz ; La
Tour de l'église Notre-Dame, à Cracovie, par M. J.
von Piepacki.
Enfin, comme prime aux souscripteurs de cet
album, la Société offre une planche encore plus
importante : la vibrante eau-forte dont nous par-
lons plus haut, gravée par M. William Unger
d’après le Portrait de Rembrandt do la Galerie
impériale de Vienne.
O The New-York Herald (supplément d’art)
(9 décembre 1906). — Notice sur un curieux musée
d’antiquités parisiennes installé en plein air, rue
Lacépède, par un collectionneur, M. Godefroy (4 ill.).
O Note sur le tombeau de l’évêque de Chartres,
Jean de Salisbury, récemment découvert à Char-
tres par le chanoine Métais (reprod.).
(23 décembre 1908 et 7 janvier 1907). —» Suite des
Promenades raisonnées au musée du Louvre
(5 fig. d’après Lenain, H. Rigaud, Le Brun et
Mignard).
O Dans le dernier de ces numéros, notices sur
Ingres (3 reprod.) et sur le musée Carnavalet
(4 fig-)-
(20 janvier). — Notices sur Callot, Brouwer,
l’œuvre du peintre Gérard à Versailles, les figu-
rines de Tanagra (21 fig.). 1
(1) V. Chronique des Arts du 16 juin 1906,
p. 190.
BIBLIOGRAPHIE
Paul Gaultier. — Le Rire et la Caricature.
Préface par M. Sully-Prudhomme, de l’Académie
française. Paris, Hachette, 1906. Un vol. in-16,
de xxiv-249 p. avec 16 planches (3 fr. 50).
Paul Gaultier. — Le Sens de l'Art, ! a nature,
son rôle, sa valeur Préface par M. Émile
Boutroux, de l'Institut. Paris, Hachette, 1907.
Un vol. in-16, de xxxn-271 p. avec 16 planches
(3 fr. 50).
La caricature n’est pas un divertissement sans
importance bon uniquement à amuser le public :
M. Paul Gaultier a entrepris de nous montrer
combien, au contraire, sous son apparence de fri-
volité, elle contient d'art, d’observation, de sens
profond, et il nous en trace en quelque sorte la
philosophie. Par de nombreux exemples empruntés
à son histoire et à l’évolution même de ce genre,
il démontre que la caricature est un art et un art
qui ne fait pas toujours rire : satirique par défini-
tion — protestation de ce qui devrait être contre la
réalité vulgaire ou méchante, —■ la caricature est
bien plutôt triste d’inspiration, pessimiste, peut-on
dire. L’auteur va jusqu’à établir que, le plus sou-
vent, quand les caricatures déterminent notre hila-
rité, c’est contre les intentions de l’auteur. Trois
artistes ont été choisis par lui comme représen-
tants typiques de cet art à trois époques diverses
du xix° siècle : Daumier, Gavarni, Forain. La défor-
mation physique chère au premier, la vérité exacte
cherchée par le deuxième, l'amer pessimisme du
dernier lui semblent bien marquer l’évolution de
l’art satirique à notre époque.
De forme agréable et alerte, mordant parfois et
humoristique — notamment à l’endroit des mœurs
contemporaines, — ce livre d’esthétique et de psy-
chologie est illustré, à la façon dont Ruskin pro-
cédait pour ses ouvrages, d’exemples caractéris-
tiques empruntés aux maîtres du genre satirique,
depuis Breughel jusqu’à Sleinlen, qui mettent en
relief les démonstrations de l’auteur. Une impor-
tante préface de M. Sully-Prudhomme commente
avec la force de pensée ordinaire de l’illustre poète
les idées principales de ce livre que l’Académie
française a honoré d’un de ses prix.
L’autre volume pose des questions d'esthétique
plus générales: Qu’est-ce que l’art? Quelle est sa
nature? Quelle rôle joue-t-il dans lavie individuelle
et dans lavie sociale? Comment peut-on en juger?
M. Paul Gaultier démontre que l’art ne consiste
ni dans l’imitation de la nature, ni dans la copie
d’un idéal transcendant, mais bien dans l’incarna-
tion qu’il réalise, à l’aide de sons, de lignes, de
couleurs ou de reliefs, de l’émotion esthétique
ressentie par l’artiste en face delà réalité. M. Paul
Gaultier montre tout ce que l’art, émotif par essence,
peut avoir d’influence sur nos sentiments et, par
eux, sur notre moralité, sur notre intelligence
même et enfin sur la société. De ce point de vue
nouveau, les rapports de l’art et de la morale, de
l’art et de la connaissance, de l'art et de la so-
ciété apparaissent, en effet, sous un jour tout autre
que celui sous lequel on a eu l'habitude de les con-
sidérer jusqu’ici. Il n’est pas jusqu’à la critique
d’art qui n’y prenne plus de sens et d’autorité.
Celivre vivant, plein d’agrément, de clarté, d'aper-
çus originaux, débute par une magistrale et irn-