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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 9.1874

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Nr. 4
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Delaborde, Henri: Peinture murales exécutées dans la salle à manger d'un hotel à Paris par Henri Lehmann: [Rezension]
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https://doi.org/10.11588/diglit.21838#0319

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306

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

l’éminent artiste. Elles ont donc, entre autres mérites, celui de traduire
desinspirations indépendantes de tout programme officiel et de nous ini-
tier aux prédilections intimes, aux coutumes domestiques en quelque
sorte d’un talent dont les productions publiques revêtent d’ordinaire des
formes et un caractère plus solennels. On sait avec quelle science dans
l’exécution, avec quelle élévation dans le style, M. Lehmann s’est acquitté
de quelques-unes des plus vastes tâches imposées de notre temps en
France à la peinture monumentale. Depuis la décoration de l’abside de
«la chapelle à l’Institution des jeunes aveugles jusqu’aux deux hémicycles
qui terminent, à chaque extrémité, l’ancienne salle du Trône, au palais
du Luxembourg, depuis les peintures aujourd’hui détruites de la galerie
des Fêtes, à l’IIôtel de ville, jusqu’à celles qui décoraient naguère le pla-
fond de la salle des Assises, au Palais de justice, et qui, elles aussi, ont
été anéanties dans une heure à jamais honteuse, le nombre est grand et
le mérite considérable des travaux accomplis par M. Lehmann pour l’or-
nement de nos édifices publics. Tout récemment encore, une peinture
destinée à l’École de Droit sur ce sujet : le Droit prime la Force venait
attester une fois de plus ce qu’il y a dans son imagination comme dans sa
manière de dignité sans faste et de fermeté sans roideur. Enfin est-il
besoin de rappeler les preuves si souvent et si bien faites par M. Leh-
mann comme peintre de portraits? La place que lui assurent ses œuvres
est au moins une des premières, sinon la première, parmi les portrai-
tistes contemporains, et, — pour ne citer que quelques-unes des toiles
exposées par lui aux divers salons, — les portraits de Yabbé Gabriel et
de Y Archevêque de Paris, de M. Dumon et de Y amiral Jaurès, de M. Pel-
letier et de M. le comte de Gramont, attestent , sans parler des portraits
de femmes, l’habileté singulière avec laquelle l’ancien élève d’Ingres sait,
en face de la nature, concilier le souvenir des leçons de son illustre
maître et le respect de son propre sentiment. On peut dire en général du
talent de M. Lehmann qu’il procède à la fois d’une sincérité assez scru-
puleuse pour ne rien omettre des vérités utiles et d’un goût assez bien
muni pour se préserver des vulgaires tentations.

Nous 11e prétendons pas d’ailleurs caractériser ici les inclinations et
les doctrines d’un peintre dont les œuvres représentent ouvertement,
Dieu merci, l’esprit de résistance à l’envahissement du joli dans le
domaine de l’art aussi bien qu’un louable mépris pour l’esthétique néga-
tive de ceux qui ne demandent pas à la matière de penser ou de faire
penser, qui ne lui demandent que d’être. Tout essai de démonstration en
ce sens serait certainement superflu. Ce que nous voulons dire seule-
ment c’est que, sans rien démentir du passé, sans trahir chez l’artiste
 
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