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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 9.1874

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Nr. 5
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Sédille, Paul: Victor Baltard, architecte
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https://doi.org/10.11588/diglit.21838#0506

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Îi86

des Beaux-Arts comme il conviendrait encore de le faire aujourd’hui ; c’est-à-dire se
présentant à la fois comme élève architecte et comme peintre, élève de Lethière. On le
voit, les grandes traditions ne s’étaient pas tout à fait perdues, et Pierre Baltard esti-
mait qu’un artiste devait apprendre à traduire sa pensée aussi bien avec le pinceau du
peintre qu’avec le crayon de l’architecte: système fécond qu’il importerait de remettre
en usage, et qui, développant les facultés de dessinateur de Victor Baltard, le servit
grandement dans ses études, ultérieures en Italie.

Plus particulièrement entraîné vers l’architecture, le jeune artiste obtenait, en 1832,
le prix départemental et la grande médaille d’émulation; en 1833, à vingt-sept ans,
il remportait le grand prix sur un projet d’école militaire.

Il n’est pas inutile de dire ici, car tout s’enchaîne ici-bas, que, par ses efforts, par
sa persévérance, Victor Baltard obtenait, en même temps que le grand prix, une récom-
pense ambitionnée plus ardemment encore, le consentement de son père à son mariage.
Victor Baltard épousait la sœur d’un de ses camarades et devait trouver dans cette
union la force morale qui surmonte bien des obstacles.

En mars 1834, le jeune ménage partait pour Rome. L’Académie décidait peu de
temps après que dorénavant les pensionnaires seraient célibataires. Dans une lettre
adressée de Rome, le jeune mari, hors de cause cependant, s’éleva avec une mor-
dante ironie et une conviction honnête contre cette décision prise, disait-il, par
une majorité de vieux garçons.

Victor Baltard avait eu le prix la même année que le sculpteur Simart et que le musi-
cien Ambroise Thomas. Il retrouva à Rome Hippolyte Flandrin qui, lauréat de l’année
précédente, l’y avait devancé, et tous quatre bientôt, architecte, peintre, sculpteur et
musicien, portés l’un vers l’autre par une mutuelle sympathie et par une communauté
de sentiments et d’espérances, se lièrent d’une étroite amitié. Amitié féconde qui,
par un échange incessant de pensées et d’impressions, mettant en quelque sorte les dif-
férents modes expressifs de l’art en commun, fait pressentir un idéal unique et
donne cette sensation du beau suprême dont les différentes formes de l’art ne laissent
entrevoir chacune qu'un des aspects restreints.

Horace Vernet était encore à cette époque directeur à Rome. Certes, si ce chevale-
resque représentant d’un art essentiellement français sut donner aux réceptions de la
Villa Médicis un éclat dont il fut longtemps gardé le brillant souvenir, il n’est pas bien
certain qu’en ce temps-là les pensionnaires ne se soient pas sentis quelque peu
détournés d’un travail sérieux par cette continuelle attraction de la vie aimable et
facile. Mais Ingres était bientôt nommé directeur et arrivait à Rome en 1834. Il prit
aussitôt, et par son talent et par la fermeté de son caractère, un grand ascendant sur
les jeunes élèves de la Villa; on se remit au travail assidu, ardent, principe des divines
fièvres comme des douces jouissances, et l’on peut dire que sous son directorat grandit
toute une génération de glorieux artistes.

Ingres ne devait pas longtemps méconnaître les heureux dons de Victor Baltard. Il
lui témoigna bientôt plus qu’une amitié qui devait être entière et durable; il témoigna
à l’ami toute sa confiance d’artiste en le chargeant de composer, de dessiner, et même
d’ébaucher tout un fond d’architecture pour son tableau de la Strcitonice. Victor Bal-
tard se sentait suffisamment récompensé par un si grand honneur, mais le maître et
l’ami prétendit noblement vouloir faire échange de talent et offrit à la femme de son
jeune collaborateur le portrait qui est reproduit dans cette notice.

Parmi les nombreux travaux de Victor Baltard comme pensionnaire, il faut d’abord
 
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