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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 9.1874

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Nr. 1
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Senneville, P.: Les saints évangiles
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https://doi.org/10.11588/diglit.21838#0103

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96

GAZETTE DES- BEAUX-ARTS.

11 semble par moment que M. Bida ait visité la Palestine en touriste plutôt qu’en
chrétien. Le paysage joue un grand rôle clans les compositions de JM. Bida, et il en est
même quelques-unes où les personnages semblent n’avoir d’autre mission que d’ani-
mer un site. L’artiste, s’éloignant systématiquement des traditions de l’école classique
sur le paysage historique, traduit la nature avec une fidélité absolue qui prête un grand
charme à la représentation, mais qui fait peut-être perdre de vue les personnages. La
Pêche miraculeuse, par exemple, montre des falaises qui rappellent Dieppe et le Tré-
port; en mer des barques occupées à la pèche, et sur le rivage une toute petite figure
qui est le Christ : disposition charmante, effet parfaitement compris, que Ton ne saurait
trop louer s’il s’agissait d’un souvenir de voyage, mais qui n’appartient pas à l’art
religieux, puisque l’intervention delà Divinité n’est pas apparente. Ce n’est ni l’immen-
sité de la mer, ni la silhouette des rochers, qui ont démontré aux pécheurs la toute-puis-
sance du Christ; c’est le miracle, et ce que nous demandons à la peinture, c’est de nous
exprimer l’émotion qu’ont dû ressentir ceux qui'en ont été témoins. Nous pourrions en
dire autant du Bon Samaritain, des Saintes Femmes portant des parfums, et de
plusieurs autres sujets où nous voudrions être touchés par des sentiments humains et
où nous sommes simplement charmés par un site pittoresque et bien rendu.

Pour résumer nos impressions, nous trouvons que M. Bida a dépensé partout un
sérieux talent dans l’œuvre prodigieusement difficile qu’il a entreprise. Les tendances
que nous combattons sont celles de notre époque, dont il s’est fait le fidèle interprète,
et, à part quelques exceptions, ses dessins pourraient illustrer la Vie de Jésus, de
M. Renan, aussi bien qu’un véritable Evangile. En insistant sur la vérité locale, en sou-
lignant chaque détail de costume, en rendant l’Orient tel que les voyageurs le con-
naissent, il a fait preuve d’originalité dans son interprétation personnelle. Mais en
rompant avec la tradition, en montrant la réalité là où les grands maîtres avaient cher-
ché un idéal, il nous a causé un certain désenchantement, et l’art du passé se dresse
de toute sa hauteur pour dire que l’Évangile dont on a bercé notre enfance n’a pas
besoin pour émouvoir des secours de la couleur locale et de l’archéologie. L’inspira-
tion que les maîtres y ont puisée touche davantage, parce qu’elle relève simplement
du cœur.

Le défaut que nous reprochons à M. Bida peut être pour d’autres une qualité; mais
un point sur lequel tout le monde sera d’accord, c’est l’immensité de l’effort. Le livre
que la maison Hachette vient de publier marque une étape dans la librairie fran-
çaise, et quelque opinion que Ton ait sur les doctrines qu’il représente au point de
vue de l’esthétique, il a conquis sa place dans l’histoire de l’art contemporain.

P. SENNE VILLE .

Le Rédacteur-Gérant : RENÉ MÉNARD.

pa it : s

j, clayu, impuimkuk.

U te SAINT-BENOIT.

1828
 
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