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migrations nouvelles et qu'un milieu plus ou moins favorable
précipite ou retarde tour à tour. Mais le fait reste constant.
Ainsi voit-on l'Iranien pâle inonder la plaine du Gange pour
se perdre parmi les masses dravidiennes jusqu'au surgisse-
ment de l'art hindou. Ainsi voit-on l'art grec jaillir sur les
rivages de l'Attique pour témoigner de la rencontre des
Doriens descendus du Nord et des Ioniens et Mycéniens
imprégnés, par la Syrie, du sang des esclaves noires qui
peuplent les harems d'Orient. Ainsi voit-on les Germains
recouvrir de leurs alluvions successives la plaine du Pô et
les vallées apennines où vivent les Italiens auparavant méla-
nisés par la politique de Rome, pour que la nouvelle Italie
prenne l'essor violent qui transformera l'Europe, laissant à
sa Venise moins virile le privilège d'un épanouissement plus
riche, grâce au brassage continu, dans les veines du Nor-
dique et du Celte italianisés, du sang sémite et du sang noir.
Ainsi voit-on l'art chrétien sortir du sol français parce que
les bandes franques ont heurté les peuples celtes depuis si
longtemps en contact avec les races du Sud. Ainsi voit-on les
Wisigoths disputer aux Suèves l'Espagne imprégnée de sang
noir jusqu'au jour où, retardée par des convulsions guerrières
terribles, par l'arrivée des Arabes, par la fragmentation du
territoire, une éphémère et haute fleur monte du champ de
carnage. Il n'est pas jusqu'aux Pays-Bas germaniques, en
rapports continus avec la Méditerranée et l'Orient par
Bruges, Anvers, Amsterdam et de plus occupés près d'un
siècle par les armées espagnoles qui n'enfantent un art plas-
tique aussi chaud que celui du Sud, or des tropiques dans la
brume, ailes de pourpre dans les eaux.
Ce drame ethnique est si universel qu'il nous paraît néces-
saire. Toutes ses péripéties se retrouvent dans le nouveau
monde où les Toltèques, puis les Aztèques descendus du
Nord viennent heurter les populations primitives du Yucatan
et du Mexique pour faire rebondir l'art autochtone que les
Polynésiens noirs, après avoir peuplé de colosses l'île de
Pâques, avaient éveillé le long de l'arête des Andes en heur-
tant de leurs pirogues le continent américain... Partout, des
conquérants blancs se présentent devant un édifice splendide,

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