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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 9.1874

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Nr. 2
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Dumont, Albert: Vases peints de la Grèce propre, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.21838#0138

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130

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

presque toujours ils témoignent cl’une connaissance profonde des prin-
cipes. A côté d’erreurs évidentes, d’autres parties sont traitées avec une
perfection qui fait de nos jours l’étonnement des artistes les plus habiles.
Aucune classe de vases ne montre mieux à quel sentiment profond de
l’harmonie, de la simplicité, à quelle science minutieuse du corps humain
cette époque était arrivée, puisque des œuvres évidemment secondaires
possèdent encore de si rares qualités. Il y a un grand charme à regarder
de près les plus communs de ces lécythus, à chercher dans les détails
de ces compositions les traits de génie par lesquels l’art hellénique révèle
à son insu ses plus heureux mérites. Nous trouvons aussi dans cette
étude un sérieux enseignement. Nous y voyons combien étaient impé-
rieuses les préférences de l’art grec, combien elles s’imposaient à qui-
conque reproduisait la figure humaine.

Il ne faudrait pas croire toutefois que le lécythus décoré avec le plus
grand soin soit très-rare. On cite comme des chefs-d’œuvre le vase de la
collection Pourtalès-Gorgier qui est passé au Musée de Berlin, et celui du
cabinet Grasset, aujourd’hui au British Muséum. Les musées d’Athènes
possèdent des peintures polychromes non moins remarquables ; il est tel
amateur en Grèce qui a pu réunir jusqu’à dix lécythus d’un art aussi
achevé. Les deux gravures que nous donnons, d’après les dessins de
M. Chaplain, reproduisent les deux plus beaux vases de cette classe que
je connaisse. Pour comprendre combien ces tableaux sont parfaits, il faut
par la pensée leur restituer leurs grandes proportions ; les personnages
ont en moyenne vingt-cinq centimètres de hauteur; les figures sont au
trait rouge.

La première de ces peintures représente une scène de toilette. Une
Athénienne reçoit l’éventail que lui présente une femme de sa maison;
deux autres femmes portent : l’une, une corbeille dans laquelle on
remarque un vase qui fait souvent partie, en Attique, du mobilier des
tombeaux; l’autre, un second exemplaire de ce vase 1 et un alabastron.
La scène a un double caractère ; elle rappelle la vie intérieure ; elle est
en même temps funéraire. Les oiseaux que tient le personnage principal
sont les compagnons du gynécée : il ne faut leur prêter aucun sens allé-
gorique. Parfois sous le lit du mort on voit une oie ou un canard qui
paraissent être empruntés aux longues bandes d’animaux fréquentes
sur les poteries d’ancien style. L’artiste s’est inspiré d’antiques tra-

1. Le vase est représenté ici avec le couvercle; c’est une sorte de coupe placée sur
un pied et dont le rebord est replié à l’intérieur, détail que Plutarque signale pour le
cotliôn, x.w0cov, des Spartiates.
 
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