ET DE LA CURIOSITE
81
NECROLOGIE
Le statuaire Just Becquet est décédé la semaine
dernière à Paris, à l’âge de soixante-dix-sept ans.
Il était né à Besançon le 17 juin 1829.
Élève de Rude, dont il garda toute sa vie un en-
thousiaste souvenir, Becquet tenait de son maître
l’habitude de ne jamais entreprendre ni une statue,
ni un buste sans avoir soigneusement mesuré les
volumes dont il se proposait de donner la sensa-
tion. De là, dans ses productions comme dans celles
de son maître, une solidité, une justesse et une vi-
gueur exceptionnelles.
Il inaugura sa réputation, au Salon de 1857, par
un Faune dont le réalisme hardi lui valut, en
même temps que force éloges, des critiques acerbes.
Dans les années qui suivirent il exposa successi-
vement un Saint Sébastien (1859), une statue allé-
gorique du Doubs (1861), un Christ en croix (1868),
une statue de Proudhon, une Vache en, marbre
(1837), puis des Vendangeurs (1869), une statue
du /?. P. Ducoudray et un Ismaël (1870), qui lui
firent décerner des médailles de troisième et de
seconde classe, suivies d’une de première classe,
en 1877 pour le même Ismaël. Sa participation,
en 1878, à l’Exposition Universelle lui valut une
médaille d’argent et la croix de chevalier de la
Légion d’honneur. Il obtint en 1898 la croix d’offi-
cier, puis une médaille d’or à l’Exposition de 1900.
Ses dernières années se passèrent à revenir le
plus souvent sur les sujets qu’il avait traités anté-
rieurement et à les reprendre sous des formes nou-
velles: un Faune jouant avec une panthère, un
nouveau Saint Sébastien, un nouveau Christ en
croix qui, avec un Joseph en Egypte, lui valut la
médaille d’honneur en 19Q4. Il exécuta pendant
la même période de nombreux bustes, entre autres
ceux de Denfert-Rochereau, du médailleur Gal-
brunner et de l'architecte Bérard. Il avait exposé
au Salon de 1906 le curieux portrait en terre cuite
d’un avocat de ses amis, traité dans une formule
à la Daumie'r.
Nous avons le regret d’apprendre la mort de
M. Théodore-Alexandre Weber, peintre du mi-
nistère de la Marine, décédé à Paris, à l’àge de
soixante-neuf ans. Il était né à Leipzig, en 1888. Il
commença par étudier la peinture avec Krause. A
l’âge de dix-huit ans, il vint à Paris, prit des
leçons d’Isabey et commença d’exposer au Salon,
vers 1860, des paysages et des marines. Après un
séjour à Londres, puis à Bruxelles, il se fit natura-
liser Français en 1878 et figura tous les ans au
Salon de la Société des Artistes français. One de ses
œuvres les plus importantes, qu’il envoya à Bruxel-
les en 1878, a pour titre: Le Bafeau de sauvetage.
Il avait obtenu des mentions honorables en 1861,
en 1868, à l’Exposition Universelle de 1889, et une
médaille de bronze à l’Exposition de 1900, où il
avait une toile intitulée : Gros temps au Tréport.
Nous apprenons avec regret la mort du docteur
Mathias Duval, professeur d’histologie à la Fa-
culté de médecine, professeur à l’École d’anthro-
pologie de Paris, membre de l’Académie de méde-
cine, etc., décédé le 28 février, à l’âge de soixante-
trois ans,
Né à Grasse (Alpes-Maritimes), Mathias Duval
avait été élevé à Strasbourg où son père, le bota-
niste Duval-Jouve, remplissait les fonctions d’ins-
pecteur d’Académie. Il fit ses études classiques
dans cette ville et y suivit ensuite les cours de la
Faculté de Médecine. Reçu en 1873 agrégé à la
Faculté de Paris, il fut nommé bientôt après di-
recteur du laboratoire d’anthropologie à l’Ecole des
Plantes Études, et professenr d’anatomie à l’École
des Beaux-Arts. Il ne devait quitter ce dernier
poste qu’il y a quatre ans environ, lorsque sa santé
et sa vue commencèrent à décliner. Dès 1882, il
avait été élu membre de l’Académie de Médecine.
Le professeur Mathias Duval jouissait d’une
autorité considérable à la Faculté de Paris, où son
enseignement était l’un des plus suivis. Outre de
nombreux ouvrages de physiologie et de histolo-
gique, il a écrit un excellent Précis de l'anatomie
à l'usage des artistes (1881), qui fut traduit en
allemand.
Le 17 février est mort à Copenhague, à l’âge de
près de soixante ans, le peintre danois AxelHelsted.
Fils d’un dessinateur renommé, il commença par
pratiquer le portrait; mais, après avoir voyagé
en Italie et observé la vie populaire de ce pays, il
s’adonna ensuite à la peinture de genre. A la suite
d’un voyage en Palestine, il a donné aussi beau-
coup de petites toiles consacrées à des épisodes du
Nouveau Testament, peints dans la formule tradi-
tionnelle et d’une touche minutieuse. Il était pro-
fesseur à l’Académie et président du Comité des
expositions organisées par cette institution.
On annonce la mort du peintre autrichien Karl
von Kobierski, décédé récemment, à l’âge de cin-
quante-neuf ans, dans un asile d’aliénés. Il s’était
fait connaître par des portraits en miniature des
membres de la famille impériale (qui lui avaient
valu le titre de peintre de la Cour) et de l’aristo-
cratie viennoise.
MOUVEMENT DES ARTS
Collection de M. Georges Viau
Vente de tableaux modernes faite à la galerie
Durand-Ruel, le 4 mars, par M° P. Chevallier et
MM. Durand-Ruel et fils et Bernheim jeune.
Tableaux. — 2. Boudin (L.-E.). Le Port de Bor-
deaux : 2.700.
5. Carrière (E.). Buste de femme : 1.800. — 6.
Carrière(E.). Portrait de Madame Carrière: 7.300.
9. Cassatt (Mary). Maternité : 7.300.
11. Cézanne (P.). Paysage d’été : 14.200. — 12.
(L'zanne(P.). Paysage à Pontoise, Clos dps Ma-
tburins : 11.100. — 13. Cézanne (P.). Fruits :
19.000.
14. Daumier ;H.). Le Drame : 28.100 (au musée
de Berlin). — 15. Daumier (IT ). Une Famille sur
les barricades; Révolution de 1848 : 4.600. —
16. Daumier (H.). Le Peintre et le Graveur :
2.450.
17. Delacroix (E. ). La Justice de Trajan : 7.250.
19. Gauguin (P.). Paysage de Bretagne : 1.950.
— 20. Gauguin (P.). Paysage de Bretagne : 1.600.
81
NECROLOGIE
Le statuaire Just Becquet est décédé la semaine
dernière à Paris, à l’âge de soixante-dix-sept ans.
Il était né à Besançon le 17 juin 1829.
Élève de Rude, dont il garda toute sa vie un en-
thousiaste souvenir, Becquet tenait de son maître
l’habitude de ne jamais entreprendre ni une statue,
ni un buste sans avoir soigneusement mesuré les
volumes dont il se proposait de donner la sensa-
tion. De là, dans ses productions comme dans celles
de son maître, une solidité, une justesse et une vi-
gueur exceptionnelles.
Il inaugura sa réputation, au Salon de 1857, par
un Faune dont le réalisme hardi lui valut, en
même temps que force éloges, des critiques acerbes.
Dans les années qui suivirent il exposa successi-
vement un Saint Sébastien (1859), une statue allé-
gorique du Doubs (1861), un Christ en croix (1868),
une statue de Proudhon, une Vache en, marbre
(1837), puis des Vendangeurs (1869), une statue
du /?. P. Ducoudray et un Ismaël (1870), qui lui
firent décerner des médailles de troisième et de
seconde classe, suivies d’une de première classe,
en 1877 pour le même Ismaël. Sa participation,
en 1878, à l’Exposition Universelle lui valut une
médaille d’argent et la croix de chevalier de la
Légion d’honneur. Il obtint en 1898 la croix d’offi-
cier, puis une médaille d’or à l’Exposition de 1900.
Ses dernières années se passèrent à revenir le
plus souvent sur les sujets qu’il avait traités anté-
rieurement et à les reprendre sous des formes nou-
velles: un Faune jouant avec une panthère, un
nouveau Saint Sébastien, un nouveau Christ en
croix qui, avec un Joseph en Egypte, lui valut la
médaille d’honneur en 19Q4. Il exécuta pendant
la même période de nombreux bustes, entre autres
ceux de Denfert-Rochereau, du médailleur Gal-
brunner et de l'architecte Bérard. Il avait exposé
au Salon de 1906 le curieux portrait en terre cuite
d’un avocat de ses amis, traité dans une formule
à la Daumie'r.
Nous avons le regret d’apprendre la mort de
M. Théodore-Alexandre Weber, peintre du mi-
nistère de la Marine, décédé à Paris, à l’àge de
soixante-neuf ans. Il était né à Leipzig, en 1888. Il
commença par étudier la peinture avec Krause. A
l’âge de dix-huit ans, il vint à Paris, prit des
leçons d’Isabey et commença d’exposer au Salon,
vers 1860, des paysages et des marines. Après un
séjour à Londres, puis à Bruxelles, il se fit natura-
liser Français en 1878 et figura tous les ans au
Salon de la Société des Artistes français. One de ses
œuvres les plus importantes, qu’il envoya à Bruxel-
les en 1878, a pour titre: Le Bafeau de sauvetage.
Il avait obtenu des mentions honorables en 1861,
en 1868, à l’Exposition Universelle de 1889, et une
médaille de bronze à l’Exposition de 1900, où il
avait une toile intitulée : Gros temps au Tréport.
Nous apprenons avec regret la mort du docteur
Mathias Duval, professeur d’histologie à la Fa-
culté de médecine, professeur à l’École d’anthro-
pologie de Paris, membre de l’Académie de méde-
cine, etc., décédé le 28 février, à l’âge de soixante-
trois ans,
Né à Grasse (Alpes-Maritimes), Mathias Duval
avait été élevé à Strasbourg où son père, le bota-
niste Duval-Jouve, remplissait les fonctions d’ins-
pecteur d’Académie. Il fit ses études classiques
dans cette ville et y suivit ensuite les cours de la
Faculté de Médecine. Reçu en 1873 agrégé à la
Faculté de Paris, il fut nommé bientôt après di-
recteur du laboratoire d’anthropologie à l’Ecole des
Plantes Études, et professenr d’anatomie à l’École
des Beaux-Arts. Il ne devait quitter ce dernier
poste qu’il y a quatre ans environ, lorsque sa santé
et sa vue commencèrent à décliner. Dès 1882, il
avait été élu membre de l’Académie de Médecine.
Le professeur Mathias Duval jouissait d’une
autorité considérable à la Faculté de Paris, où son
enseignement était l’un des plus suivis. Outre de
nombreux ouvrages de physiologie et de histolo-
gique, il a écrit un excellent Précis de l'anatomie
à l'usage des artistes (1881), qui fut traduit en
allemand.
Le 17 février est mort à Copenhague, à l’âge de
près de soixante ans, le peintre danois AxelHelsted.
Fils d’un dessinateur renommé, il commença par
pratiquer le portrait; mais, après avoir voyagé
en Italie et observé la vie populaire de ce pays, il
s’adonna ensuite à la peinture de genre. A la suite
d’un voyage en Palestine, il a donné aussi beau-
coup de petites toiles consacrées à des épisodes du
Nouveau Testament, peints dans la formule tradi-
tionnelle et d’une touche minutieuse. Il était pro-
fesseur à l’Académie et président du Comité des
expositions organisées par cette institution.
On annonce la mort du peintre autrichien Karl
von Kobierski, décédé récemment, à l’âge de cin-
quante-neuf ans, dans un asile d’aliénés. Il s’était
fait connaître par des portraits en miniature des
membres de la famille impériale (qui lui avaient
valu le titre de peintre de la Cour) et de l’aristo-
cratie viennoise.
MOUVEMENT DES ARTS
Collection de M. Georges Viau
Vente de tableaux modernes faite à la galerie
Durand-Ruel, le 4 mars, par M° P. Chevallier et
MM. Durand-Ruel et fils et Bernheim jeune.
Tableaux. — 2. Boudin (L.-E.). Le Port de Bor-
deaux : 2.700.
5. Carrière (E.). Buste de femme : 1.800. — 6.
Carrière(E.). Portrait de Madame Carrière: 7.300.
9. Cassatt (Mary). Maternité : 7.300.
11. Cézanne (P.). Paysage d’été : 14.200. — 12.
(L'zanne(P.). Paysage à Pontoise, Clos dps Ma-
tburins : 11.100. — 13. Cézanne (P.). Fruits :
19.000.
14. Daumier ;H.). Le Drame : 28.100 (au musée
de Berlin). — 15. Daumier (IT ). Une Famille sur
les barricades; Révolution de 1848 : 4.600. —
16. Daumier (H.). Le Peintre et le Graveur :
2.450.
17. Delacroix (E. ). La Justice de Trajan : 7.250.
19. Gauguin (P.). Paysage de Bretagne : 1.950.
— 20. Gauguin (P.). Paysage de Bretagne : 1.600.