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https://doi.org/10.11588/diglit.29076#0716
CHRONOLOGIE HISTORIQUE
joz
et trois filies; Isabelle , née l’an i635, mariée, l’an
1664, à Ranuce II, Duc de Parme ; Léonore, née l’an
1642, Pieligieuse à Modene; Marie, née l’an 1644»
troisieme femme de Ilanuce II , Duc de Parme ; et
de sa troisieme femme (inprte en 1699), Renaud,
qui devint Dnc de Modene. Le Duc François joignoit
à la science militaire le goût des belles-lettres et Pa-
mour des beaux arts, qui sieurirent à Modene sous
son régne. Ce fut lui qui coinmença le Palais ducal
sur les desseinsde l’Avanzzini. Plein de respect pour
les choses sacrées et les Iieux saints , il eut soin,
dans les guerres qu’il fit, de les m'etlre à l’abri de la
licence de ses troupes. On raconte, à ce sujet, qu’un
proche parent du Maréchal de Gassion ayantcommis
quelque profanation dans une Eglise , il le ht fusiller,
sans se laisser sséchir parles prieres des Cliefs de l’ar-
mée, qui demandoient sa grace : Jeluipardonnerois,
dit-il, s’il nieutfait perdre une bataille; mais je ne
puis lui pardonner d'avoir traüé sans respect la
Maison de Dieu.
ALFONSE IV.
1 <558. Alfonse IV, flls aîné du Duc François I
et de Marie Farnese, né au mois de Février i634_>
marié, le 27 Mai 1655, avec Laure Martinozzi ,
niece du Cardinal Mazarin , succéde à son pere dans
ses Etats , et dans le titre de Généralissime des armées
de Franoe en Italie, dont Ia Patente lui fut expédiée
au mois de Décembre de la même année. Voyant ,
l’an 1659, la France disposée à faire la paix avec
PEspagne, il travaille , par le conseil de Mazarin , à
faire son accommodeinent avec cette derniere Puis-
sance, et y réussit en renonçant à la ligue que son
pere avoit contractée avec la premiere. Par Ia paix
des Pyrénées , conclue entre la France et l’Eôpagne
le 7 Novembre de la même année, il fut dit, art. 97,
que l’Espagne retireroit la garnison qu’elle tenoit à
Correggio, et engageroit l’Empereur à en donner l’in-
vestiture au Duc de Modene. Le Duc Alfonse, tour-
• menté de la goutte depuis quelques années, y suc-
comba Ie 16 Juillet 1662 , à l’âge de 28 ans , Iaissant,
de son épouse, deux enfans, François , qui suit, et
Marie-Béatrix, qui épousa Jacques II, Roi d’An-
gleterre.
FRANÇOIS II.
1662. François II , fils d’Alfonse IV et de Laure
Martinozzi, né le 6 Alars 1660, succéda à son pere ,
sous ia tutele de sa mere, qui gouverna l’Etat de Mo-
dene avec une sagesse admirable durant la minorité
de son flls. L’an 1664 Traité de Pise , conclu le
12 Février entre Ie Pape Alexandre VII et le Roi de
France, dont ie 2 e article porte que le Pape dédom-
magera le Due de Modene des prétentions qu’il a sur
la ville et les vallées de Commacchio ; mais cet ar-
ticle n’eut point d’exécution. François , au mois de
Mars 1674, ayant atteint l’âge de 14 ans, prend
en main les rênes du Gouvernement. Le Prince César
d’Est, flls d’Alfonse III, acquiert un si grand ascen-
dant sur son esprit, que la Duchesse Laure, ne pou-
vant sousfrir un tel concurrent, prend le parti de se
retirer à Rome ; ce qu’elle exécuta, malgré les prieres
de son fils , au mois d’Avril 1676. Elle mourut en
cette ville, le 19 Juillet 1687, avec la réputation
d’une héroïne et d’une Princesse vertueuse. L’an
1692 le Duc Françoïs épouse , le 14 Juillet, Mar-
guerite Farnese , fille de Ranuce II , et meurt de la
goutte à Sassuolo le 6 Septembre 1694 , sans laisser
de postérité. Ce Prince aimoit extrêmement les Let-
tres et les Arts. II fonda la riche Bibliothéque d’Est,
i’Académie des Dissonanti, l’Université de Modene,
| et fit faire une belle façade de marbre à l’Eglise de
S. George, qui avoit été bâtie sur les desseins du cé-
lebre Vigerini.
R E N A U D.
1694. Renaud , fils du Duc François I et de Lu-
crece Barberini, né le i5 Ayril i655, créé Cardinal le
2 Septembre ) 686, succéde à son neveu le Duc Fran-
çois II. S’étant rendu, l’an 1695, à Rome, il en ra-
mene, au mois de ?dai, la Duchesse , sa mere , qui
s’y étoitretirée au mois d’Octobre i683 , pour s’enfer-
mer dans un Couvent. Mais l’arrivée de cette Prin-
cesse occasionne le départ de la Duchesse Marguerite,
veuve de Francois II, qui, le 20 Novembre suivant,
quitte Modene , et s’en retourne à Parrne, où elle
inourut au mois de Juin 1699. Fluit jours après le dé-
part de Marguerite, le Duc Renaud épouse par procu-
reur, dans le château d’Hanovre, la Princesse Char-
lotte-Félicité , fille aînée de Jean-Frédéric, Duc de
BrunswicK-Hanovre , sœur de Guillelmine-Amélie ,
qui épousa depuis l’Empereur Joseph I. Les deux
époux tiroient leur origine commune d’Albert-Az-
zonll, Marquis d’Est. Cet Azzon eut deux femmes;
Cunegonde,lapremiere,luidonna Welphe,ou Guelie,
IV e du noin de sa Maison, lequel, étant passé en
Allemagne , y fut créé Duc de Baviere, en 1071 , par
l’Empereur Henri IV , et devint le Chef de la branche
d’Est-BrunswicK ; Gersende, ia 2 e feinme d’AIbert-Az-
zon, le fit pere de Foulques eî dô Hugues , qui conti-
nuerent- la Maison d’Est en Italie. ( Voy. Welphe,
Ducde Baviere, T. III, p. 398.) Le Duc Renaud obtient
enfm, l’an 1698 , de î’Empereur un Diplôme , daté
du 7 Mai , qui le confirme dans la possassion de
Correggio , qui lui étoit disputée par Gilbert , descen-
dant des anciens Souverains de cette Prîncipauté.
L’an 1702, le 6 Janvier, il livre sa forteresse de Bres-
cello aux Iinpériaux, qui étoient aussi entrés dans la
Mirandole. Voyant ensuite les troupes srancoises
prêtes à inonder son pays, il sortit de Modene avec
sa fainille et sa Cour le 3o Juillet, et alla s’établir à
Bologne , en attendant que l’orage fût passé. Les
François établis à Modene saisissent et confisquent,
le 8 Décembre 1708 , tous les revenus du Duc Re-
naud, sous ce prétexte, dit Muratori, que son Mi-
nistre à Vienne, étant dans l’antichambre de la Pœine
des Romains, avoit salué i’Archiduc Charles , alors
déclaré Roi d’Espagne, et lui en avoit fait son com-
pliment. Le malheureux Duc ne fut pas mieux traité
des Jmpériaux, que leurs mauvais procédès l’avoient •
ensuite obligé d’abandonner. La nuit du 19 au 20
Novembre 1706 ils emporterent d’assaut la visse de
Modene. Les François qui, après la breche forcée,
ne furent pas assez diligens pour gagner lc château ,
furent massacrés dans la chaleur de ia prise. L’annej^
suivante , tandis que les Impériaux pressoient ie
siége de la citadelle de Modene , le Duc Renaud ar-
rive de Bologne le 3i Janvier, et, le 7 Février sui-
vant, il engage le Gouverneur àTendre la place mal-
gré l’ordre qu’il avoit reçu de se défendre jusqu’à la
derniere extrémité , malgré les menaces que lui fit
avec emportement, s’il avoit la lâcheté de se rendre,
le Chevalier Folard , l’un des pritrcipaux Officiers ,
malgré le refus de tous les autres Osficiers de signer
aucune capitulation, et malgré l’indignation de la
garnison. Les François devoient sortir par la breche ;
mais comme il n’y en avoit point , on en fit une.
Quand ce travail fut fini, mille assiégés défderent
en présence de six cens assiègeans ; car il n’y en avoit
pas davantage. Cette singuiiere aventure finit par
une pension de six mille livres qu’on accorda au Cou-
verneur. L’an 1708 , un événement, auquel on ne
s’attendoit guere, sembla ouvrir au Duc de Modene
une voie pour rentrer dans un autre héritage enlevé
à ses ancêtres. Au mois de Mai de cette année, mé-
content du Pape Clément XI , l’Empereur Joseph
envoya des troupes dans 1q Ferrarois pour s’emparer
joz
et trois filies; Isabelle , née l’an i635, mariée, l’an
1664, à Ranuce II, Duc de Parme ; Léonore, née l’an
1642, Pieligieuse à Modene; Marie, née l’an 1644»
troisieme femme de Ilanuce II , Duc de Parme ; et
de sa troisieme femme (inprte en 1699), Renaud,
qui devint Dnc de Modene. Le Duc François joignoit
à la science militaire le goût des belles-lettres et Pa-
mour des beaux arts, qui sieurirent à Modene sous
son régne. Ce fut lui qui coinmença le Palais ducal
sur les desseinsde l’Avanzzini. Plein de respect pour
les choses sacrées et les Iieux saints , il eut soin,
dans les guerres qu’il fit, de les m'etlre à l’abri de la
licence de ses troupes. On raconte, à ce sujet, qu’un
proche parent du Maréchal de Gassion ayantcommis
quelque profanation dans une Eglise , il le ht fusiller,
sans se laisser sséchir parles prieres des Cliefs de l’ar-
mée, qui demandoient sa grace : Jeluipardonnerois,
dit-il, s’il nieutfait perdre une bataille; mais je ne
puis lui pardonner d'avoir traüé sans respect la
Maison de Dieu.
ALFONSE IV.
1 <558. Alfonse IV, flls aîné du Duc François I
et de Marie Farnese, né au mois de Février i634_>
marié, le 27 Mai 1655, avec Laure Martinozzi ,
niece du Cardinal Mazarin , succéde à son pere dans
ses Etats , et dans le titre de Généralissime des armées
de Franoe en Italie, dont Ia Patente lui fut expédiée
au mois de Décembre de la même année. Voyant ,
l’an 1659, la France disposée à faire la paix avec
PEspagne, il travaille , par le conseil de Mazarin , à
faire son accommodeinent avec cette derniere Puis-
sance, et y réussit en renonçant à la ligue que son
pere avoit contractée avec la premiere. Par Ia paix
des Pyrénées , conclue entre la France et l’Eôpagne
le 7 Novembre de la même année, il fut dit, art. 97,
que l’Espagne retireroit la garnison qu’elle tenoit à
Correggio, et engageroit l’Empereur à en donner l’in-
vestiture au Duc de Modene. Le Duc Alfonse, tour-
• menté de la goutte depuis quelques années, y suc-
comba Ie 16 Juillet 1662 , à l’âge de 28 ans , Iaissant,
de son épouse, deux enfans, François , qui suit, et
Marie-Béatrix, qui épousa Jacques II, Roi d’An-
gleterre.
FRANÇOIS II.
1662. François II , fils d’Alfonse IV et de Laure
Martinozzi, né le 6 Alars 1660, succéda à son pere ,
sous ia tutele de sa mere, qui gouverna l’Etat de Mo-
dene avec une sagesse admirable durant la minorité
de son flls. L’an 1664 Traité de Pise , conclu le
12 Février entre Ie Pape Alexandre VII et le Roi de
France, dont ie 2 e article porte que le Pape dédom-
magera le Due de Modene des prétentions qu’il a sur
la ville et les vallées de Commacchio ; mais cet ar-
ticle n’eut point d’exécution. François , au mois de
Mars 1674, ayant atteint l’âge de 14 ans, prend
en main les rênes du Gouvernement. Le Prince César
d’Est, flls d’Alfonse III, acquiert un si grand ascen-
dant sur son esprit, que la Duchesse Laure, ne pou-
vant sousfrir un tel concurrent, prend le parti de se
retirer à Rome ; ce qu’elle exécuta, malgré les prieres
de son fils , au mois d’Avril 1676. Elle mourut en
cette ville, le 19 Juillet 1687, avec la réputation
d’une héroïne et d’une Princesse vertueuse. L’an
1692 le Duc Françoïs épouse , le 14 Juillet, Mar-
guerite Farnese , fille de Ranuce II , et meurt de la
goutte à Sassuolo le 6 Septembre 1694 , sans laisser
de postérité. Ce Prince aimoit extrêmement les Let-
tres et les Arts. II fonda la riche Bibliothéque d’Est,
i’Académie des Dissonanti, l’Université de Modene,
| et fit faire une belle façade de marbre à l’Eglise de
S. George, qui avoit été bâtie sur les desseins du cé-
lebre Vigerini.
R E N A U D.
1694. Renaud , fils du Duc François I et de Lu-
crece Barberini, né le i5 Ayril i655, créé Cardinal le
2 Septembre ) 686, succéde à son neveu le Duc Fran-
çois II. S’étant rendu, l’an 1695, à Rome, il en ra-
mene, au mois de ?dai, la Duchesse , sa mere , qui
s’y étoitretirée au mois d’Octobre i683 , pour s’enfer-
mer dans un Couvent. Mais l’arrivée de cette Prin-
cesse occasionne le départ de la Duchesse Marguerite,
veuve de Francois II, qui, le 20 Novembre suivant,
quitte Modene , et s’en retourne à Parrne, où elle
inourut au mois de Juin 1699. Fluit jours après le dé-
part de Marguerite, le Duc Renaud épouse par procu-
reur, dans le château d’Hanovre, la Princesse Char-
lotte-Félicité , fille aînée de Jean-Frédéric, Duc de
BrunswicK-Hanovre , sœur de Guillelmine-Amélie ,
qui épousa depuis l’Empereur Joseph I. Les deux
époux tiroient leur origine commune d’Albert-Az-
zonll, Marquis d’Est. Cet Azzon eut deux femmes;
Cunegonde,lapremiere,luidonna Welphe,ou Guelie,
IV e du noin de sa Maison, lequel, étant passé en
Allemagne , y fut créé Duc de Baviere, en 1071 , par
l’Empereur Henri IV , et devint le Chef de la branche
d’Est-BrunswicK ; Gersende, ia 2 e feinme d’AIbert-Az-
zon, le fit pere de Foulques eî dô Hugues , qui conti-
nuerent- la Maison d’Est en Italie. ( Voy. Welphe,
Ducde Baviere, T. III, p. 398.) Le Duc Renaud obtient
enfm, l’an 1698 , de î’Empereur un Diplôme , daté
du 7 Mai , qui le confirme dans la possassion de
Correggio , qui lui étoit disputée par Gilbert , descen-
dant des anciens Souverains de cette Prîncipauté.
L’an 1702, le 6 Janvier, il livre sa forteresse de Bres-
cello aux Iinpériaux, qui étoient aussi entrés dans la
Mirandole. Voyant ensuite les troupes srancoises
prêtes à inonder son pays, il sortit de Modene avec
sa fainille et sa Cour le 3o Juillet, et alla s’établir à
Bologne , en attendant que l’orage fût passé. Les
François établis à Modene saisissent et confisquent,
le 8 Décembre 1708 , tous les revenus du Duc Re-
naud, sous ce prétexte, dit Muratori, que son Mi-
nistre à Vienne, étant dans l’antichambre de la Pœine
des Romains, avoit salué i’Archiduc Charles , alors
déclaré Roi d’Espagne, et lui en avoit fait son com-
pliment. Le malheureux Duc ne fut pas mieux traité
des Jmpériaux, que leurs mauvais procédès l’avoient •
ensuite obligé d’abandonner. La nuit du 19 au 20
Novembre 1706 ils emporterent d’assaut la visse de
Modene. Les François qui, après la breche forcée,
ne furent pas assez diligens pour gagner lc château ,
furent massacrés dans la chaleur de ia prise. L’annej^
suivante , tandis que les Impériaux pressoient ie
siége de la citadelle de Modene , le Duc Renaud ar-
rive de Bologne le 3i Janvier, et, le 7 Février sui-
vant, il engage le Gouverneur àTendre la place mal-
gré l’ordre qu’il avoit reçu de se défendre jusqu’à la
derniere extrémité , malgré les menaces que lui fit
avec emportement, s’il avoit la lâcheté de se rendre,
le Chevalier Folard , l’un des pritrcipaux Officiers ,
malgré le refus de tous les autres Osficiers de signer
aucune capitulation, et malgré l’indignation de la
garnison. Les François devoient sortir par la breche ;
mais comme il n’y en avoit point , on en fit une.
Quand ce travail fut fini, mille assiégés défderent
en présence de six cens assiègeans ; car il n’y en avoit
pas davantage. Cette singuiiere aventure finit par
une pension de six mille livres qu’on accorda au Cou-
verneur. L’an 1708 , un événement, auquel on ne
s’attendoit guere, sembla ouvrir au Duc de Modene
une voie pour rentrer dans un autre héritage enlevé
à ses ancêtres. Au mois de Mai de cette année, mé-
content du Pape Clément XI , l’Empereur Joseph
envoya des troupes dans 1q Ferrarois pour s’emparer