Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

La chronique des arts et de la curiosité — 1907

DOI Heft:
Nr. 19 (11 Mai)
DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.19764#0174
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
164

LA CHRONIQUE DES ARTS

tion : M. Lefebvre, M. Derré, M. Nivel. Tout en
continuant à leur manière une tradition par la-
quelle ils se rattachent aux plus anciens imagiers
de notre pays, ils ont résolument voulu, avec des
dons et des acquis différents, faire une œuvre qui
portât la marque de leur temps. C’est une joie de
revoir en marbre l’original et charmant Hiver de
M. Iiippolyte Lefebvre. Le même esprit de renou-
vellement et d’ingéniosité inspire son autre envoi,
Le Chant. La réussite y est cependant moins com-
plète que dans la jolie statue de La Musique, qui
fut si goûtée à l’exposition des Boursiers et dont
l’auteur est M. Fernand David. Une petite figurine
en bronze est ici la preuve que ce jeune artiste
reste fidèle à ses ambitions. L’influence de M. Le-
febvre se lit déjà dans maint ouvrage auquel on
applaudit comme à une promesse : Confidence, de
J-M. Félix Dumas, Tout en fleurs, de M. Tisné. Si
*'auteur de L'Hiver et du Chant est l’interprète de
a vie des villes, la tendresse de M. Derré s’est
vouée aux faubourgs, et M. Nivet aime les champs,
les champs de sa province et leur peuple, d’une
robuste et saine sympathie qui évoque plutôt les
souvenirs de Millet que ceux de Constantin Meu-
nier. L’action exercée de son vivant par l’illustre
sculpteur belge se prolonge aujourd’hui par le
Semeur deM. Cordonnier, comme par le Labou-
reur et la Carrière de M. Bouchard.

Cependant, sans trahir une préoccupation spé-
ciale de modernité, l’excellence du morceau, le
goût de l’artiste ou l’agrément de la mise en scène
font le prix d’œuvres conçues dans les données cle
l’École : l'Ève de M. Sicard, les Lauriers de
M. Lombard, le Silence de M. Octobre, le Prin-
temps de M. Larché, les envois de M. Alfred Bou-
cher et de M. Navellier. Ce sont des qualités analo-
gues qui ont permis à M. Gasq et à M. Ernest
Dubois, auteurs l'un d’une fontaine appartenant
à la ville de Reims, l'autre du vaste monument qui
célébrera Bossuet dans la cadrédrale de Meaux,
d’éviter les pires et les plus communs dangers de
la commande officielle. D’une épreuve plus redou-
table encore, puisqu’il lui fallait exécuter le Mo-
nument du Centenaire des Écoles d'arts et mé-
tiers dont Châlons-sur-Marne n'a pas cru pouvoir
se passer, M. Max Blondat s’est, semble-t-il,
tiré plus adroitement encore, bien que son talent
soit, comme il est naturel, plus certain de nous
plaire dans sa jolie fontaine des « Jeunesses ».
Parmi les travaux qu’ordonnèrent l’État ou les
municipalités et qu’attendent les places publi-
ques, il paraît d’ailleurs que les fontaines soient
les moins défavorables à la veine de nos artistes.
Le Salon de 1907 peut compter encore celle de
M. Desruelles. Mais surtout il n’est pas permis de
passer sous silence que la grande Fontaine aux
otaries signale par un bel effort l’émigration, ou
plutôt le retour à la Société des Artistes français,
du sculpteur finlandais M. Vallgren.

De tout temps, dans le marbre ou le bronze
comme sur la toile, nos Français furent habiles à
exprimer les habitudes de corps ou d’esprit de
leurs contemporains. Parmi les bons portraits de
ce Salon, notre curiosité cherche et rencontre
d’abord ceux où se reflètent le mieux, comme dans
les facettes diversement inclinées d’un miroir sen-
sible, l’âme multiple de notre génération, et ce
sont les bustes que signèrent M. Ségoffin et M. Ver-
mare, M. Gustave Michel et M. Greber. A ces
excellents artistes on joindra M, Piron, dont

l’envoi de Rome est une promesse à retenir, et qui
est aussi l’auteur d’une originale petite Faunessc.
Mais cette préférence n’implique pas l’oubli de ce
que valent les travaux plus classiques de M. Puech
et de M. Verlet, de M. Cariés et MUe Itasse.

Enfin, il faut constater avec satisfaction que nos
artistes ne cessent pas de consacrer à la « petite
sculpture » une part non négligeable de leur acti-
vité. Des vitrines, dont quelques-unes sont trop
modestement p'acées dans la section d’art déco-
ratif, sont illustrées par le nom de M. Théodore
Rivière, comme par celui de M. Greber. Des sym-
pathies sont confirmées ou éveillées par les envois
de M. Da Silva Gouveia et de M. Rosales, de
M. Descatoire et de M. Desca, de M. Dufrène c
de M1Ie Thiollier; avec M. Roger-Bloclie, la nature
morte fait son apparition dans le domaine de la
sculpture.

La médaille où M. Yencesse a si remarquable-
ment transposé en bronze une composition de
Carrière, et les autres œuvres du même artiste ont
une haute valeur d’art qui ne se mesure pas à
leur format ; la réputation de nos graveurs en mé-
dailles est encore soutenue par les envois cle
MM. Vernon, Peter, Gonvers, Niclausse, René
Grégoire.

Après expérience faite, il semble que les œuvres
auxquelles leurs dimensions assurent l’accès de
nos appartements se réservent, non sans raison,
les combinaisons de matières et la polychromie.
Cependant, tandis que la Femme en chemise de
M. Allouant souligne ce que le mauvais goût peut
faire avec du marbre, du bronze, clu bois et de
l'ivoire, le quarlz rose pare d’une irrésistible sé-
duction la Nymphéa de M. Confier, et il n’est pas
jusqu’aux bretonneries de M. Quillivic qui ne
doivent au bois où elles furent taillées quelque
rude attrait. D’ailleurs, tout en célébrant l’incom-
parable vertu de la simplicité, on se gardera de
proscrire l’imagination et la fantaisie. Le bizarre
lui-même et le macabre peuvent être justifiés par
le talent. Si cet amour de l’inédit a égaré M. Jaco-
pin, il s’en est fallu de peu que M. Brou ne trou-
vât, pour honorer Villiers de lTsle-Adam, un hom-
mage qu’aurait approuvé l’auteur des Contes
cruels.

*

* *

Dessins et Gravures

Plusieurs des peintres dont nous avons cité les
toiles doublent leur participation au Salon par des
envois à la section des dessins, pastels et aqua-
relles. L’emploi du pastel ne diminue pas l’intérêt
des portraits de M. Marcel Baschet, des figures de
M. Guinier, d'un paysage de M. Pointelin, de M.
Grosjean. L’aquarelle convient aux talents de
M. Henri Marret et de M. Yignal. D’autres, et ce
ne sont pas les moins dignes d’attention, exposent
ici principalement des études, dessins, rehaussés
ou non, de quelques touches de couleur : M1U Mor-
stadt, M. Jouas, M. Doigneau, M. Grau, M. Selmy,
M. Troncy, M. Royer, M. Guillonnet. On ne doit
pas négliger de voir les illustrations de M. Raphaël
Collin, les dessins de M. Corabœuf, le pastel de
M. Sallanoff, les aquarelles de MM. Boggs, Ladu-
rcau, Pierre Lahalle, et de M1Ie Grilliet. Cependant
un exemple de sagesse et de longévité nous est
offert par M. Gratia. qui nous montre, cette année,
un pastel daté de 1842. Enfin, parmi les miniatures,
travaux minutieux que le public ne regarde guère,
 
Annotationen