ET DE LA CURIOSITE
133
Salle XIV. — L'Enfant à la gerbe de M. Mue-
nier. — Lo Portrait de M. Donnay, par M. Abel
Faivre. — La Noce à l'auberge de M. Jean Berg.
— Un Bébé et un Vieux Hollandais, par MUo Béa-
trice Hovv.
Salle XV. — Une sensibilité féminine affinée se
réfléchit dans une suite de portraits de la plus rare
séduction — sensibilité psychique et optique, qui
permet à Mllc Boznanska de saisir les plus sub-
tiles nuances de la couleur et de l’esprit, et de
définir sur les visages les secrètes agitations de la
pensée intérieure.
La Femme en bleu de M. Lomont. — Portrait
par M. Bottini.
Salle XVI. — Un lieu commun de la critique
assimile aujourd’hui M. Jean Veber au vieux
Breughel et à Jérôme Bosch ; le rapprochement
n’est pas à blâmer s’il peut aider à déterminer
quelle importance essentielle s’attache à un art
d’allusion profonde sous ses dehors plaisants de
fantaisie, d’ironie et d'humour. Maintenant, le
peintre n’a-t-il pas évolué? sied-il de ne lui cher-
cher des ancêtres que dans les Flandres, selon le
cliché bientôt usé ? et si le secours des équiva-
lences est nécessaire pour plus sûrement étayer
une célébrité neuve sur des réputations consa-
crées, n’est-ce pas plutôt Goya et Hogarth que
M. Jean Veber continue cette année avec ses ta-
bleaux de l’jEnvoûtement dans le Sud oranais et
du Mariage ci la mode ?
Des Vues de Venise, de Venise sous la neige,
très particulières, et signées de M. Guillaume
Boger. — Les paysages de M. Gaston Prunier et
les souvenirs de voyage de M. Mari us Michel.
Salle XVII. — Après la rencontre de tant de
toiles inutiles et vides, productions de virtuose où
l’on ne sent guère la palpitation d’un cœur ou la
pensée d’un cerveau en mal de création, quel ras-
sérénant bienfait apporte l’exposition de Henri et
Marie Duliem, et comme on aimerait en proclamer
l’extrême sincérité, n’était la dépréciation du terme,
à tort et à travers profané ! Ces humbles fleurs
des champs, ces allées de jardin quiet bordées de
hyacinthes mauves, cet angle de vieille maison
tapissée de feuillages ambrés parmi lesquels
grimpent les glycines, semblent moins des re-
présentations de la nature que des confidences
émues, lentement murmurées à mi-voix. La
conviction s’impose que, pour œuvrer, l'artiste
s’est donné tout entier, sans distraction et sans
partage, qu’il s’est retiré en soi-même, avec une
dévotion si absolue qu’on la peut seule comparer
au recueillement de la prière.
Des effets de neige au Canada, peints dans des
gammes douces voilées, par M. S.-W. Morrice. —
Des projets de décoration ou des cartons de tapis-
serie de M. Glehn. — Des paysages de M. de La
Villéon.
Salle XVIII. — Il y a chez M. François Guignet
des dons très particuliers, une ingénuité et des
facultés d’analyste qui le prédestinent à tenir
emploi de portraitiste de la femme et de l’enfance.
Chaque année, dans ses effigies, la peinture de
l’épiderme s’irise et se nacre davantage; plus loin
des croquis à la mine de plomb ou aux deux
■crayons n’échouent pas à soutenir la renommée
d’un des dessinateurs les plus passionnants dont
se puisse prévaloir l’heure présente.
Les paysages de M. Moullé. — Coin de chantier
à Paris, par M. Carré.
Pourtours des Escaliers. — Les Vendangeurs,
de M. Paul Flandrin. — Le petit cottage blanc
de M. Steichen. — Le Port de Saint-Yves, par
M. Iiayley-Levers. — Sous les arbres, de M. Jef-
frys. — Juillet et Portrait du sculpteur Charlier,
par M. Oleff, — Compositions de M. Havveiss. —
Canal du Nivernais, de M. Bisliop. — La Neige,
la Plage et le Fort de Saint-Malo, par M. Fare
Garnot.
Les dessins, aquarelles ou pastels de Mmes Marie
Gautier, Esté, Bermond, Lecreux, Poupelet,
MM. H. Duhem, Grasset, Luigini, Vaes, Hochard,
Brodie, Bourgeois-Borgex, Prunier, B,appa, Lé-
chât, Jouve, Lottin, de Castro, Houbron.
Sculpture
En vertu d’un échange consenti avec la Société
des Artistes français, et au bénéfice de la pein-
ture qui obtient une salle supplémentaire, la
Société Nationale a fait abandon de la partie de
jardin qui lui était précédemment attribuée dans la
nef du Grand Palais; c’était cependant là que les
ouvrages statuaires se trouvaient exposés dans les
conditions de lumière les moins défavorables;
maintenant ils sont essaimés, à l’aventure, sous la
coupole, aux alentours des escaliers, dans les
salles, et surtout, l’un contre l’autre serrés, ils em-
plissent le plus malencontreusement du monde le
vestibule pénombreux auquel donne accès le per-
ron sis en regard des Champs-Elysées. Vous ne
sauriez imaginer relégation plus humiliante, ni pire
anarchie dans la présentation. Ici, le bienfaisant
contrôle de M. Dubufe a fait défaut, de toute évi-
dence. Tel est le désordre, que l’on -se prend à
envier les soins, cependant élémentaires, dont les
mêmes travaux sont l’objet de la part de l’ancienne
Société et dans la plupart des expositions collec-
tives.
En user de la sorte, c’est entretenir à plaisir
le préjugé qui tient pour secondaire la sculpture
dans les Salons de la Société Nationale. Les mo-
numents de vastes proportions ne s’y rencontrent
guère, et peut-être leur rareté est-elle un signe de
la réaction contre une mégalomanie qui vouerait
l’art statuaire à 1a. place publique exclusivement.
N’est-il pas bon de l’inviter à enrichir le musée, à
parer le foyer, et n’est-ce pas du même coup l’en-
gager à être expressif, décoratif et vivant ? Puis,
chacun le pressent, pas plue que le format des
ouvrages, leur nombre n’importe en l’occurrence.
Or, ce Salon est demeuré pour notre génial Auguste
Bodin une tribune familière. Signée de lui,
une figure marchante s'apparente, pour l’allure
héroïque, au Saint Jean-Baptiste et à certain des
Bourgeois de Calais', mais combien l’exécution, à
vingt années d’intervalle, s’atteste différente ! Une
étude volontaire, acharnée, et une progression cons-
tante lui ont .permis d’atteindre à une technique
simplifiée, généralisatrice, autrement lumineuse au-
jourd’hui. Trois bustes en marbre d’Anglaises ou
d’Américaines, dont le catalogue omet de faire
mention, accompagnent cet envoi : la vie jeune,
aisée, souriante, resplendit avec plénitude dans ces
portraits ; à n’en point douter, Bodin s’y est di-
verti à dégager le caractère par l’accentuation des
particularités typiques, en opposant aux frustes
indications des chevelures, des vêtements, le détail
d’un modelé dans toutes ses parties, précieuse-
ment, amoureusement suivi.
L'influence de M. Auguste Bodin a été si sou-
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Salle XIV. — L'Enfant à la gerbe de M. Mue-
nier. — Lo Portrait de M. Donnay, par M. Abel
Faivre. — La Noce à l'auberge de M. Jean Berg.
— Un Bébé et un Vieux Hollandais, par MUo Béa-
trice Hovv.
Salle XV. — Une sensibilité féminine affinée se
réfléchit dans une suite de portraits de la plus rare
séduction — sensibilité psychique et optique, qui
permet à Mllc Boznanska de saisir les plus sub-
tiles nuances de la couleur et de l’esprit, et de
définir sur les visages les secrètes agitations de la
pensée intérieure.
La Femme en bleu de M. Lomont. — Portrait
par M. Bottini.
Salle XVI. — Un lieu commun de la critique
assimile aujourd’hui M. Jean Veber au vieux
Breughel et à Jérôme Bosch ; le rapprochement
n’est pas à blâmer s’il peut aider à déterminer
quelle importance essentielle s’attache à un art
d’allusion profonde sous ses dehors plaisants de
fantaisie, d’ironie et d'humour. Maintenant, le
peintre n’a-t-il pas évolué? sied-il de ne lui cher-
cher des ancêtres que dans les Flandres, selon le
cliché bientôt usé ? et si le secours des équiva-
lences est nécessaire pour plus sûrement étayer
une célébrité neuve sur des réputations consa-
crées, n’est-ce pas plutôt Goya et Hogarth que
M. Jean Veber continue cette année avec ses ta-
bleaux de l’jEnvoûtement dans le Sud oranais et
du Mariage ci la mode ?
Des Vues de Venise, de Venise sous la neige,
très particulières, et signées de M. Guillaume
Boger. — Les paysages de M. Gaston Prunier et
les souvenirs de voyage de M. Mari us Michel.
Salle XVII. — Après la rencontre de tant de
toiles inutiles et vides, productions de virtuose où
l’on ne sent guère la palpitation d’un cœur ou la
pensée d’un cerveau en mal de création, quel ras-
sérénant bienfait apporte l’exposition de Henri et
Marie Duliem, et comme on aimerait en proclamer
l’extrême sincérité, n’était la dépréciation du terme,
à tort et à travers profané ! Ces humbles fleurs
des champs, ces allées de jardin quiet bordées de
hyacinthes mauves, cet angle de vieille maison
tapissée de feuillages ambrés parmi lesquels
grimpent les glycines, semblent moins des re-
présentations de la nature que des confidences
émues, lentement murmurées à mi-voix. La
conviction s’impose que, pour œuvrer, l'artiste
s’est donné tout entier, sans distraction et sans
partage, qu’il s’est retiré en soi-même, avec une
dévotion si absolue qu’on la peut seule comparer
au recueillement de la prière.
Des effets de neige au Canada, peints dans des
gammes douces voilées, par M. S.-W. Morrice. —
Des projets de décoration ou des cartons de tapis-
serie de M. Glehn. — Des paysages de M. de La
Villéon.
Salle XVIII. — Il y a chez M. François Guignet
des dons très particuliers, une ingénuité et des
facultés d’analyste qui le prédestinent à tenir
emploi de portraitiste de la femme et de l’enfance.
Chaque année, dans ses effigies, la peinture de
l’épiderme s’irise et se nacre davantage; plus loin
des croquis à la mine de plomb ou aux deux
■crayons n’échouent pas à soutenir la renommée
d’un des dessinateurs les plus passionnants dont
se puisse prévaloir l’heure présente.
Les paysages de M. Moullé. — Coin de chantier
à Paris, par M. Carré.
Pourtours des Escaliers. — Les Vendangeurs,
de M. Paul Flandrin. — Le petit cottage blanc
de M. Steichen. — Le Port de Saint-Yves, par
M. Iiayley-Levers. — Sous les arbres, de M. Jef-
frys. — Juillet et Portrait du sculpteur Charlier,
par M. Oleff, — Compositions de M. Havveiss. —
Canal du Nivernais, de M. Bisliop. — La Neige,
la Plage et le Fort de Saint-Malo, par M. Fare
Garnot.
Les dessins, aquarelles ou pastels de Mmes Marie
Gautier, Esté, Bermond, Lecreux, Poupelet,
MM. H. Duhem, Grasset, Luigini, Vaes, Hochard,
Brodie, Bourgeois-Borgex, Prunier, B,appa, Lé-
chât, Jouve, Lottin, de Castro, Houbron.
Sculpture
En vertu d’un échange consenti avec la Société
des Artistes français, et au bénéfice de la pein-
ture qui obtient une salle supplémentaire, la
Société Nationale a fait abandon de la partie de
jardin qui lui était précédemment attribuée dans la
nef du Grand Palais; c’était cependant là que les
ouvrages statuaires se trouvaient exposés dans les
conditions de lumière les moins défavorables;
maintenant ils sont essaimés, à l’aventure, sous la
coupole, aux alentours des escaliers, dans les
salles, et surtout, l’un contre l’autre serrés, ils em-
plissent le plus malencontreusement du monde le
vestibule pénombreux auquel donne accès le per-
ron sis en regard des Champs-Elysées. Vous ne
sauriez imaginer relégation plus humiliante, ni pire
anarchie dans la présentation. Ici, le bienfaisant
contrôle de M. Dubufe a fait défaut, de toute évi-
dence. Tel est le désordre, que l’on -se prend à
envier les soins, cependant élémentaires, dont les
mêmes travaux sont l’objet de la part de l’ancienne
Société et dans la plupart des expositions collec-
tives.
En user de la sorte, c’est entretenir à plaisir
le préjugé qui tient pour secondaire la sculpture
dans les Salons de la Société Nationale. Les mo-
numents de vastes proportions ne s’y rencontrent
guère, et peut-être leur rareté est-elle un signe de
la réaction contre une mégalomanie qui vouerait
l’art statuaire à 1a. place publique exclusivement.
N’est-il pas bon de l’inviter à enrichir le musée, à
parer le foyer, et n’est-ce pas du même coup l’en-
gager à être expressif, décoratif et vivant ? Puis,
chacun le pressent, pas plue que le format des
ouvrages, leur nombre n’importe en l’occurrence.
Or, ce Salon est demeuré pour notre génial Auguste
Bodin une tribune familière. Signée de lui,
une figure marchante s'apparente, pour l’allure
héroïque, au Saint Jean-Baptiste et à certain des
Bourgeois de Calais', mais combien l’exécution, à
vingt années d’intervalle, s’atteste différente ! Une
étude volontaire, acharnée, et une progression cons-
tante lui ont .permis d’atteindre à une technique
simplifiée, généralisatrice, autrement lumineuse au-
jourd’hui. Trois bustes en marbre d’Anglaises ou
d’Américaines, dont le catalogue omet de faire
mention, accompagnent cet envoi : la vie jeune,
aisée, souriante, resplendit avec plénitude dans ces
portraits ; à n’en point douter, Bodin s’y est di-
verti à dégager le caractère par l’accentuation des
particularités typiques, en opposant aux frustes
indications des chevelures, des vêtements, le détail
d’un modelé dans toutes ses parties, précieuse-
ment, amoureusement suivi.
L'influence de M. Auguste Bodin a été si sou-