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On reproche souvent aux musées de ne
pas figurer aux ventes publiques. Si ces
reproches sont justes, il est clair qu’ils
seraient fort mal placés à propos de la
vente Fountaine. On a parlé d'un syn-
dicat qui se serait formé en Angleterre
pour acheter des objets à cette vente dans
le hut de les revendre au prix coùtant
au British Museum ; i’intention est loua-
hle sans doute, et il y a là un exemple
qu’on pourrait imiter à l’occasion. Mais
ce serait à coup sùr un mauvais service
à rendre à un établissement public que
d’acheter pour lui des bibelots à ce prix.
Un amateur peut se passer ces fantaisies,
mais un Etat ne le doit dans aucun cas.
Les collections publiques ont d’ailleurs
un avantage sur les collections privées que
l’on oublietropsouvent : c’est laperpétuité.
II est clair que les plats de Léonard Limo-
sin ne se payeront pas toujours 183,000 fr.
et il est non moins clair qu’en fin de
compte les plus belles œuvres d’art finis-
sent toujours par entrer dans les collections
publiques. Du reste, les musées français
sont habitués à compter sur les libéralités
des particuliers ; jusqu’ici ces libéralités
ne leur ont point fait défaut ; et cette
patriotique habitude a depuis quelques
années rencontré des imitateurs, qui, il
faut l’espérer, seront de plus en plus
nombreux.
E. M.
★
¥ ¥
Ceux qui auront été voir l’exposition
rétrospective organisée à Rouen, au Palais
des Consuls, n’auront pas eu à regretter
leur peine. Les bronzes antiques de la
collection Dutuit, les terres cuites grecques
de la collection Bellon, que les lecteurs
de la Gazette connaissent bien, les ivoires
de M. Bligny, dont nos lecteurs peuvent
dans le présent numéro admirer le plus
beau spécimen, les bronzes de la Renais-
sance des collections Rotschild et Basi-
lewsky, les cuirs gaufrés et les faïences
persanes de la collection Spitzer, les tapis-
series des collections Le Breton et Lowen-
gard, valent hien à coup sûr une nouvelle
visite. Ce sont de vieilles connaissances
pour la plupart, mais on est bien aise de
leur donner de nouveau un coup d’œil. La
partie la plus intéressante de cette exposi-
tion était sans contredit la collection des
faïences de Rouen ; grâce à l’obligeance de
nomhreux collectionneurs, on pouvait
suivre facilement les vicissitudes de cette
fabrication locale depuis le xvi e siècle jus-
qu’au xvm e siècle. A vrai dire, si les faïen-
ces de Rouen n’approchent pas pour l’éclat
et l’habileté de la fabrication des faïences
italiennes de la Renaissance, elles peuvent
lutter avec avantage avec les produits de
Nevers, qui ne sont en somme que des
œuvres italiennes de la décadence. Des
pièces comme le grand plat possédé par
M. Maillet du Boulay, ou comme cellesque
nous montrent les collections Gouéllain,
Dutuit, Deschamps, Le Breton, Baudry,
Fromage, Pouyer-Quertier, nous font voir
que les potiers de Rouen ont pu aborder
avec succès tous les genre , depuis la vais-
selle de table jusqu’à la décoration inonu-
mentale. Nous ne pouvons en dire plus
long sur un sujet qui, par son époque,
est un peu étranger à la Gazette, mais tout
le monde gardera bon souvenir des faïences
de l’exposition de Rouen, et il serait à
souhaiter qu’un catalogue un peu détaillé
de cette série fût publié.
E. M.
★
¥ ¥
On saitqu’il est depuis longtemps ques-
tion de restaurer le clocher de Saint-Front
de Périgueux.
M. Abbadie avait formé le projet de le
démolir et de le reconstruire de fond en
comble, comrne il a si malheureusement
fait de l’église elle-même. Nos lecteurs
apprendront sans doute, avec plaisir, que
ce malencontreux projet à peu de chances
d’être mis à exécution. Le ministre des
Cultes, avant de permettre que l’on touchât
une seule pierre de ce vénérable monument,
a voulu prendre l’avis d’une commission
spéciale d’architectes et d’archéologues.
C’est là un précédent qui s’écarte trop des
raditions de l’administration des édifices
diocésains, pour que nous ne nous em-
pressions de le signaler au public et d’en
On reproche souvent aux musées de ne
pas figurer aux ventes publiques. Si ces
reproches sont justes, il est clair qu’ils
seraient fort mal placés à propos de la
vente Fountaine. On a parlé d'un syn-
dicat qui se serait formé en Angleterre
pour acheter des objets à cette vente dans
le hut de les revendre au prix coùtant
au British Museum ; i’intention est loua-
hle sans doute, et il y a là un exemple
qu’on pourrait imiter à l’occasion. Mais
ce serait à coup sùr un mauvais service
à rendre à un établissement public que
d’acheter pour lui des bibelots à ce prix.
Un amateur peut se passer ces fantaisies,
mais un Etat ne le doit dans aucun cas.
Les collections publiques ont d’ailleurs
un avantage sur les collections privées que
l’on oublietropsouvent : c’est laperpétuité.
II est clair que les plats de Léonard Limo-
sin ne se payeront pas toujours 183,000 fr.
et il est non moins clair qu’en fin de
compte les plus belles œuvres d’art finis-
sent toujours par entrer dans les collections
publiques. Du reste, les musées français
sont habitués à compter sur les libéralités
des particuliers ; jusqu’ici ces libéralités
ne leur ont point fait défaut ; et cette
patriotique habitude a depuis quelques
années rencontré des imitateurs, qui, il
faut l’espérer, seront de plus en plus
nombreux.
E. M.
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¥ ¥
Ceux qui auront été voir l’exposition
rétrospective organisée à Rouen, au Palais
des Consuls, n’auront pas eu à regretter
leur peine. Les bronzes antiques de la
collection Dutuit, les terres cuites grecques
de la collection Bellon, que les lecteurs
de la Gazette connaissent bien, les ivoires
de M. Bligny, dont nos lecteurs peuvent
dans le présent numéro admirer le plus
beau spécimen, les bronzes de la Renais-
sance des collections Rotschild et Basi-
lewsky, les cuirs gaufrés et les faïences
persanes de la collection Spitzer, les tapis-
series des collections Le Breton et Lowen-
gard, valent hien à coup sûr une nouvelle
visite. Ce sont de vieilles connaissances
pour la plupart, mais on est bien aise de
leur donner de nouveau un coup d’œil. La
partie la plus intéressante de cette exposi-
tion était sans contredit la collection des
faïences de Rouen ; grâce à l’obligeance de
nomhreux collectionneurs, on pouvait
suivre facilement les vicissitudes de cette
fabrication locale depuis le xvi e siècle jus-
qu’au xvm e siècle. A vrai dire, si les faïen-
ces de Rouen n’approchent pas pour l’éclat
et l’habileté de la fabrication des faïences
italiennes de la Renaissance, elles peuvent
lutter avec avantage avec les produits de
Nevers, qui ne sont en somme que des
œuvres italiennes de la décadence. Des
pièces comme le grand plat possédé par
M. Maillet du Boulay, ou comme cellesque
nous montrent les collections Gouéllain,
Dutuit, Deschamps, Le Breton, Baudry,
Fromage, Pouyer-Quertier, nous font voir
que les potiers de Rouen ont pu aborder
avec succès tous les genre , depuis la vais-
selle de table jusqu’à la décoration inonu-
mentale. Nous ne pouvons en dire plus
long sur un sujet qui, par son époque,
est un peu étranger à la Gazette, mais tout
le monde gardera bon souvenir des faïences
de l’exposition de Rouen, et il serait à
souhaiter qu’un catalogue un peu détaillé
de cette série fût publié.
E. M.
★
¥ ¥
On saitqu’il est depuis longtemps ques-
tion de restaurer le clocher de Saint-Front
de Périgueux.
M. Abbadie avait formé le projet de le
démolir et de le reconstruire de fond en
comble, comrne il a si malheureusement
fait de l’église elle-même. Nos lecteurs
apprendront sans doute, avec plaisir, que
ce malencontreux projet à peu de chances
d’être mis à exécution. Le ministre des
Cultes, avant de permettre que l’on touchât
une seule pierre de ce vénérable monument,
a voulu prendre l’avis d’une commission
spéciale d’architectes et d’archéologues.
C’est là un précédent qui s’écarte trop des
raditions de l’administration des édifices
diocésains, pour que nous ne nous em-
pressions de le signaler au public et d’en