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La chronique des arts et de la curiosité — 1907

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Nr. 16 (20 Avril)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19764#0142
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LA CHRONIQUE DES ARTS'

bizarre de son invention, se laisse mieux juger
maintenant qu’elle s’exprime dans un langage
dont tout ressouvenir paraît banni. En dehors
de ses quatre variations sur l'Amour maternel,
il faut retenir Y Archéologie de M. Victor Koos,
la Forêt et la Mer de M. Auburtin ; à ces
ouvrages l’on est presque tenté d’assimiler,
tant on ia verrait aisément incorporée sur
la paroi d’un appartement, la Fê'e travestie de
M. Hugues de Beaumont, page d’une heureuse
venue, d’un coloriste puissant, plein de verve.

Les scènes de la vie arabe de M. Dinet, savant
et habile à se renouveler. — Les Paysages de
M. Émile Barau. — La Jeune fille en bleu de
M. Albert Pinot. — Coin de music hall par
M. Henri Thomas. —Le Port folio de M. Wallen.
— Un Soir d'été en province, par M. Obertouffer.

Salles VI, VI bis et AU ter. — Une innovation
contestable dissémine, au caprice du hasard, le
long des salles, les envois d’un même artiste ; on
s’édifie moins aisément sur l’intérêt des contribu-
tions éparses, et plus d’un regrettera de netre
point admis à considérer dans son ensemble le bel
effort de M. Ko 11, peinlre toujours puissant des
cavales sauvages et de la chair frémissante, fleurie
de lumière. — Trois autres-études de nu, aux colo-
rations ambrées et d’une avenante sensualité, offrent
aux amis de M. Caro-Delvaille l’heureux témoi-
gnage d’un talent qui s’est, depuis l’an passé,
reconquis et dont le développement se poursuit
dans la voie naguère ouverte par Courbet et Manet.

Une exposition d’ensemble de l’œuvre de M. Au-
guste Lepère, peintre, graveur, décorateur, est
bientôt promise ; cette fois, le maître ne figure
qu’avec des tableaux de Paris ou de Bretagne ; on
•y suit, non sans enthousiasme, l’évolution pro-
gressive, raisonnée, de M. Lepère vers un paysage
conrposé et synthétique, dont le sujet s’emprunte
à la réalité, mais où l’artiste interprète et trans-
pose en demeurant, selon le vœu de Puvis, paral-
lèle à la nature.

Des mises en scène renouvelées de mythes
antiques: Polyphème, Bacchus et Ariane; une
Nativité, dans laquelle le mystère du clair-obscur
ajoute à la solennité du drame, rappellent ici
M. Maurice Denis ; c’en est assez pour marquer
les privilèges de sa sensibilité, la libre spontanéité
de son invention d’une poésie tout ensemble
noble et familière; on s’y convainc aussi que la
vertu du sens critique le plus lucide et le plus
averti a permis à M. Maurice Denis d’entretenir
avec les maîtres d’autrefois et d’aujourd’hui un
commerce assidu, sans rien devoir à leurs leçons
que ce qui était propre à favoriser l’expansion
intégrale de sa personnalité.

La peinture historique ou symbolique est encore
représentée par M. René Ménard — son Juge-
ment de Pétris s’apparente étroitement aux récents
ouvrages si vivement goûtés chez Georges Petit,—
par M. Carlos Schwabe, qui aspire à élargir sa
manière et qui généreusement se dépense, comme il
appert de son tableau pathétique de la Vague et
do la suite de têtes d’expression que l’on voit
à la section des dessins.

Des Intérieurs formant des harmonies cendrées
en bleu et en or, conduisent le souvenir auprès du
prestigieux Vermeer; ils portent la signature de
M.-Myron Barlow. — Les impressions de plein air
de M. Jeanniot. — L’agréable panneau décoratif
de M. Frieseke. — Confidences et Baigneuses de I

M. Charles Guérin. — L’Automne de la vie
par M. Raffaëlli. — Les Fleurs baignées de
claire lumière de M. Karbowsky, ou à demi-enté-
nébrées, de M. Henri Dumont. — La salle AU ter
réunit les envois de M. Dagnan-Bouverct : un Por-
trait, Chimère et In excelsis.

Salles AUI et VIII. — Comme il avait aimé
Bruges la Morte et qu’il en avait exploré l’âme,
Al. Le Sidaner devait se sentir naturellement attiré
par Venise, patrie de l’ombre et du silence; malgré
le ciel autre et l’architecture plus fastueuse, la
même impression se dégage de recueillement pro-
fond. M. Le Sidaner triomphe à exprimer la mé-
lancolie du crépuscule vénitien, quand le jour vient
mourir en reflets à la surface morne du canal et
caresser de ses dernières lueurs la façade grise ou
rose des palais séculaires.

Des aspects de Paris, de la province, du village,
très fortement caractérisés, par M. Hochard. —
Entre amis et La Falaise, par M. Bellory-Des-
fontaines. — La Nature morte de M. Lerolle. —
Lucerne et le Lac de Lugano, par M. de Aleixmo-
ron.

Salle IX. — M. Maurice Lobre a enrichi notre
école de quantité d’oeuvi’es maîtresses évoquant la
solennité du château de Versailles et l’ambiance
spéciale de ses appartements pompeux et déserts;
par bonheur, la série ne s’en trouve point close,
mais elles s’accompagnent maintenant d’autres in-
térieurs qui ne le cèdent ni pour l’intérêt, ni pour
la consignation victorieuse des jeux de la lumière
diffuse ; la cathédrale de Chartres en fournit les
motifs; sous les hautes voûtes, dans l’ombre des
chapelles, éclate et joue la transparente diaprure
des vieux vitraux aux tons opulents et graves.

Les Portraits de M. Pierre Bracquemond. — Les
Intérieurs de M. AValter Gay. — L'Année Ter-
rible, par M. Pierre Lagarde.

Salle X. — A un instant où la mode néglige
volontiers la composition, faisons honneur à M.
Lucien Simon de l’autorité qu’il montre à agencer
une vaste ordonnance, à disposer une figuration
nombreuse, à planter un décor et à régler une
mise en scène. Même lorsqu’il invente, il demeure
naturel, vraisemblable; son art souple, abondant,
n’offre jamais rien de contraint ni de tendu; la
curiosité attentive d’un observateur de mœurs s’y
reflète; un tempérament de coloriste s’y épanouit.
La perspective aérienne, la puissance du ton,
l’opposition des coiffes blanches et des mantes
d’un noir profond, pourvoient d’assez d’agré-
ments ce tableau de la Grand'messe pour qu’on
prenne à peine garde aux arrière-plans où les
rangées de fidèles debout barrent d’une ligne hori-
zontale rigide, trop inaccidentée, le fond du tableau.

Les vues de Bretagne de M. Maufra.

Salles XI et AUI. — Des paysages gris, sous le
voile des brumes flamandes, dus à M. Verstraete
et à M. Villaert, se font aimer par la forte saveur
de leurs accents de terroir.

Les portraits de M. A7ictor Prouvé, de AI. Ray-
mond AVoog et de M. Lucien Simon.

Salle XIII. — Avec le jeu discret et savant de
ses gris et de ses noirs, le Portrait de la com-
tesse V. . se rattache dignement à la lignée des effi-
gies qui firent M. Carolus Duran illustre; du même
coup il rappelle, non sans utilité, qu’à l’école du
peintre français s’est formé Al. Sargent, chez qui
les mêmes harmonies sont devenues coutumières,
 
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