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Le côté esthétique était délaissé, et c'est la
raison d'être, soit de la simple et vertueuse
ligne droite qui, avec le souvenir des styles
antiques, caractérise le goût des apôtres de
la Révolution ou des glorieux conquérants du
commencement du siècle; soit du style
informe ou plutôt de l'absence de style qui a
suivi et qui est l'indice de la fièvre d'affaires
qui a marqué la seconde moitié du siècle der-
nier.
Aujourd'hui, l'initiation s'est, accentuée;
les progrès énormes de la science mettant le
confort à la portée d'un grand nombre, on
veut trouver mieux que la satisfaction des
besoins simples, et l'on recherche l'art dans
un but de satisfac-
tion spirituelle.
Les styles connus
ont servi d'abord à
répondre à ce besoin.
Mais, peu à peu, il
semble qu'on com-
mence à vouloir dé-
gager un style nou-
veau, qui sera la
caractéristique de
notre époque.
La voie n'est pas
encore définitive-
ment trouvée, pen-
sons-nous. Elle ne
fait que se dessiner.
Rechercher le rap-
port philosophique
qui doit forcément
exister entre les
mœurs actuelles et
les lignes du style
nouveau, serait nous
faire sortir du cadre
de cet article. Pré-
voir ce que deviendra
ce style serait vou-
Colonne marbre et bronze ioo3.
loir prophétiser
(Voir prix page 94.) l'Histoire.
Nos prétentions sont plus modestes. Mais
nous sommes convaincus que plus la masse
populaire sera à même d'étudier l'art, et plus
celui-ci sera beau et grand. Non pas parce
que le bon goût viendra d'en bas plutôt que
d'en haut, mais parce que l'art n'est pas un
résultat d'éducation ou d'instruction, mais
parce qu'il est au contraire un don naturel
comme l'intelli-
gence. Et plus le
nombre sera grand
de ceux qui auront
à connaître l'art, et
plus grand sera le
nombre de chances
de voir se révéler
dans la foule les vo-
cations artistiques.
Comment arrive-
rons-nous à ce résul-
tat mieux qu'en mul-
tipliant les manifes-
tations d'art dans la
rue ?
Le mouvement est
commencé, il faut
chercher à l'accen-
tuer. Les architectes
ont compris tout
l'objet qui avait con-
sisté longtemps à
concevoir les façades
des maisons, dans
les villes, comme un
mur plat dans lequel
on faisait, à inter-
valles réguliers, des
r Colonne marbre et bronze 1004.
trous représentant (Voir prix page 94.)
les fenêtres. La petite moulure dont 011
entourait ces trous ne corrigeait pas l'effet
d'ensemble, désastreux, vu à distance.
Comme nous le disions plus haut, 011 réagit
contre cet égoïste utilitarisme. Car c'est de
l'égoïsme, en effet, que de réserver aux déco-
rations intérieures tous les soins.
Les espaces dans les villes doivent être
larges et les monuments grands en propor-
tion. Les façades seront variées et leurs lignes
attireront l'œil sans le fatiguer. Et c'est ici
que nous venons au but de notre article : il
y a dans l'architecture autre chose que la
ligne; il y a la couleur. N'est-ce pas dans le
doux polychromisme de la nature que nous
Le côté esthétique était délaissé, et c'est la
raison d'être, soit de la simple et vertueuse
ligne droite qui, avec le souvenir des styles
antiques, caractérise le goût des apôtres de
la Révolution ou des glorieux conquérants du
commencement du siècle; soit du style
informe ou plutôt de l'absence de style qui a
suivi et qui est l'indice de la fièvre d'affaires
qui a marqué la seconde moitié du siècle der-
nier.
Aujourd'hui, l'initiation s'est, accentuée;
les progrès énormes de la science mettant le
confort à la portée d'un grand nombre, on
veut trouver mieux que la satisfaction des
besoins simples, et l'on recherche l'art dans
un but de satisfac-
tion spirituelle.
Les styles connus
ont servi d'abord à
répondre à ce besoin.
Mais, peu à peu, il
semble qu'on com-
mence à vouloir dé-
gager un style nou-
veau, qui sera la
caractéristique de
notre époque.
La voie n'est pas
encore définitive-
ment trouvée, pen-
sons-nous. Elle ne
fait que se dessiner.
Rechercher le rap-
port philosophique
qui doit forcément
exister entre les
mœurs actuelles et
les lignes du style
nouveau, serait nous
faire sortir du cadre
de cet article. Pré-
voir ce que deviendra
ce style serait vou-
Colonne marbre et bronze ioo3.
loir prophétiser
(Voir prix page 94.) l'Histoire.
Nos prétentions sont plus modestes. Mais
nous sommes convaincus que plus la masse
populaire sera à même d'étudier l'art, et plus
celui-ci sera beau et grand. Non pas parce
que le bon goût viendra d'en bas plutôt que
d'en haut, mais parce que l'art n'est pas un
résultat d'éducation ou d'instruction, mais
parce qu'il est au contraire un don naturel
comme l'intelli-
gence. Et plus le
nombre sera grand
de ceux qui auront
à connaître l'art, et
plus grand sera le
nombre de chances
de voir se révéler
dans la foule les vo-
cations artistiques.
Comment arrive-
rons-nous à ce résul-
tat mieux qu'en mul-
tipliant les manifes-
tations d'art dans la
rue ?
Le mouvement est
commencé, il faut
chercher à l'accen-
tuer. Les architectes
ont compris tout
l'objet qui avait con-
sisté longtemps à
concevoir les façades
des maisons, dans
les villes, comme un
mur plat dans lequel
on faisait, à inter-
valles réguliers, des
r Colonne marbre et bronze 1004.
trous représentant (Voir prix page 94.)
les fenêtres. La petite moulure dont 011
entourait ces trous ne corrigeait pas l'effet
d'ensemble, désastreux, vu à distance.
Comme nous le disions plus haut, 011 réagit
contre cet égoïste utilitarisme. Car c'est de
l'égoïsme, en effet, que de réserver aux déco-
rations intérieures tous les soins.
Les espaces dans les villes doivent être
larges et les monuments grands en propor-
tion. Les façades seront variées et leurs lignes
attireront l'œil sans le fatiguer. Et c'est ici
que nous venons au but de notre article : il
y a dans l'architecture autre chose que la
ligne; il y a la couleur. N'est-ce pas dans le
doux polychromisme de la nature que nous