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La chronique des arts et de la curiosité — 1907

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Nr. 18 (4 Mai)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19764#0166
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LA CHRONIQUE DES ARTS

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EXPOSITION MONTICELLI
(Galerie Shirleys)

Une galerie anglaise nous donne aujourd’hui
l’exemple d’un effort heureusement conçu pour
obtenir, enfin, la justice due à un artiste original,
qui fut longtemps considéré comme un excentrique.
Des ouvrages bien choisis jalonnent son ardente
évolution vers la fantaisie et la couleur. Mais, si
l’on néglige quelques fadeurs datant des débuts, il
est intéressant de noter, daus l’extraordinaire por-
trait de son père, des qualités qui auraient pu faire
de Monticelli le rival de son compatriote Ricard.
Un curieux Paradis, baigné d’une lumière dorée,
montre ce qu’il y a d’italianisme inné à la Tiepolo
chez ce Marseillais, à qui les circonstances ne per-
mirent pas de manifester ses dons de décorateur.
Certains paysages aux frondaisons touffues et
brûlées font songer à un Rousseau provençal.
Enfin, le poète et l’ouvrier prestigieux qui voulut
que sa peinture pût lutter avec les plus riches
émaux et les plus rutilantes céramiques est repré-
senté par quelques magnifiques natures mortes et
par quelques-uns de ces décamérons chimériques
et délicieux dont il a bien pu prendre la première
idée à Diaz, mais où il a de bien loin dépassé son
modèle, tant par la grâce de l’invention et par la
puissance de l’évocation que par la mystérieuse
beauté de la matière.

EXPOSITION GUSTAVE COU1N
(Galerie Berne-Bellecour)

On n’a pas oublié l’hommage qui fut rendu
l’année dernière à M. Gustave Colin par la Société
Nationale. En présence de toiles empruntées à toutes
les périodes d’une longue ét méritoire carrière,
l’occasion nous fut offerte de le juger sur ses meil-
leurs ouvrages, de le mettre à sa vraie place et do
reconnaître la très honorable filiation qui le relie à
Courbet et à Manet. La présente exposition est
moins significative sans doute. Elle proclame du
moins la verdeur conservée par l’artiste qui signa
récemment tel paysage, comme Mon Jardin à
Ciboure, telle scène mouvementée de Corrida, ou
même telle étude de portrait en plein air, comme
la Demoiselle de campagne.

EXPOSITION H.-E. CROSS
(Galerie Bernheim)

Dès avant l’ouverture de son exposition, M. Henri-
Edmond Cross a reçu le plus flatteur, le plus en-
viable et le plus rare suffrage, l’équitable et péné-
trante préface qu’écrivit pour lui M. Maurice
Denis.. Et l’exemple d’un si bon procédé ne fait
pas moins d’honneur à l’un de ces deux artistes
qu’à l'autre. M. Cross a cherché ardemment une
transcription du soleil créateur et dévorateur. Il a
cru, voici des années, en trouver les éléments dans
la technique néo-impressionniste. Il s’est dégagé
•aujourd’hui de ce que le procédé pouvait avoir de
trop systématique et de trop mécanique. Tout en
exaltant son amour de la couleur et des combinai-
sons de tons purs, il affirme un souci grandissant
de la synthèse et du style, aussi bien dans ses
paysages de la côte provençale, Le Lavandou, Une
pinède, Le Cap Nègre, que dans les compositions
où des nymphes glissent, sous les chênes-liège,
l’éclair dansant de leurs nudités : la Forêt (n° 24),
la Ronde (n° 26), et même le grand tableau de la
Clairière. Sous un petit format,. les aquarelles,

douées des mêmes vertus, se parent d’une séduc-
tion de spontanéité plus décisive encore.

EXPOSITION ALBERT LECHAT
(Galerie Georges Petit)

M. Albert Léchât, explorateur persévérant des
petites villes du Nord, n’a pas craint de réunir et
de nous présenter, accrochées côte à côte, cent
cinquante minuscules peintures de format, défaire
et de motifs pareils. Et il n’a pas eu à se repentir
de sa confiance. Car l’intérêt est soutenu par la
finesse d’une observation constamment renouvelée,
par la sincérité d’un sentiment que nuance une
légère touche d’ironie, par le juste accord de
l’esprit et de la main ; on félicite l’artiste d’avoir
adopté ce métier du gouachiste, précis sans sèche-’
resse, propret comme les façades fraîchement
repeintes des vieilles maisons de Montreuil-su r-
Mer ou d’Abbeville, minutieux comme les habi-
tudes des dévotes et des rentiers qui se promènent
sur les remparts de Bergues ou qui traversent à
Iiesdin, à Doullens, une rue silencieuse ou une
place surveillée par des fenêtres muettes.

Paul Jamot.

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Académie des Inscriptions

Séance du 26 avril

Les « Très Riches Heures » du duc de Bcrrf/. —
M. Delisle donne lecture d’une lettre de M. Maçon,
conservateur-adjoint du Musée Gondé, au sujet de
la notice que M. de Mély a consacré récemment
aux peintures des Très Riches Heures du duc de
Berry. M. Maçon ne partage pas l’opinion émise
par M. de Mély sur l’attribution d’une signature
H. B. ou H. R. à Henri Bellechose ou à Henri
Rust. Il n’y voit pas une signature, mais un mo-
tif de décoration. Il estime qu’il faut s’en.tenir
aux termes d’un inventaire de 1416 qui désigne
comme auteur de ces peintures « Pol de Limbourg
et ses frères. »

Exploration de grottes préhistoriques. —

M. l’abbé Breuil présente, au nom de M. Cartailhac
et au sien, les fruits de leur commune exploration
dans les cavernes pyrénéennes de Niaux (Ariège)
et Gargas (Hautes-Pyrénées).

Dans la première, ils ont relevé cent vingt mains
humaines cernées d’une couleur rouge ou noire qui
fut projetée contre la paroi tandis que la main
y était appliquée; ces mains — presque toujours
des gauches — présentent un, deux ou plusieurs
doigts repliés systématiquement. Ils y ont constaté
aussi divers points rouges semés irrégulièrement
et des essais grossiers de gravures murales.

La décoration de cette caverne remonte aux plus
anciens temps de l’âge du renne.

A Niaux, caverne de 1.400 mètres de profondeur,
découverte l’été dernier par le capitaine Molard,
ils ont relevé en divers points des figures symbo-
liques et des signes peints en rouge, rappelant les
galets coloriés du Mas-d’Azil (Ariège) ; certains
font penser aux fresques peintes par les Austra-
liens et représentant des massues: d’autres simu-
lent des flèches à hampe empennée. Les figures
d’animaux, bisons, chevaux, bouquetins et cerfs,
 
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