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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 9.1874

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Nr. 1
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Aquarone, J.: Prétendues découvertes de l'enfant sculpté par Raphae͏̈l
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Catherine II avait acheté la collection d’antiques de Lyde Browne, puis retrouvé sur un
catalogue de cette collection (Londres, 1779) l’indication de « l’enfant noyé, porté par
un dauphin, œuvre exécutée par Lorenzetto de Bologne, suivant le dessin de Raphaël
d’Urhin, précédemment en la possession du bailli de Breteuil, ambassadeur de Malte
auprès du saint-siège. » « Tout ceci, dit M. de Guédéonow, joint à cette circonstance
- significative que les recherches les plus minutieuses pour découvrir l’original du
groupe en marbre de Raphaël sont demeurées jusqu’ici sans résultat, semblerait
prouver surabondamment que c’est précisément cet original qui vient d’être retrouvé
au Musée impérial de Saint-Pétersbourg. » Cependant, pour mettre le comble à cette
certitude, qu’il trouve déjà si complète, il fait valoir l’identité presque absolue (sauf
les extrémités restaurées séparément dans chacune des deux pièces) du marbre de
Pétcrsbourg et du plâtre de R. Mengs, « qui n’a pu admettre dans sa collection qu’un
exemplaire moulé sur le groupe qu’il considérait, sans doute à bon escient, comme
l’œuvre originale du grand maître ».

Nous voudrions bien que M. de Guédéonow eût raison, et que le palais confié à sa
garde comptât un chef-d’œuvre de plus, et quel chef-d’œuvre! une rareté unique,
introuvable. Mais nous craignons bien qu’il ne se soit laissé entraîner par une illusion
trop souvent bien excusable, idolum tribus, qui séduit les collectionneurs passionnés.

Que Lyde Browne ait possédé, après le baron de Breteuil, le groupe restauré par
Cavaceppi et attribué par lui à Raphaël; que le même groupe ait passé en Russie
avec les autres objets de la collection Browne, nous l’admettrons volontiers.

Blais nous sommes encore bien loin de « l’enfant » convoité en 1523 par l’auteur du
Courtisan. Comment se fait-il que pendant deux siècles et demi d’admiration constante,
d’idolâtrie pour le génie de Raphaël, on n’ait retrouvé jusqu’ici aucune trace, aucune
mention de cette précieuse relique? Je sais bien que M. de Guédéonow voit là une cir-
constance significative qui profite à sa thèse. Blais comment l’inutilité des recherches
entreprises pour retrouver une figure incontestablement authentique prouverait-elle
l’authenticité de la sienne? Elle prouverait bien plutôt que les fabricants de statues
du xvme siècle étaient exposés à une grande tentation par la tradition même sortie de
la lettre de Castiglione, qui devait singulièrement affriander les amateurs.

Reste donc l’assertion de Cavaceppi, copiée par l’auteur du catalogue Lyde Browne
de 1779. Car nous ne voyons même pas que M. de Guédéonow puisse y joindre le suf-
frage de R. Blengs. Si celui-ci possédait ce plâtre, cela prouve seulement qu’il lui
plaisait ou qu’ii se trouvait dans son atelier pour une cause quelconque. 11 est difficile
de faire signifier rien de plus à cette circonstance, puisque, comme on l’a vu, l’inven-
taire de sa collection, cité par Passavant, ne contient aucune attribution.

11 semble donc que l’argumentation historique est tout à fait insuffisante, réduite
qu’elle se trouve à un seul témoignage que son isolement, sa date, le long silence qui
l’a précédé, ne permettent pas d’accepter les yeux fermés. Nous ne voulons pas, d’ail-
leurs, attaquer la mémoire de ce restaurateur de statues ; le loisir nous manque pour
ouvrir une enquête sur son compte; mais il peut bien s’être trompé une fois, ou, tout
simplement, s’être prêté à l’humeur du client dont il raccommodait l’acquisition.

A vrai dire, dans un cas comme celui-ci, la véritable preuve, la preuve décisive,
c’est la vue de la chose, l’impression qu’elle produit, la comparaison avec ce qu’on
sait du maître dont le nom est proposé. Malheureusement ce genre de preuve, excel-
lent pour la conviction individuelle, perd toute valeur dans une discussion. Chacun
voit à sa manière. Passavant met sans hésiter le plâtre de Dresde au compte de Raphaël,
 
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