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La chronique des arts et de la curiosité — 1907

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Nr. 31 (5 Octobre)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19764#0309
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ET DE LA CURIOSITE

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BIBLIOGRAPHIE

Gustavo Frizzoni. — Le Gallerie dell’ Accade-
mia Carrara in Bergamo. Bergamo, Istituto
italiano d’arti grafiche, 1S07. Un vol. in-8°, 218
pages et 195 gravures.

Un des grands charmes des musées d’Italie est
que chacun d’eux est représentatif d’une écele ar-
tistique. Et cela est vrai, non seulement des mu-
sées des grandes villes telles que Venise, Flo-
rence ou Sienne, mais plus encore des petites
cités, dont chacupc nous fait connaître des écoles
locales que parfois nous chercherions vainement
ailleurs.

C’est ainsi que le musée de Bergame est parti-
culièrement précieux pour l’étude de l’art de ces
petites villes du nord de l’Italie qui ont gravité
autour de Milan et de Venise, et qui presque toutes
ont donné naissance à quelque grand artiste.

Ici seulement on pourra connaître dans son en-
semble cette école de Bergame qui a été illustrée
par des artistes tels que Francesco et Girolamo
da Santa Croco, tel que Cariani, l’éminent por-
traitiste, tels surtout que Previtali ou Lorenzo
Lotto, dont le musée possède plusieurs chefs-
d’œuvre.

L’école de Brescia est non moins bien représen-
tée. Et il semble qu’au musée de Bergame seule-
ment on puisse se rendre compte de l’exception-
nelle valeur comme portraitiste de ce Morone qui,
dans les œuvres de la fin de sa vie, par la profon-
deur de la pensée et les ressources du modelé,
semble égaler Rembrandt.

De Pisanello, le grand maître de Vérone, le mu-
sée possède le célèbre portrait de Lionello d’Este.

L’école de Milan est au grand complet. C’est
une rareté que le Crucifiement de Vincenzo Foppa,
et ce sont de très belles œuvres que les Madones
de Borgognone et de Gaudenzio Ferrari.

Enfin, un certain nombre d’œuvres de premier
ordre appartiennent aux diverses écoles d’Italie.
Citons, parmi celles des grands maîtres du xv*
siècle, les deux petites scènes de Francesco Pesel-
lino tirées d’une nouvelle de Boccace, une Madone
de Jacopo Bellini, un Saint Sébastien d’Antonello
de Messine, le portrait de Julien de Médicis par
Batticelli et un Saint Sébastien, œuvre de la pre-
mière jeunesse de Raphaël.

Ajoutons, pour plaire aux critiques, que les
problèmes intéressants ne manquent pas : par
exemple, le prétendu portrait de César Borgia, at-
tribué par M. Frizzoni à Grlisto Piazza, et le déli-
cieux Orphée et Eurydice attribué à Gioi’gione,
qui a en effet tous les caractères de son art et qui,
comme la Daphné du séminaire de Venise, nous
montre cette étonnante alliance de la figure et du
paysage que personne n’a su retrouver après lui.

Quant au livre, remarquablement illustré de 195
gravures, il suffit de dire le nom de son auteur
pour en faire connaître tout le prix. Gustavo Friz-
zoni qui, mieux que personne, connaît l’art ita-
lien et surtout les écoles du nord de l'Italie, a
étudié avec un rare amour les collections de Ber-
game, sa patrie et celle de son cher et illustre
maî're Morelli.

Marcel Reymond.

NECROLOGIE

Le 23 septembre dernier s’est éteint, après quel-
ques jours d’agonie, le peintre Félix Villé. Il était
né à Mézières (Ardennes), le 21 novembre 1819 et,
après avoir étudié chez Cogniet, s’était fixé à Paris.
Il débuta au Salon de 1848 et, jusqu’en 1889,
exposa presque chaque année. Dès 1852, il s’était
consacré à l’art religieux et ses goûts l’entraînèrent
souvent aux représentations symboliques. Bien
que le professorat lui ait pris pendant près d’un
demi-siècle une bonne partie de son temps, il
laisse un œuvre assez considérable. Il est épar-
pillée dans maintes églises et chapelles, à Paris,
en province, à l’étranger, et dans les musées de
Reims, d’Orléans, de Laval, d’Annonay et de Fri-
bourg. Ses compositions les plus typiques sont :
La Danse macabre, Le Dernier Jour (d’après
l’Apocalypse), La Résurrection des corps, Le
voilà!, Les Vierges sages et les Vierges folles
(musée de Laval), Le grand souper (d’après l’Apo-
calypse), La Cité céleste, Jésus à Capharnaüm
(musée d’Annonay;, Daniel clans la fosse (cha-
pelle Sainte-Rosalie, Paris), Chemin de croix
(grisailles, Saint-Martin, Paris), Jésus et les en-
fants (Notre-Dame-de-Lorette) chapelle des caté-
chismes):

Très laborieux, malgré son grand âge, il tra-
vaillait encore sur nature la veille du jour où le
mal le frappa. Il avait le sens de la décoration
murale et sacrifiait volontiers les expressions fa-
ciales aux arrangements de groupes, aux harmo-
nies de lignes. C’était un artiste cl’un sentiment dé-
licat et d’une vision synthétique; les larges
ensembles et les effets monochromes l’attiraient
particulièrement. Aussi est-ce dans ses cartons
qu’il a laissé le meilleur de lui-même. C’était enfin,
clans toute la force du terme, un homme de bien.
Quoique né sous Louis XVIII, il n’était pas le
doyen de nos peintres; ce titre revient à son vieil
ami Raymond Balze, le dernier des ingristes, qui
compte aujourd’hui quatre-vingt-douze ans.

M. Henri Bodm3r, peintre et publiciste, ancien
collaborateur de Y Illustration, est décédé subite-
ment au château de Veaupereux (Seine-et-Oise). Il
était le fils du célèbre graveur Karl Bodmer.

Nous avons le regret d’annoncer la mort du
commissaire-priseur bien connu M8 Paul Cheval-
lier, décédé dimanche soir 29 septembre, clans sa
propriété de Louveciènnes, près Paris, à l’âge de
cinquante-six ans. U était depuis 1881 commis-
saire-priseur du département de la Seine, ayant
succédé à Me Pillet, et depuis cette date il avait été
plusieurs fois élu membre cle la Chambre des
commissaires-priseurs et à doux reprises choisi
comme président par ses confrères. Son nom a été
associé aux ventes les plus retentissantes : Spitzer,
Secrétaa, Beurdeley, Piot, Meissonier, Ch. Jacque,
Rosa Bonheur, princesse Mathilde, Lutz, Tabou-
rier, comte Doria, Mme Lelong, Mühlbacher, Gail-
lard, Carrière, Chappey, Sedelmeyer, etc. Il s’élait
fait vivement estimer par sa parfaite correction, sa
grande loyauté, son esprit cle décision, le charme,
enfin, cle son commerce particulier.
 
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