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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 9.1874

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Nr. 4
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Mantz, Paul: La galerie de M. Suermondt, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.21838#0401

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386

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

la Vue d’un pays plat. C’est un Rembrandt mélancolique, une libre inter-
prétation de la campagne hollandaise. Des terrains aux accidents variés
mais tranquilles occupent les premiers plans. Plus loin, une ville ou un
village avec les clochers de ses églises, une rivière, et puis l’horizon
immense, et les pâleurs d’un ciel presque sans nuage. Ce tableau, tout
plein d’une sérénité silencieuse et un peu voilée, nous a rappelé les grands
paysages de Rembrandt que nous avons vus à Manchester en 1857 et qui
sont restés dans notre souvenir comme une révélation nouvelle du talent
du maître. Ce que le noble artiste avait au fond de l’âme, il l’a dit dans tous
les langages ; il a exprimé sa pensée avec le pinceau du peintre comme avec
l’outil du graveur; mais c’est surtout dans le paysage qu’il a fait voir ses
mélancolies. J’en voudrais trouver une preuve au Louvre, et j’ai l’amer
regret de l’y chercher vainement. Hâtons, s’il se peut, l’heure où notre
musée apprendra à ceux qui l’ignorent que Rembrandt est un paysagiste
sans égal. ïl n’a besoin, pour nous émouvoir, ni des forêts, ni des mon-
tagnes, ni des figures humaines. Son génie est fait d’observation, de
silence et de rêve. Dans ses campagnes inhabitées, Rembrandt a la vision
de l’infini. Que lui faut-il pour nous donner un paysage sublime? Une
plaine, un ciel et de la tristesse.

PAUL MA NT Z.

(La mite prochainement.)
 
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