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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 9.1874

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Nr. 1
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Senneville, P.: Les saints évangiles
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https://doi.org/10.11588/diglit.21838#0101

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

9/,.

instant des obstacles que l’étendue du format rendait presque insurmontables. Ce
n’est qu’après des essais en tout genre que cette édition des Évangiles, commencée
en 1860, a pu être menée à bonne fin.

Les eaux-fortes ont été gravées par des artistes bien connus, tels que MM. Veyras-
sat, Bracquemond, Léopold Flameng, Célestin Nanteuil, Gaucherel, etc.; néanmoins,
comme la diversité de leur talent aurait pu nuire à l’unité de l’œuvre, la direction
générale de l’ensemble a été confiée à M. Bédouin, qui avait pour mission de repro-
duire aussi exactement que possible les dessins originaux.

M. Alexandre Bida, choisi pour l’illustration de ce grand ouvrage, est natif de
Toulouse. Après avoir suivi les leçons d’Eugène Delacroix, il fit à diverses reprises
des voyages en Orient, dont il a depuis reproduit les types avec une surprenante exacti-
tude. Malgré sa connaissance approfondie de la contrée, il voulut, avant de commencer
la série des dessins du Nouveau Testament, entreprendre un nouveau voyage en Pales-
tine, et suivit pas à pas les traces du Christ.

L’artiste s’est, comme on devait s’y attendre, beaucoup préoccupé des types, et
leur accent particulier contraste d’autant plus avec la tète de son Christ, auquel il n’a
pas voulu donner de nationalité. Ce Christ, dont la physionomie a plus de charme que
de puissance, ressemble peut-être un peu trop aux anges, mais il a l’avantage d’être
toujours lui-même et de ne prêter à aucune confusion avec les autres personnages
chez lesquels le type juif est en général très-prononcé. Le caractère réaliste delà plu-
part des compositions rendait d’aiileurs cette distinction absolument nécessaire.

Ce n’est pas qu’on puisse refuser à M. Bida le sentiment du merveilleux : quand il
peut l’exprimer par la lumière, il arrive parfois à des effets surprenants. La scène de
la Transfiguration_, par exemple, est parfaitement rendue, et l’éblouissement des apô-
tres très-bien exprimé. La vision 'est aussi très-évidente dans le Jésus marchant sur
les eaux. La scène du Jardin des OlivierSj où les anges viennent prendre part à la
douleur du Dieu fait homme, est vraiment pathétique. Mais, en général, les miracles
fortement exprimés sont rares et font presque une exception dans l’œuvre colossale
du dessinateur.

Le merveilleux paraît gêner M. Bida et, pour éviter un coup de théâtre, il revêt d’un
air de prose et de réalité ce que l’Évangile présente comme une manifestation de la
puissance divine. Vous souvient-il de la manière dont Giotto a compris la Résurrec-
tion de Lazare ? Le mort, enveloppé de ses bandelettes, se relève tout d’une pièce,
comme une momie qui renaît subitement à la lumière : ses membres fortement liés
ne l’aident en rien, et l’on sent qu’une force inconnue, un souffle divin anime ce
cadavre qui se meut sans en avoir conscience'. Le Lazare de M. Bida, couvert d’un
long suaire, sort du sombre caveau en s’avançant vers le Christ, auquel il tend les
bras : il est déjà vivant, il le sait, il comprend toute, l’étendue du miracle qui le rend
à la vie; mais aussi le miracle est bien moins apparent pour nous, qui, le voyant en
pleine possession de lui-même, saisissons plus difficilement le passage de la mort
à la vie. Sur une donnée analogue, Rembrandt a conçu un admirable chef-d’œuvre;
mais le geste du Christ est tellement grandiose, tellement sûr de sa toute-puissance,
que Ton sent clairement le Dieu qui domine la nature et réveille les morts d’un signe
impérieux de sa main. Chez M. Bida, la scène est bien agencée, l’effet est vraiment
piquant, quoiqu’on ne voie pas la preuve matérielle que Lazare était réellement mort.
On ne voit pas non plus au Christ cette décision de volonté qui exclut toute idée
d’hésitation, et l’on songe involontairement à l’interprétation de M. Renan.
 
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