Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 9.1874

DOI Heft:
Nr. 2
DOI Artikel:
Cournault, Charles: Le musée de Nancy et les collections d'Alsace-Lorraine, [2]
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.21838#0201

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
NANCY ET LES COLLECTIONS D’ALSACE-LORRAINE. 191

contenait, outre les appartements particuliers du duc et de la duchesse, des princes
et des princesses, ceux des personnes attachées à leur maison, dont le nombre s’éle-
vait à plus de deux cents. Deux vastes salles occupaient toute la façade qui longe la
Grand’rue et dont les murs existent encore. L’une d’elles, la salle d'honneur, servait
aux fêtes de la cour et aux obsèques des ducs. L’autre, la salle des Cerfs, était con-
consacrée aux assemblées des états-généraux de Lorraine. Cette dernière, seule con-
servée, mesure 55 m de longueur, 8 111 de largeur, 445 m de surface. C’est là qu’était le
musée lorrain. Successivement embellie par les ducs, la salle des Cerfs avait reçu du
peintre Bellange sa décoration définitive, consistant en peintures murales représentant
diverses scènes de la chasse au cerf. Son plafond, en forme de voûte, devait être ana-
logue à celui de la salle d’honneur figuré dans une des planches de la pompe funèbre
de Charles III, par de la Ruelle. Les chiffres du duc Antoine et de sa femme Renée de
Bourbon alternaient sans doute avec les alérions de Lorraine et les fleurs de lys de
France, comme nous les avons vus encore reproduits aux embrasures des fenêtres
avant que l’incendie ne soit venu les détruire.

Tous les appartements du palais avaient été décorés avec une somptuosité analogue.
Des vitraux de couleurs aux armes de Lorraine et de Bourbon étaient disposés aux
impostes des fenêtres. De magnifiques tentures de laine, de soie et d’or, fabriquées en
Flandre et à Nancy, couvraient les murs; et des tapis de Turquie étaient déroulés sur
les carreaux de pierre et de marbre noir qui formaient le sol. Les gravures de la
pompe funèbre de Charles III nous en donnent les dessins. Il y avait, à un des angles
du palais, une tour nommée le Rondoù l’on enfermait ces riches ameublements pen-
dant l’absence des princes. Sa lourde masse était dissimulée par un escalier tournant
à l’extérieur, assez large pour permettre aux voitures de monter jusqu’à son sommet.

M. Lepage, archiviste du département de la Meurthe, a retrouvé, dans les comptes
du receveur général et du cellerier de Nancy, les noms d’une multitude d’artistes
lorrains qui contribuèrent à l’embellissement de cette demeure que Henri IY déclarait
très-commode quoique non bâtie à la moderne et où Louis XIV se trouvait aussi bien
qu’au Louvre : malheureusement toutes les œuvres d’art répandues dans le palais ont
été dispersées ou ont péri.

11 y a une vingtaine d’années, un lit en bois sculpté, peint et doré, aux armes du
duc Antoine, fut mis en vente à Paris et acheté par le roi Louis-Philippe, qui le fit
réparer et l’envoya au château de Pau. C’était vraisemblablement l’œuvre de Yimageur
Jean Crocq, qui sculpta des meubles pour le prince lorrain. Aujourd’hui on ignore ce
qu’est devenu ce meuble historique.

Le graveur de Ruet nous a laissé une vue cavalière du palais ducal et de ses
dépendances. On peut se figurer, d’après cette gravure exécutée en 1641, quel devait
être l’aspect pittoresque de cette réunion de bâtiments qui comprenaient, outre le
palais, deux églises et plusieurs oratoires, une armurerie ou salle des armures, une
bibliothèque, plusieurs écritoires ou cabinets de travail, une galerie de tableaux, une
tour pour les archives, une autre pour l’horlogerie, un jeu de paume, une lionnerie ou
ménagerie, une cour intérieure pour les tournois, deux jardins dont le plus grand,
celui des champs, communiquait avec la campagne au moyen d’un pont-levis.

Tel était le manoir féodal des ducs de Lorraine, qui paraît avoir eu une importance
analogue à celle de l’hôtel Saint-Paul de Paris.

Callot, dans sa gravure du Parterre de Nancy, nous fait connaître l’état du jardin
au xviie siècle, et, dans son Combat à la barrière, celui de la salle d’honneur où avaient
 
Annotationen