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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 9.1874

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Nr. 1
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Champfleury: De quelques estampes satiriques pour et contre la Réforme, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.21838#0044

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ESTAMPES POUR ET CONTRE LA RÉFORME.

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dons de seconde main, — on va voir combien elles sont dangereuses, — je
chargeai d’abord un ami de me faire dessiner la miséricorde. Le cro-
quis, quoique curieux, ne me suffît pas; je craignais que l’inscription
n’eût été ajoutée postérieurement à la sculpture par quelque adversaire
trop zélé du protestantisme : je me fis envoyer un dessin exact de l’in-
scription. En archéologie, on ne saurait être trop minutieux et sceptique.

Cette première instruction modifia complètement, la nature de l’in-
scription, comme il est facile de s’en apercevoir par le croquis que,
grâce à l’obligeance de M. Viollet-Le-Duc, je pus obtenir. Un clou assez
gros avait été enfoncé dans le milieu du mot, de façon à le rendre
presque illisible. « Il n’est pas possible, m’écrivait M. Paul Bellet, que
l’inscription porte Calvin le porc. »

De son côté M. Viollet-Le-Duc, dessinant à mon intention un trait
rapide de l’animal, me répondait également : « 11 est évident qu’un
mauvais plaisant a fiché un clou, — car le rond haché est une tête de
clou, — pour changer père en porc. »

On se trouve donc ici en face d’un problème non sans ressemblance
avec la fameuse tache d’encre répandue sur le manuscrit de Longus
par Paul-Louis Courier.

Ce n’est pas toutefois que l’ensemble de la miséricorde satirique en
soit profondément modifié. Que l’inscription porte Calvin le père on
Calvin le porcy il n’en reste pas moins une scène représentant trois per-
sonnages dans une attitude d’humble adoration en face d’un animal que
le sculpteur a prétendu symboliser un esprit grossier; car il ne serait pas
impossible que ce quadrupède regardé jusqu’ici comme un porc soit un
âne L Les catholiques, qui appelaient Calvin père) — sans doute père
de la doctrine des réformés, — ne prétendaient pas honorer son image
en l’affublant d’une peau de porc ou d’âne.

Comment et à quelle époque fut introduite cette stalle sous les voûtes
de Saint-Sernin ? Il est facile de le montrer en s’en rapportant à l’histoire
de l’église. On célébrait jadis chaque année, dans les églises de Tou-
louse, le vœu fait par les catholiques en 1562 afin d’être délivrés des
protestants qui, dans la nuit du J 2 au 13 mai de cette même année,
s’étaient emparés du Capitole, de plusieurs églises et avaient profité
des travaux de défense protégeant ces monuments (Saint-Sernin dut être
fortifié de 13/i5 à 1351). Les catholiques ayant triomphé et repris posses-
sion des temples consacrés à leur culte, il n’est pas besoin d’un grand tra-

1. « L’animal représenté en chaire a tout l’air d’un âne et non d’un porc; ses
oreilles sont redressées et rejetées en arrière. » (Lettre de M. Paul Bellet.)
 
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