N° 2G. - 1907. BUREAUX : 8, RUE FAVART (2e Arr.) 27 Juillet.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
PARAISSANT LE SAMEDI MATIN
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Paris, Seine et Seine-et-Oise. ... 10 fr. Étranger (Etats faisant partie de
Départements. 12 fr. l’Union postale). 15 fr.
Xi® 3ST-u.m.éro : O fr. 25
PROPOS DU JOUR
,^!<'#'i'ADmInIsTraTIon des Beaux-Arts
met à ratifier l’achat des deux
Chardin par le Louvre une lenteur
1 ■ dont l’opinion commence à s’éton-
ner. On sait que notre Musée national a été
assez heureux pour acheter avant l’Exposi-
tion Chardin, les deux toiles connues sous le
nom de VEnfant au lotonetLe Jeune homme
au violon-, ouvrages célèbres, et dès long-
temps convoités par les amateurs. L’Etat
a pris sa part des félicitations alors adresées
au Louvre ; les autorités ont dédié devant les
ouvrages ; la pancarte « acquis par l’Etat »
s’est étalée sur les cadres. IL ne manque,
pour que l’acliat soit définitif, que la signa-
ture des Pouvoirs publics. Elle se fait atten-
dre. Pourquoi ?
Ce retard est si inexplicable que les bruits
les plus invraisemblables ont couru. Il en est
qu’on ose à peine mentionner, pour l’honneur
de nos artistes et de nos administrations, et
qui prouvent seulement la malignité publique.
N’a-t-on pas été jusqu’à prétendre que cer-
tains n’avaient pas vu sans mécontentement
une somme considérable affectée à l’achat de
tableaux anciens, quand il y a tant d’artistes
vivants soucieux de leur vente? N’a-t-on pas
insinué que les bureaux de T Administration
restaient inquiets de cette cause possible
d’impopularité? Il est à peine besoin de signa-
ler tout ce que ces hypothèses ont de déso-
bligeant, et il aurait mieux valu pour tout le
monde qu’aucun prétexte de les faire ne fût
intervenu.
On a mené aussi une bien étrange cam-
pagne contre l’authenticité de l’une des toiles
acquises. Des connaisseurs improvisés et bé-
névoles sont venus, avec plus de fantaisie que
de savoir, faire des objections aussi tardives
qu’inopinées. Par acquit de conscience, une
enquête a été décidée, et elle a naturelle-
ment conclu à une authenticité non douteuse.
Le Conseil des Musées et le Comité consul-
tatif de nouveau réunis se sont prononcés
sans hésiter pour l’achat des toiles. Il ne
pouvait pas en être autrement ; toutes les
considérations tirées soit de l’examen du ta-
bleau lui-même, soit de son histoire qui est
connue avec précision, sont décisives. Les
deux toiles ont un passé dont rien n’est
ignoré : elles ont figuré dans diverses exposi-
tions, en 1867 à Versailles, en 1897 à Paris ;
elles ont été étudiées et admirées. On 11e
s’explique guère des hésitations aussi inatten-
dues ; 011 s’explique plus mal encore que
l’Administration clés Beaux-Arts les ait prises
en considération. Il y a une manière de
mettre fin à une situation qui pourrait beau-
coup se compliquer et avoir des suites
ennuyeuses pour l’Administration : c’est que
l’achat par l’État, moralement accompli, de-
vienne enfin officiel.
Nous avons plaisir à apprendre que la
Galerie des Machines est sauvée. Le Gouver-
nement a compris qu’011 ne pouvait laisser
détruire ce monument grandiose, qui mar-
quera une date dans l’histoire de l’architec-
ture moderne, et il l’a acquise de la Ville de
Paris pour une somme relativement minime,
qui sera couverte par la vente des terrains
du Champ-de-Mars à la Ville. Les intérêts
de tous se trouvent ainsi conciliés, et nous ne
saurions trop en féliciter ceux qui ont pris
l’initiative de cette heureuse solution.
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,^!<'#'i'ADmInIsTraTIon des Beaux-Arts
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Chardin par le Louvre une lenteur
1 ■ dont l’opinion commence à s’éton-
ner. On sait que notre Musée national a été
assez heureux pour acheter avant l’Exposi-
tion Chardin, les deux toiles connues sous le
nom de VEnfant au lotonetLe Jeune homme
au violon-, ouvrages célèbres, et dès long-
temps convoités par les amateurs. L’Etat
a pris sa part des félicitations alors adresées
au Louvre ; les autorités ont dédié devant les
ouvrages ; la pancarte « acquis par l’Etat »
s’est étalée sur les cadres. IL ne manque,
pour que l’acliat soit définitif, que la signa-
ture des Pouvoirs publics. Elle se fait atten-
dre. Pourquoi ?
Ce retard est si inexplicable que les bruits
les plus invraisemblables ont couru. Il en est
qu’on ose à peine mentionner, pour l’honneur
de nos artistes et de nos administrations, et
qui prouvent seulement la malignité publique.
N’a-t-on pas été jusqu’à prétendre que cer-
tains n’avaient pas vu sans mécontentement
une somme considérable affectée à l’achat de
tableaux anciens, quand il y a tant d’artistes
vivants soucieux de leur vente? N’a-t-on pas
insinué que les bureaux de T Administration
restaient inquiets de cette cause possible
d’impopularité? Il est à peine besoin de signa-
ler tout ce que ces hypothèses ont de déso-
bligeant, et il aurait mieux valu pour tout le
monde qu’aucun prétexte de les faire ne fût
intervenu.
On a mené aussi une bien étrange cam-
pagne contre l’authenticité de l’une des toiles
acquises. Des connaisseurs improvisés et bé-
névoles sont venus, avec plus de fantaisie que
de savoir, faire des objections aussi tardives
qu’inopinées. Par acquit de conscience, une
enquête a été décidée, et elle a naturelle-
ment conclu à une authenticité non douteuse.
Le Conseil des Musées et le Comité consul-
tatif de nouveau réunis se sont prononcés
sans hésiter pour l’achat des toiles. Il ne
pouvait pas en être autrement ; toutes les
considérations tirées soit de l’examen du ta-
bleau lui-même, soit de son histoire qui est
connue avec précision, sont décisives. Les
deux toiles ont un passé dont rien n’est
ignoré : elles ont figuré dans diverses exposi-
tions, en 1867 à Versailles, en 1897 à Paris ;
elles ont été étudiées et admirées. On 11e
s’explique guère des hésitations aussi inatten-
dues ; 011 s’explique plus mal encore que
l’Administration clés Beaux-Arts les ait prises
en considération. Il y a une manière de
mettre fin à une situation qui pourrait beau-
coup se compliquer et avoir des suites
ennuyeuses pour l’Administration : c’est que
l’achat par l’État, moralement accompli, de-
vienne enfin officiel.
Nous avons plaisir à apprendre que la
Galerie des Machines est sauvée. Le Gouver-
nement a compris qu’011 ne pouvait laisser
détruire ce monument grandiose, qui mar-
quera une date dans l’histoire de l’architec-
ture moderne, et il l’a acquise de la Ville de
Paris pour une somme relativement minime,
qui sera couverte par la vente des terrains
du Champ-de-Mars à la Ville. Les intérêts
de tous se trouvent ainsi conciliés, et nous ne
saurions trop en féliciter ceux qui ont pris
l’initiative de cette heureuse solution.