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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 9.1874

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Nr. 2
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Gonse, Louis: Le musée de peinture, [5]: Musée de Lille
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https://doi.org/10.11588/diglit.21838#0164

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LE MUSÉE DE PEINTURE À LILLE.

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cette composition, simple, noble et bien romaine. Les fonds et l’architec-
ture sont d’une grande solidité. Cela nous semble maintenant assez
banal, mais à cette époque une composition comme le Bélisaire était
une grande hardiesse et une grande nouveauté, plus même, un acte
de courage. Le groupe du vieux Bélisaire aveugle, assis au pied du
temple, et de l’enfant blond, rose et frais, tenant le casque, est une
des belles inspirations de David. Les mains et les pieds sont dessinés de
cette façon extraordinaire dont il avait le secret. La figure de la dame
romaine qui fait l’aumône, largement drapée, est fort belle. La couleur
est robuste, quoique terne; les fonds, le manteau de Bélisaire, sont excel-
lents; mais la robe de la femme est d’un ton incertain, grisâtre, fort
désagréable et qui rompt la tonalité sévère. — On en trouverait l’expli-
cation dans un passage des Souvenirs historiques sur David, par Alexandre
Lenoir : « Une anecdote, dit-il, sur son tableau de Bélisaire va prouver
la déférence qu’il avait pour les avis de Vieil, son maître, que l’on se
plaisait à appeler le Nestor de la peinture. David avait terminé le tableau
de Bélisaire; peu satisfait en général de l’ouvrage, il ne pouvait se rendre
compte, surtout, d’un défaut qui nuisait à l’ensemble du coloris. Incer-
tain sur ce qu’il doit faire, il va trouver Vieil, lui conte sa mésaventure
et l’engage à venir dans son atelier. Il avait peint en rouge la draperie
de la dame romaine qui fait l’aumône à Bélisaire. Vieil lui dit ; — Mon-
sieur, vous avez fait un chef-d’œuvre, effacez seulement la draperie
rouge, faites-la blanche et votre tableau sera parfait. — David, éclairé
par ce conseil salutaire, substitue la couleur blanche à la couleur rouge
et s’étonne lui-même de l’effet que produit la métamorphose. »

Le Bélisaire fut acheté par l’électeur de Trêves. Puis, ayant été pris
pendant les premières guerres de la conquête, il servit à couvrir un cais-
son de transport. Un amateur l’acheta dans cet état, le fit restaurer et le
revendit à Lucien Bonaparte. Il a été acquis par le musée de Lille en 1863.

LOUIS GONSE.

[La suite jiroehainemenl.)
 
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