La chronique des arts et de la curiosité (1907)

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LA CHRONIQUE DES ARTS

de la bibliothèque du Muséum, fermée de-
puis le 31 août ; de la Bibliothèque de l’Ecole
des Beaux-Arts, fermée depuis le 1er août.

La saison dans laquelle le musée Condé est
ouvert tous les jours se terminera le diman-
che 20 octobre. Le musée ne sera donc plus
ouvert que les jeudis, samedis et dimanches.

*** LTnstitut, dans sa séance trimestrielle
du 2 octobre, a accepté, sur le rapport de
M. Gaston Boissier, secrétaire perpétuel de
l’Académie française, le legs du vicomte
de Spoelbercli de Lovenjoul, qui consiste,
comme nous l’avons annoncé, en une inap-
préciable collection de manuscrits, lettres,
papiers intimes, publications de toute sorte
ayant trait aux principaux écrivains français
de l’époque romantique, notamment à Balzac,
Théophile Gautier, George Sand, Sainte-
Beuve, Musset, Stendhal, Mérimée, de Vigny,
etc., etc. Ce trésor si précieux pour l’histoire
littéraire du siècle dernier sera déposé au
château de Chantilly.

*** Valentine Cantrel, qui, le 3 septem-
bre dernier, gratta, au musée du Louvre,
avec des ciseaux, le tableau d’Ingres La Cha-
pelle Sixtine, a été condamnée la semaine
dernière, par la neuvième chambre du tri-
bunal civil de la Seine, à six mois de prison
et à 100 fr. d’amende. Cette peine ayant été
jugée insuffisante par le parquet, le procu-
reur de la République a fait appel a minima
de cette décision.

*** La vieille église de Montmartre, dont
le service des Beaux-Arts avait pris posses-
sion il y a six ans pour la faire restaurer, car
elle menaçait ruine, va être incessamment
rendue au culte. La restauration de Saint-
Pierre, faite par M. Sauvageot, a sauvé les
deux colonnes de l’abside, qu’une tradition
prétend avoir appartenu au temple de Mars
qui occupait, avant l’ère chrétienne, l’empla-
cement de l’église. L’église actuelle est du
xiie siècle et a été consacrée par le pape
Eugène III.

*** La semaine dernière on arrêtait à
Clermont-Ferrand, pour vol d’une chape his-
torique de grande valeur appartenant à l’église
de Blousac (Haute-Vienne), la famille Tho-
mas puis un complice de celle-ci, Antoine
Faure. L’instruction ouverte par la justice a
révélé en eux les auteurs de la plupart des
nombreux voïs commis dans des églises et
des musées depuis quelque temps, notam-
ment du vol de la châsse d’Ambazac, dérobée
le mois dernier, et du vol opéré l’an dernier
au musée de Guéret. La châsse d’Ambazac
a pu être retrouvée à Londres chez un anti-
quaire et a été restituée à l’ambassade de
France. Quant aux objets soustraits à Guéret,
treize — croix et reliquaires en émail, mons-
trance, tapisseries — ont été restitués spon-
tanément par un amateur parisien, M. Trenri
de Lannoy, qui les avait acquis de Thomas.
On a retrouvé également ces jours derniers,
au domicile de Thomas, le précieux chef de
saint Baudime, dérobé à l’église de Saint-
Nectaire.

On suppose qu’il faut mettre également à

l’actif de la famille Thomas les vols de la
colombe eucharistique de Laguenne, et d’une
très belle statue de Vierge, enlevée il y a deux
ans à l’église de la Sauvetat.

*** La ville de Saint-Germain-en-Laye
possède une bibliothèque municipale très im-
portante, qui renferme toute une collection
de manuscrits anciens, parmi lesquels deux
manuscrits enluminés du quinzième siècle,
dont l’un, daté de 1426, a pour titre : Les
Statuts de l'ordre royal de Saint-Michel-,
l’autre est un livre d’IIeures enrichi de
soixante-cinq miniatures. Ces deux ouvrages
ont disparu de la bibliothèque municipale de
Saint-Germain, en même temps qu’une cin-
quantaine de planches de châteaux royaux et
diverses livraisons modernes d’art et de déco-
ration. Ces disparitions se sont produites au
courant du mois de septembre, pendant que
le bibliothécaire, M. Bonnaut, était absent.
Prévenu par le maire, le parquet de Versailles
a commencé immédiatement une instruction.
Le livre des Statuts de l’ordre royal de Saint-
Michel a été retrouvé ces jours derniers à
Londres en possession d’un nommé Spira,
venu de Paris, qui a été arrêté et au domicile
duquel on a trouvé, outre la description des
volumes dérobés, deux reliures et une moitié
de reliure timbrées « Ville de Paris, Biblio-
thèque municipale ».

Voici la description de l’autre manuscrit,
d’après le catalogue général des Manuscrits :

Livre d’Iieures. A 3. 24 A. Deuxième moitié
du quinzième siècle. Parchemin. 92 feuillets
183 m/m sur 100m/lu. 65 très belles miniatures.
Reliure maroquin bleu, moderne, signée
Duru, 1849. Provient de la succession de
M. Marchand et passe pour avoir appartenu
à un seigneur de la suite de Jacques II Stuart,
roi d’Angleterre.

*** Trois garnements de Chalon-sur-Saône,
se sont introduits dans le musée de la ville
et, après avoir brisé des statues et des ma-
quettes de valeur, ont volé une montre an-
cienne et un chapeau datant de Napoléon Ier.

*** Sur l’initiative d’un certain nombre
d’admirateurs du peintre Eugène Delacroix, on
vient de placer sur une des maisons de
la rue de Furstenberg, habitée pendant des
années par le célèbre artiste, une plaque rap-
plelant que : « Ferdinand-Victor-Eugène De-
lacroix a habité cette maison jusqu’à la fin
de sa vie, 13 août 1863. »

*** A l'occasion de l’élection de M. Raoul
Rousset comme bâtonnier de l’ordre des avo-
cats près la Cour d’appel de Paris, la Société
amicale des Périgourdins, dont M. Rousset
fait partie, a décidé de lui offrir, au nom de
ses compatriotes, une œuvre d’art du sculp-
teur Moncel, petit bas-relief représentant
d’un côté le buste à mi-corps du bâtonnier,
en robe d’avocat, et, de l’autre, les armes de
Périgueux, dominant le panorama de la cité,
où se détachent en silhouette, au bord de la
Seine, les tours du vieux Palais de Justice.

*** En venant reprendre son service dans
la galerie des peintres lyonnais, au Palais