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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 9.1874

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Nr. 5
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Duplessis, Georges: M. Édouard Detaille
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https://doi.org/10.11588/diglit.21838#0436

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

membres. Son éducation fut soignée. Son instruction fut celle d’un homme
qui doit et qui veut tenir dans la société un rang distingué. Avoir une
valeur personnelle, être quelque chose par lui-même, telle fut toujours
l’ambition du jeune artiste.

Des dispositions naturelles pour le dessin se manifestèrent de très-
bonne heure chez M. Détaillé ; ses cahiers de devoirs étaient couverts de
dessins à la plume, et plus d’une fois tel professeur qui confisquait le
croquis fait en classe omettait de le déchirer et le conservait pour lui. Les
militaires avaient particulièrement le don d’attirer M. Détaillé. Il aimait
le soldat, il suivait les exercices, il accompagnait les régiments en pro-
menade ; toutes les fois qu’il pouvait assister à une revue, il avait garde
d’y manquer; c’était là, dès sa plus tendre enfance, sa distraction favo-
rite. Lorsqu’il rentrait chez lui, il prenait un crayon, dessinait le soldat
qu’il avait rencontré, dont il avait dans ses moindres détails étudié T uni-
forme, surpris la démarche calme ou décidée, et coloriait ensuite ces
croquis qui charmaient sa famille et émerveillaient ses camarades. Pen-
dant une excursion qu’il fit au Havre dans son enfance, il passa une
demi-journée à tracer un petit dessin représentant des soldats s’embar-
quant sur un navire de l’Etat; aucun cordage, aucune vergue, n’étaient
omis ; chaque chose était à sa vraie place, et un officier de marine auquel
il en fit hommage déclarait à qui voulait l’entendre qu’un vieux matelot
n’aurait rien à reprendre à cet ouvrage d’un enfant.

Plus tard, lorsque M. Détaillé voulait amuser ses frères, il dessinait
à leur usage des petits soldats qu’il collait ensuite sur du carton ; chaque
arme était représentée dans ces régiments lilliputiens : l’infanterie, la
cavalerie, l’artillerie et l’état-major se trouvaient au complet; les uni-
formes, depuis celui du général jusqu’à ceux du tambour ou du trom-
pette, étaient dessinés avec une précision absolue, et en même temps
qu’il faisait servir ces croquis au divertissement de ses frères, il acquérait
pour lui-même une connaissance du soldat, une sûreté d’information sur
les moindres détails de l’uniforme qui lui furent dans la suite d’une
grande utilité.

A peine ses études classiques furent-elles terminées, que M. Détaillé
montra pour la peinture une vocation décisive ; ses parents se gardèrent
bien de contrarier ces dispositions non équivoques. M. Détaillé n’eut pas,
comme plusieurs de ses confrères, à lutter contre des projets caressés
de longue date dans sa famille. On n’avait songé pour lui ni à l’uni-
forme des élèves de l’École polytechnique, ni à la robe de l’avocat; on
le laissa libre de choisir la carrière qui lui convenait le mieux, de suivre
la voie vers laquelle il se sentait tout naturellement entraîné ; sa déter-
 
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