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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 9.1874

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Nr. 6
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Jacquemart, Albert: Exposition en faveur de l'œuvre des Alsaciens et Lorrains demeurés français, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.21838#0575

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552

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

rapidement étendu le cercle de ses prosélytes, qu’elle avait principa-
lement pour apôtres les dames, aidées de leur dévouement et de leur
éloquence irrésistibles. Qu’on parcoure en effet la liste publiée en tête du
catalogue des peintures, et l’on verra combien ce que nous avançons est
vrai; et pour les objets d’art, la preuve ne devient-elle pas palpable?
Mine la baronne de Rothschild n’a-t-elle pas dépouillé ses châteaux de
Ferrières et de Boulogne ainsi que son hôtel de Paris pour garnir digne-
ment la salle réservée à sa famille? Mrae la baronne Salomon n’y apporte-
t-elle pas de merveilleuses armes? Plus loin s’étalent les tentures appar-
tenant à Mme la princesse de Beauvau; ici, c’est M,ne de Lafaulotte qui,
dans une petite vitrine, réunit une abondante moisson de petits chefs-
d’œuvre qui sembleraient provenir du palais d’une fée. Comment donc
les plus illustres collectionneurs ne se seraient-ils pas empressés à la
suite d’une telle phalange, secondée par le zèle de commissaires habile-
ment choisis?

Aussi, malgré quelques défauts d’organisation pratique et certaines
difficultés matérielles, l’ouverture a pu se faire au moment voulu et dans
des conditions de splendeur qu’il était difficile de prévoir ; et si la foule
s’est hâtée d’apporter le double tribut de son admiration et de sa géné-
rosité, l’élan des exposants s’est accru pour arriver jusqu’au délire. Les
derniers venus se disputent les places; les morceaux précieux s’accu-
mulent, les vitrines s’encombrent, et si quelques lacunes peuvent être
signalées, il faut les mettre sur le compte de l’exiguïté des espaces : le
palais serait double qu’on le meublerait sans peine aujourd’hui.

Naturellement l’esprit s’égare au milieu de ce scintillement; la
méthode, blessée par la dissémination des choses analogues, a quelque
peine à rétablir ses droits ; on cherche, on trouve, on retrouve encore, et
ce qu’on aimerait à comparer est séparé souvent par d’énormes distances
rendues infranchissables par les flots de visiteurs.

Il est donc bien difficile d’analyser cette merveilleuse réunion ; mais,
alors même qu’on cueillerait en passant et au hasard, les regards tom-
beraient toujours sur un objet digne d’être signalé et patronné par un
nom sympathique ou illustre.

Nous allons donc effleurer cette magnifique moisson, laissant à chacun
le soin de suppléer par ses observations personnelles à des lacunes for-
cées, et de compléter par l’intelligence et l’étude ce que les bornes de ce
travail ne permettent pas de développer.
 
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