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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 9.1874

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Nr. 5
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Mantz, Paul: La galerie de M. Suermondt, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.21838#0455

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

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Les anciens biographes, qui ont écrit d’après des traditions orales ou
d’après des documents aujourd’hui perdus, affirment que Frans liais eut
pour maître Karel Van Mander. Pourquoi pas? Van Mander est venu
fonder à Harlem en 1583 une sorte d’académie, et il paraît y avoir vécu
jusqu’en 1604, époque à laquelle il se fixa à Amsterdam. Un tableau,
que possède M. Suermondt, prouve que Hais peut fort bien avoir été
l’élève de Van Mander.

Il s’agit du Trio joyeux, dont M. Unger vient de terminer la gravure
pour la prochaine livraison de son recueil, la Galerie Frans Hais. Le
sujet n’est pas des plus vertueux. Un homme d’un âge mûr, mais dont la
prunelle est encore fort animée, tient assise sur l’un de ses genoux une
très-jeune fille habillée comme les élégantes de la fin du règne de Henri IV,
corsage de soie à crevés, grande collerette empesée et montant à lahau-
teur de la coiffure. Le galant personnage paraît dire à l’innocente des
propos assez malséants, et le silence à la fois naïf et malicieux de son
sourire démontre qu’elle n’est pas sans les comprendre. Derrière ce groupe,
une autre jeune fille, vêtue aussi avec luxe, car elle a dans les cheveux
un rang de perles, agite au-dessus de la tête du vieil amoureux une
étrange couronne faite de saucisses et de boudins qui s’enroulent et
tournoient comme les classiques serpents des furies. Cette singulière
peinture doit dater de 1610 à 1615. C’est l’œuvre d’un débutant, déjà
fort, mais qui parle l’ancien langage. L’exécution est plus flamande que
hollandaise. On sait — bien que ses tableaux soient tout à fait rares — quel
était le procédé de Karel Van Mander, quelle fut aussi, avant le retour
de Rubens en 1609, la méthode de Martin de Vos, des Dreughel et autres
flamands du xvne siècle commencé. Pour les colorations, le sens de
l’harmonie leur échappe : le ton local est vif, l’ensemble est un peu
discordant. Ce défaut se retrouve dans le Trio joyeux. La peinture pré-
sente çà et là des duretés ; certains détails sont secs, mais l’expression
individuelle des figures est déjà poussée très-loin, et aux lèvres rieuses
des jeunes filles, aux fossettes qui se creusent dans leurs joues roses, aux
rondeurs du sein que la collerette ne songe pas à cacher, on devine
l’artiste qui modèlera à coup sûr et qui, dans les portraits qu’il médite,
saura, comme les vrais maîtres, exprimer la vie.

Frans Hais est tout à fait lui-même dans les œuvres dont il nous reste
à parler, le Jeune garçon rieur, le charmant petit portrait d’un cavalier
que M. Unger a gravé récemment, et qui porte au revers du panneau la
date 1625 ; enfin le Jeune garçon qui chante, large et saine peinture où
se lit le monogramme connu, F H, LF greffé sur le premier jambage de
l’H. C’est à propos de ce petit chanteur que Bürger a écrit les lignes sui-
 
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