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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 9.1874

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Nr. 3
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Blanc, Charles: Grammaire des arts décoratifs pour faire suite à la grammaire des arts du dessin, [7]
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https://doi.org/10.11588/diglit.21838#0223

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212

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

liaient les dames et les damoiselles dans l’intérieur de leurs habitations
et souvent les princesses mêmes dans leurs palais.

Les reines avaient donné l’exemple. Isabelle en Espagne, Catherine
de Médicis en France, Catherine d’Aragon en Angleterre, sans parler de
Marie Stuart, pour qui le fil et la soie furent des compagnons de capti-
vité, étaient des ouvrières habiles et très-diligentes qui enseignaient l’art
de l’aiguille aux jeunes filles de la cour. Il est même probable que la
dentelle fut inventée dans un de ces ateliers où les grandes dames pré-
paraient les triomphes de leur coquetterie et de leur élégance.

Au surplus, il n’y avait qu’un pas de la broderie à jour à la guipure,
qui fut la première dentelle, et comme les plus anciennes guipures et les
plus anciens modèles gravés nous sont venus de Venise, il est à croire crue
la dentelle fut une invention italienne. Ceux qui attribuent à ce genre
d’ouvrage une très-haute antiquité et une origine orientale n’ont pas
réfléchi que si les peuples de l’Orient, qui sont les plus anciens, avaient
fabriqué la dentelle plusieurs siècles avant qu’elle fût connue en Europe,
il serait bien étrange qu’ils eussent cessé d’en faire du jour où ils nous
auraient communiqué leur secret, alors surtout que ces peuples ont si
fidèlement conservé, depuis les commencements de l’histoire, leurs idées,
leurs coutumes, leurs costumes et leurs industries.

Quoi qu’il en soit et sans nous arrêter à une question qui n’est pas pré-
cisément de notre domaine, nous avons à étudier ici la dentelle comme
élément décoratif.

Ce qui distingue essentiellement la broderie de la dentelle, c’est que
la première se superpose à un fond préexistant, tandis que la seconde se
fabrique avec son fond et ne demande aucun tissu préalable.

On entend par dentelle un ouvrage fait à l’aiguille ou aux fuseaux sur
un fond régulier appelé réseau ou treille, et l’on est convenu d’appeler
guipure tout ouvrage du même genre dont le dessin se détache sur un
fond irrégulier. Ainsi, c’est, dans le fond que réside la principale diffé-
rence entre la guipure et la dentelle. Celle-ci est conçue pour se détacher
sur un réseau dont elle sera inséparable ; celle-là, au contraire, est ima-
ginée et exécutée indépendamment de tout fond. L’ouvrière, après avoir
terminé son travail, sa fleur, en réunit les motifs par des liens iné-
gaux qu’on appelle brides. La bride, dans la dentelle à l’aiguille, est un
composé de deux ou trois fds festonnés, c’est-à-dire réunis par un point
de feston ou de boutonnière, et, malgré sa ténuité apparente, elle forme
une attache très-solide. Dans la guipure aux fuseaux, 1a. bride est une
tresse de quatre fils.
 
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