ET DE LA CURIOSITE
rection attribuée à Léonard qui se trouve au
musée de Berlin un Paysage des Offices (n° 8 p
du cadre 97), daté du 5 août 1473 (et qui pst la pre-
mière œuvre authentique connue de Léonard) ; elle
lui semble une étude pour le fond de ce tableau.
D’ailleurs ce dessin porte à l’avers la figure nue
d’un soldat s’enfuyant, ce qui laisse supposer une
corrélation avec un sujet tel que la Résurrection
(reprod.).
Enfin, M. Jacobsen restitue à Léonard une des
trois têtes de profil que montre un dessin de la
même galerie des Offices (n° 13609; attribué à
Parmegianino (reprod.).
BIBLIOGRAPHIE
Gomment rénover l’art chrétien? Les causes
de sa dégénérescence et les moyens de le
relever, par Alphonse Germain. Paris, Bloucl
et Gie. In-16, 64 p.
Esthéticien qu’intéressent les problèmes d’art les
plus élevés, esprit réfléchi, fécond en aperçus origi-
naux, l’auteur du Sentiment cle l'art et sa formation
par l'étude des œuvres que nous avons jadis si-
gnalé ici même (1), M. Alphonse Germain, après
avoir étudié naguère L'Art chrétien en France
des origines au xvie siècle (2), a été amené à
l’examen d’une question qui est comme le corollaire
de cette histoire : la décadence de l’art religieux à
notre époque et les moyens d’y remédier, et il a
écrit sur ce sujet délicat et complexe une brochure
excellente qui se recommande à ceux qui s’inté-
ressent au mouvement artistique de notre époque.
Tout' naturellement, il a commencé par esquisser
à grands traits l’histoire des créations de l’art re^
ligieux depuis les premiers siècles du christia-
nisme jusqu’à nos jours, et cette première partie
est déjà par elle même une source d’enseignement
précieuse, non seulement par l’abondance et l’exac-
titude de sa documentation, mais encore par l’in-
dépendance et la sûreté de jugement qui ont pré-
sidé aü choix des créations que l’auteur nous pré-
sente comme représentatives, à des degrés divers,
du sentiment religieux : il ne s’agit pas, en effet,
ici de l’ordinaire énumération des chefs-d’œuvre
bien connus inspirés aux artistes par des sujets
sacrés, mais d’une sélection d’œuvres plus ou moins
célèbres imprégnées vraiment de l’esprit des motifs
qui les ont suscitées ; et l’on se prend, à cette lec-
ture, à regretter qu’aucune reproduction ne com-
plète la démonstration : quelle émouvante galerie,
qui nous changerait des albums des soi-disant
chefs-d'œuvre du l’art refigieux, on pourrait, former
avec les peintures et. les seul ptures - i justen ent élues
entre toutes par M. Alphonse Germain ! Il y a là,
pour son éditeur, matière à un beau livre, vrai-
ment neuf, pour lequel l’auteur n’aurait qu’à dé-
velopper davantage certaines parties de son ou-
vrage, ici forcément un peu sommaires, et qui nous
vaudrait sans doute plusieurs belles pagus comme
celles qu’il a consacrées au plus religieux de tous
ces maîtres : T « angélique » Fra Giovanni.
(Il V. Chronique des Arts du 28 novembre 1903,
p. 314.
(2) Y .Chronique des Arts du 11 février 1905, p. 4G.
Pourquoi, après une si belle floraison, assis-
tons-nous à l’épuisement actuel? C’est ce que
recherche ensuite M. Alphonse Germain ; et, tout
d’abord, dans des pages originales, il s’élève contre
la confusion plus ou moins volontaire établie
entre T « art de Saint-Sulpice » et l’art religieux à
notre époque, comme si les produits du premier,
résultats de procédés mécaniques, pouvaient, pas
plus que les ouvrages courants fabriqués à d’autres
époques, représenter l’art de leur temps : « De
Louis le Gros à Louis XII, observe M. Alphonse
Germain, on fabriqua des « pieuseries » qui,
pour intéresser parfois par leur laideur, ne va-
laient certes pas mieux au point de vue esthétique
que la Saint-Sulpicerie moderne ». La vérité est
simplement que de nos jours les artistes de talent
vraiment religieux font défaut : d’une part, les
représentations religieuses traitées par la plupart
des artistes manquent d’intérêt parce qu’ « elles
émanent de professionnels habituellement adonnés
aux thèmes profanes et incapables de transformer
leur manière pour traiter des thèmes sacrés » ;
d’autre part, les.œuvres les plus remarquables en
tant qu’interprétations religieuses ne sont pas
toujours d’une réalisation proche de la maîtrise :
« mais quand donc ont-elles été nombreuses, les
fortes œuvres à la fois imprégnées de piété et
d’art ? » Et M. Alphonse Germain conclut que si l’art
chrétien à notre époque traverse une phase d’épui-
sement, « son inhibition ne ressemble en rien à
une agonie' »., Il croit donc possible de le relever,
et son dernier chapitre est consacré à exposer les
moyens d’y parvenir : par la création d’une école
d’art sacré, dont il indique le fonctionnement et
qui amènerait les artistes à une connaissance rai-
sonnée et approfondie des sujets religieux ; puis
par la formation du goût du public, tourné
d’instinct vers la vulgarité et la laideur et qui est
surtout responsable de l’ineptie de la fabrication
commerciale actuelle. Il est à souhaiter que sa
voix soit entendue et que ses excellentes indica-
tions soient méditées par ceux qui, comme le Gio-
vanni Selva de M. Fogazzaro — et celui-ci nous
a dit l’autre jour qu’ils s’appellent « légion » —
se préoccupent des problèmes religieux modernes.
A. M.
NECROLOGIE
M. Charles Thierry, ancien architecte du palais
de Compïègne, chevalier de la Légion d’honneur,
est décédé lundi dernier 18 février, à Paris.
Ls comte Henri de Nion, décédé dimanche
dernier dans sa villa du Piaincy, était un artiste
amateur qui a peint de jolies aquarelles. Il était
né en 1843 à Tanger.
M. Alfred Beau, directeur du musée de Quim-
per, est décédé en cette ville, dans sa soixante-
dix-septième année.
Le 11 février est mort à Sorge (Danemark), le
peintre et professeur danois Christian i alsgaard.
Il était né en 1824 et s était fait une réelle réputa-
tion parmi les meilleurs paysagistes et peintres de
rection attribuée à Léonard qui se trouve au
musée de Berlin un Paysage des Offices (n° 8 p
du cadre 97), daté du 5 août 1473 (et qui pst la pre-
mière œuvre authentique connue de Léonard) ; elle
lui semble une étude pour le fond de ce tableau.
D’ailleurs ce dessin porte à l’avers la figure nue
d’un soldat s’enfuyant, ce qui laisse supposer une
corrélation avec un sujet tel que la Résurrection
(reprod.).
Enfin, M. Jacobsen restitue à Léonard une des
trois têtes de profil que montre un dessin de la
même galerie des Offices (n° 13609; attribué à
Parmegianino (reprod.).
BIBLIOGRAPHIE
Gomment rénover l’art chrétien? Les causes
de sa dégénérescence et les moyens de le
relever, par Alphonse Germain. Paris, Bloucl
et Gie. In-16, 64 p.
Esthéticien qu’intéressent les problèmes d’art les
plus élevés, esprit réfléchi, fécond en aperçus origi-
naux, l’auteur du Sentiment cle l'art et sa formation
par l'étude des œuvres que nous avons jadis si-
gnalé ici même (1), M. Alphonse Germain, après
avoir étudié naguère L'Art chrétien en France
des origines au xvie siècle (2), a été amené à
l’examen d’une question qui est comme le corollaire
de cette histoire : la décadence de l’art religieux à
notre époque et les moyens d’y remédier, et il a
écrit sur ce sujet délicat et complexe une brochure
excellente qui se recommande à ceux qui s’inté-
ressent au mouvement artistique de notre époque.
Tout' naturellement, il a commencé par esquisser
à grands traits l’histoire des créations de l’art re^
ligieux depuis les premiers siècles du christia-
nisme jusqu’à nos jours, et cette première partie
est déjà par elle même une source d’enseignement
précieuse, non seulement par l’abondance et l’exac-
titude de sa documentation, mais encore par l’in-
dépendance et la sûreté de jugement qui ont pré-
sidé aü choix des créations que l’auteur nous pré-
sente comme représentatives, à des degrés divers,
du sentiment religieux : il ne s’agit pas, en effet,
ici de l’ordinaire énumération des chefs-d’œuvre
bien connus inspirés aux artistes par des sujets
sacrés, mais d’une sélection d’œuvres plus ou moins
célèbres imprégnées vraiment de l’esprit des motifs
qui les ont suscitées ; et l’on se prend, à cette lec-
ture, à regretter qu’aucune reproduction ne com-
plète la démonstration : quelle émouvante galerie,
qui nous changerait des albums des soi-disant
chefs-d'œuvre du l’art refigieux, on pourrait, former
avec les peintures et. les seul ptures - i justen ent élues
entre toutes par M. Alphonse Germain ! Il y a là,
pour son éditeur, matière à un beau livre, vrai-
ment neuf, pour lequel l’auteur n’aurait qu’à dé-
velopper davantage certaines parties de son ou-
vrage, ici forcément un peu sommaires, et qui nous
vaudrait sans doute plusieurs belles pagus comme
celles qu’il a consacrées au plus religieux de tous
ces maîtres : T « angélique » Fra Giovanni.
(Il V. Chronique des Arts du 28 novembre 1903,
p. 314.
(2) Y .Chronique des Arts du 11 février 1905, p. 4G.
Pourquoi, après une si belle floraison, assis-
tons-nous à l’épuisement actuel? C’est ce que
recherche ensuite M. Alphonse Germain ; et, tout
d’abord, dans des pages originales, il s’élève contre
la confusion plus ou moins volontaire établie
entre T « art de Saint-Sulpice » et l’art religieux à
notre époque, comme si les produits du premier,
résultats de procédés mécaniques, pouvaient, pas
plus que les ouvrages courants fabriqués à d’autres
époques, représenter l’art de leur temps : « De
Louis le Gros à Louis XII, observe M. Alphonse
Germain, on fabriqua des « pieuseries » qui,
pour intéresser parfois par leur laideur, ne va-
laient certes pas mieux au point de vue esthétique
que la Saint-Sulpicerie moderne ». La vérité est
simplement que de nos jours les artistes de talent
vraiment religieux font défaut : d’une part, les
représentations religieuses traitées par la plupart
des artistes manquent d’intérêt parce qu’ « elles
émanent de professionnels habituellement adonnés
aux thèmes profanes et incapables de transformer
leur manière pour traiter des thèmes sacrés » ;
d’autre part, les.œuvres les plus remarquables en
tant qu’interprétations religieuses ne sont pas
toujours d’une réalisation proche de la maîtrise :
« mais quand donc ont-elles été nombreuses, les
fortes œuvres à la fois imprégnées de piété et
d’art ? » Et M. Alphonse Germain conclut que si l’art
chrétien à notre époque traverse une phase d’épui-
sement, « son inhibition ne ressemble en rien à
une agonie' »., Il croit donc possible de le relever,
et son dernier chapitre est consacré à exposer les
moyens d’y parvenir : par la création d’une école
d’art sacré, dont il indique le fonctionnement et
qui amènerait les artistes à une connaissance rai-
sonnée et approfondie des sujets religieux ; puis
par la formation du goût du public, tourné
d’instinct vers la vulgarité et la laideur et qui est
surtout responsable de l’ineptie de la fabrication
commerciale actuelle. Il est à souhaiter que sa
voix soit entendue et que ses excellentes indica-
tions soient méditées par ceux qui, comme le Gio-
vanni Selva de M. Fogazzaro — et celui-ci nous
a dit l’autre jour qu’ils s’appellent « légion » —
se préoccupent des problèmes religieux modernes.
A. M.
NECROLOGIE
M. Charles Thierry, ancien architecte du palais
de Compïègne, chevalier de la Légion d’honneur,
est décédé lundi dernier 18 février, à Paris.
Ls comte Henri de Nion, décédé dimanche
dernier dans sa villa du Piaincy, était un artiste
amateur qui a peint de jolies aquarelles. Il était
né en 1843 à Tanger.
M. Alfred Beau, directeur du musée de Quim-
per, est décédé en cette ville, dans sa soixante-
dix-septième année.
Le 11 février est mort à Sorge (Danemark), le
peintre et professeur danois Christian i alsgaard.
Il était né en 1824 et s était fait une réelle réputa-
tion parmi les meilleurs paysagistes et peintres de