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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 9.1874

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Nr. 4
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Viardot, Louis: De la destruction des œuvres d'art
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https://doi.org/10.11588/diglit.21838#0415

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DE LA DESTRUCTION DES OEUVRES D’ART.

399

le peintre Carrey, élève de Lebrun, qui accompagnait le marquis de Nointel dans son
voyage en Orient, put dessiner toutes les parties du temple de Minerve, et ses dessins,
que nous possédons, qui furent gravés à Paris, sont là pour attester ce qu’étaient encore
à cette époque les œuvres, aujourd’hui si incomplètes et si mutilées, de Phidias et
d’Alcamène.

Mais peu après, en 1687, les Vénitiens, commandés par Morosini, reprirent la Grèce
au sultan. Ayant appris que les Turcs cachaient leurs provisions de guerre dans le
temple de la Vierge athénienne, le général vénitien y fit jeter des bombes, et, dans la

nuit fatale du 26 septembre, une terrible explosion fit sauter la cella et coupa en deux le
Parthénon. Puis, lorsqu’un peu plus tard, Morosini fut obligé d’abandonner sa conquête
éphémère, il voulut en emporter à Venise les plus riches trophées. Mais l’enlèvement
des statues principales de l’un et l’autre frontons se fit avec tant de hâte et de mala-
dresse, qu’elles furent précipitées et brisées en morceaux. (Voir Léon de Laborde,
Athènes aux xve, xvie et xvne siècles.)

Ainsi périt misérablement, sous les coups d’un peuple civilisé, ce qu’avaient épar-
gné jusque-là les Turcs de Sélim et de Mahomet, les Vénitiens, les Aragonais, les
Croisés ignorants, les Byzantins iconoclastes, les Chrétiens fanatiques et les Romains
barbares.

On sait que lord Elgin, pendant son ambassade à Constantinople, de 1799 à '1807,

FRONTON ORIENTAL DU PARTHÉNON TEL Qu’lL ÉTAIT EN 1674.

mettant à profit la faiblesse du sultan Sélim IIT, dont il dirigeait la politique et les
actions, pilla sans façon, mais non sans excuse, les temples de la Grèce, et prit au Par-
thénon ce,qui lui restait de décorations sculpturales. Attaqué par quelques vers du
Child-Harold, lord Elgin céda à l’Angleterre le produit do ses heureuses rapines, et
c’est alors que les marbres du Parthénon furent déposés dans celle des salles du
British Muséum qui porte le nom de leur ravisseur.

Une explication va faire comprendre toute la grandeur des pertes qu’il faut à jamais
déplorer.
 
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