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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 9.1874

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Nr. 1
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Michiels, Alfred: Le Chapeau de Paille par Rubens
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https://doi.org/10.11588/diglit.21838#0030

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26

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

l’idée ne lui serait venue de convoiter sous ses cheveux gris une jeune
personne bien élevée. Justement à cette époque il idéalisait, il poétisait
Hélène Fourment, sa seconde femme, sur un grand nombre de tableaux :
les œuvres où elle trône comme une reine des contes de fées, où il paraît
solliciter pour elle F admiration de T univers, sont en quelque sorte des
chants d’amour. Mais un peintre a besoin de types, de types variés
même, comme un dramaturge, un romancier, ont besoin de caractères.
Mlle Lunden passait, à tort ou cà raison, pour la plus belle personne des
Pays-Bas. Rubens partageait peut-être l’opinion commune, et s’il la
regardait comme trop flatteuse, sa jeune compatriote n’en restait pas
moins un très-beau modèle. Ou il exécuta le portrait de lui-même, pour
l’offrir à ses parents, ou, ce qui est plus vraisemblable, il lui fut demandé
par la famille, qui le garda non-seulement comme un chef-d’œuvre,
mais comme un souvenir domestique. Ce soin religieux est un nouveau
démenti donné au conte de Mensaert.

Le type de Mlle Lunden pourra ne pas plaire à tout le monde; mais il
est frappant et original. Un beau front bien modelé, des yeux énormes
avec des sourcils touffus, un nez régulier, mais un peu fort, une jolie
bouche et un élégant ovale composent un ensemble attrayant, que rehaus-
sent la blancheur de la peau, l’éclat du teint et la finesse des carnations.
Elle semble réfléchie, attentive, défiante même et timide, portée à obser-
ver les gens qui l’approchent et à se tenir sur la réserve. Le grand
chapeau orné de plumes qui ombrage le haut de. sa figure, qui abrite,
pour ainsi dire, ses yeux et son regard, avive, rend plus frappante cette
expression inquiète et soupçonneuse. Et les mèches folles, égarées à
droite et à gauche de la tête, semblent avoir peur. Le maintien est en
harmonie avec le caractère général du type. Mlle Lunden a les bras croi-
sés au-devant de sa taille, comme une jeune personne modeste, qui évite
les attitudes fières et les gestes décidés. La main droite presse le bout
d’une écharpe. Un seul détail ne répond point au sentiment moral dont
toute l’image est pénétrée : la chemisette s’écarte pour laisser voir les
deux seins nus, pressés l’un contre l’autre et dominant le corsage noir.
Ils semblent provoquer l’attention et solliciter le regard. Mais c’était une
mode de l’époque. Rubens a toujours représenté ainsi vêtue sa jeune
femme Hélène Fourment : la poitrine découverte de la belle Anversoise n’a
donc pas la moindre signification. Elle n’atténue pas son air de prudence
timide et inquiète. Mlle Lunden, avec cet esprit craintif, devait peser
chacune de ses paroles, redouter les mauvais propos, être chaste même
en imagination. La chronique ne pouvait plus mal choisir l’héroïne d’un
amour tardif qui eût exalté le vieux Rubens, peu entreprenant d’ail-
 
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