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La chronique des arts et de la curiosité — 1907

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Nr. 17 (27 Avril)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19764#0155
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ET DE LA CURIOSITE

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— M.F.de Mély étudie le retable de Boulbon(l),
offert au Louvre par la Société des Amis du
Louvre après l'exposition des Primitifs français
de 1904. L’identification de son auteur présentait
de singulières difficultés. Dans le bas à droite,
cependant, est figurée une petite cigogne. M. do
Mély supposa que c'était la marque du peintre,
qui, comme tant d’artistes du Moyen âge — dont
il cite les noms, — aurait signé en rébus. M. Bou-
chot répliqua que la chose serait seulement
possible si on connaissait à Avignon un peintre
dont le nom fût Cigogne, Sicon, Siconge. Or, dans
les listes connues, aucun nom s’en rapprochant ne
figure. Mais, lors d’une visite à la Bibliothèque
d’Aix, M. de Mély trouva dans un manuscrit une
miniature signée : « Chugoinot me pinxit » et
offrant, danslebas,une petite cigogne. Or, envieux
picard, « Chugoinot » veut dire « petite cigogne ».
Comme le faire très particulier de la miniature, très
blafard, est extrêmement proche de la technique
blanchâtre si spéciale du retable do Boulbon, que
les anatomies sont identiques, il est bien probable
que Chugoinot, peintre d’Avignon vers 1460, est
l’auteur du retable de Boulbon. Des reproductions
hors texte de ce monument et des miniatures d’Aix
accompagnent cette démonstration.

— M. Étienne Michon publie une note complé-
mentaire sur le bas-relief en bronze du Louvre,
Femmes au candélabre, pendant des « Danseuses
Borghèse » de la collection Wallace, à Londres,
qu’il a étudiées dans un fascicule précédent (2) ;
attribuées par M. Phillips à un artiste italien de
la Renaissance tel que Riccio, ces fontes sem-
blaient à M. Bode être de Tliomire ou de Gou-
thière. La découverte dans l’ancien hôtel de Gou-
thière, à Paris, d’un plâtre ancien du même bas-
relief dont la fonte est dans la collection Wallace
prouve que M. Bode avait vu juste et que cette
fonte est de notre compatriote.

BIBLIOGRAPHIE

Les Glouet,par Alphonse Germain. Paris, Laurens,
1906. Un vol. in-8° de 128 pages av. 24 reproduc-
tions hors texte (Collection des Grands Artistes).
La personnalité des Clouet, ces portraitistes ad-
mirables qui jouent un rôle si essentiel dans l’his-
toire do la peinture française, n’est démêlée que
d’hier. Félibien, dans ses Entretiens sur la vie
des Peintres, ne mentionne qu’un Clouet sous le
nom de Janet, et Mariette, dans son Abecedario,
ne trouve à ajouter que le nom de Clouet aux ren-
seignements de Félibien.

Il appartenait aux érudits et aux écrivains d’art
de la seconde moitié du xix8 siècle d’apporter quel-
ques renseignements précis sur les Clouet et, no-
tamment, sur les deux meilleurs artistes qui ont
illustré cette famille : Jean, fondateur de la dy-
nastie et peintre de François Ier; François, son fils,
dont les délicieux portraits peints ou dessinés res-
suscitent si véridiquement les personnages qui

(1) Y. reprod. dans la Gazette des Beaux-Arts
du 1er juin 1904, p. 449.

(2) Y. compte rendu dans la Chronique des Arts
du 29 juillet 1905, p. 220,

marquèrent durant les (règnes de Henri II, Fran-
çois II et Charles IX.

Mais, si Léon Laborde et, à son exemple, d’autres
érudits avaient, sur ces artistes, exhumé des docu-
ments précieux, si Henri Bouchot avait étudié la
société où ils œuvrèrent et condensé les rensei-
gnements recueillis en une notice excellente, aucun
travail de pure critique artistique n’avait encore
été réalisé. M. Alphonse Germain arrive donc, bon
premier, avec un livre clair, documenté et excep-
tionnellement sagace. Il faut l’en louer d’autant
plus qu’il semblait difficile de dire autant de
choses dans un volume au nombre de pages limité.
En équilibrant heureusement les diverses parties
de son étude, il y est néanmoins parvenu. Le texte
n’est pourtant pas surchargé de renvois. Mais,
quand cela a été nécessaire, M, Alphonse Germain
a recouru à une brève notation permettant aux lec-
teurs qui voudront fouiller plus profondément le
sujet de savoir où trouver les documents origi-
naux. Son livre résume donc la question Clouet à
la date de 1906.

Ceci fait, M. Alphonse Germain discute en tech-
nicien et précise la valeur d’art de chaque œuvre.
Il délimite ainsi avec une grande sûreté l’apport
des divers membres de la famille Clouet ou de
leurs disciples. A Jean Clouet, fondateur de la
dynastie et peintre de François Ier, M. Alphonse
Germain donne le François Ier du Louvre, les deux
effigies de Montmorency, l’une au musée du Lou-
vre, l’autre au musée de Lyon, quatre miniatures
du manuscrit de la Guerre galliquc et quelques
autres œuvres parmi lesquelles le Claude d'Urfé,
au roi Édouard VII. A son fils François revien-
nent le Charles IX du musée de Vienne, le por-
trait réduit du même, l'Élisabeth du musée du
Louvre, et plusieurs des portraits aux crayons
de couleurs du Cabinet des estampes, œuvres
admirables parmi lesquelles il faut surtout rete-
nir : Isabeau d'Hauteville ; Mm° de Villeroy, Fran-
çoise Babon de la Bourdaisière, dame d’Estrée•;
Bobert de la Marck, duc de Bouillon ; Guy Cha-
bot, baron de Jarnac ; Louis de Béranger, sieur
du Gast, etc. Dessins si précis, si documentaires
que M. Alphonse Germain a pu, en rapprochant ce
qu’on sait du caractère des modèles des particula-
rités de leur visage, montrer combien les crayons
de François Clouet étaient d’accord avec les don-
nées expérimentales de la science physiognomo-
nique.

Afin de justifier la place occupée à la cour des
Valois parles Clouet, M. Alphonse Germain a joint
une nomenclature sommaire, accompagnée de
quelques considérations critiques, des peintres du
même temps : artistes franco-flamands de tradi-
tions réalistes, ou italianisants épris de pompe et
de décor. Peut être a-t-il été un peu dur pour Cor-
neille de Lyon, moins bon dessinateur que les
Clouet certes, mais bien délicieux peintre de lu-
mière. II est vrai qu’après avoir vécu de longs
mois en la compagnie des bons artistes dont il a
si bien apprécié l’œuvre, M. Alphonse Germain ne
pouvait qu’être défavorablement impressionné par
les moindres défaillances des peintres et des des-
sinateurs légèrement inférieurs. Il avait pris trop
de plaisir à l’extrême perfection pour se contenter
simplement de l'agréable.

Charles Saunier.
 
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